Fédération de Russie : Le peuple Mansi

Publié le 8 Mars 2018

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Peuple autochtone appartenant aux peuples ouraliens et vivant autour du fleuve Ob dans le district autonome de Khanty-Mansi, oblat de Tioumen.

Ce peuple est connu aussi sous le nom de Vogoul, Vogul (c’est leur nom dans la langue komi et khanty.

Population : 12.269 personnes

Autodésignation : maan’s’i, maan’s’i maaahum = peuple des Mansis ou être humain

Nom russe :  Мāньси / Мāньси мāхум

Langue : maan’s’i laytung, groupe ob-ougrien de la famille des langues finno-ougriennes.

Avec les Khanty et les langues hongroises ils forment le groupe ougrien. Les langues mansi et khanty forment le sous-groupe ob-ougrien.

Le khanty est la langue maternelle la plus proche du mansi.

Les langues mansi et khanty commencent à se ramifier dans les racines ob-ougriennes communes vers le 13e siècle.

La langue mansi compte de nombreux dialectes en raison de la vaste zone géographique : dialectes du nord, de l’est, de l’ouest et du sud.

Il y a des différences marquées entre les dialectes qui gênent la communication entre les locuteurs des différents dialectes.

De nombreux mots sont empruntés aux Komi (500 dans le dialecte du sud) et dans la langue russe.

Depuis les années 1930 le russe supplante le mansi.

Une première mention d’eux est faite e, 1396 dans les Chroniques russes, sous le nom de Voguls.

Des documents antérieurs datant de 1096 de G.Rogovich de Novgorod les citent sans les distinguer des Khanty.

Le terme mansi entre en usage dans les sources russes en 1785.

A partir des années 1920 ce nom devient commun en Union Soviétique.

Leur territoire était une vaste zone de 523.000 km2 avec une faible densité de population.

Les villages mansis étaient situés dans les vallées fluviales des rivières Konda, Lozva, Pelym, Sosva, Tavda allant des montagnes de l’Oural aux confins supérieurs de l’Ob.

 

De nos jours la population est stable mais on constate une diminution du nombre de locuteurs natifs.

La population de leur territoire a décuplé en 50 ans et au cours des 20 dernières années, jusqu’à plus d’un million de personnes se sont ajoutées au territoire ce qui pose un sérieux problème pour cette zone de toundra fragile et vulnérable. En parallèle à cette période le nombre de Mansis a diminué.

Par Н. Сорокин — Путешествие к вогулам, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40055491

Leurs ancêtres des peuples ob-ougriens habitaient les régions à l’ouest de l’Oural.

Au cours du 1er millénaire avant notre ère, ils migrent vers le cours moyen du fleuve Irtych et de là vers le bas de l’Ob où ils sont assimilés aux habitants locaux (Por dans les légendes).

Les tribus ob-ougriennes déplacées vers le nord-est se séparent des hongrois et vers le 13e siècle les Mansi et les Khanty se séparent à leur tour.

Les anciennes sociétés Mansi et Khanty se composaient de 2 phratries : mos et por.

Les familles mos (associées au nom de Mansi) considéraient le lièvre comme leur ancêtre.

L’animal-totem des Por-Mansi était un ours mâle.

Au cours des XIIIe et XVIIIe siècles , les tribus Khanty-Mansi se battent férocement sous la direction de chefs locaux contre les Tatars et les russes. Finalement ils seront vaincus.

Les Tatars n’interfèrent pas dans la structure de la société Mansi mais les campagnes militaires russes furent des conquêtes pour de nouvelles terres (Novgorod 1364, Moscou 1483 /1499, Yermak 1581).

Les Mansi attaquent les russes en 1581 sur les terres de Stoganoff et en 1582 à Cheryn.

Des soulèvements Mansi ont lieu jusqu’à ce siècle.

Ce sont toujours eux qui souffriront le plus. Les Khanty quand à eux se déplacent vers l’est.

Au 15e siècle aura lieu une tentative de christianisation des Mansi par l’évêque de Perm, Gerasim mais un raid des Mansi en 1455 tue l’évêque dans la forteresse moscovite de Vychegda.

En 1714/1722 , les Mansi sont baptisés à grande échelle par le moine Fyodos. La conversion n’est qu’une formalité car les cultes animistes et le chamaniste sont conservés jusqu’à nos jours.

A partir du 18e siècle, de plus en plus de marchands et d’officiels russes viennent en Sibérie occidentale. Des accords commerciaux déloyaux sont conclus. La population locale devient dépendante économiquement des nouveaux venus.

Au cours de la collectivisation, le pouvoir soviétique est introduit aux Mansi.

En 1930 est formé le district national autonome d’Ostyak-Vogul qui deviendra en 1940 le district national de Khanty-Mansi.

Quand les meilleurs pêcheurs et éleveurs de rennes sont exterminés, c’est le tour des chamanes et des coutumes populaires d’être persécutés.

 

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paysage au bord de l'Ob Par ValeryZatolochny, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=53771565

paysage au bord de l'Ob Par ValeryZatolochny, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=53771565

Par Scherer, Nabholz — Own collection, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=61387566

Dans les années 1960 c’est le début de l’exploitation de gisements de pétrole et de gaz dans la Sibérie occidentale ce qui entraîne une croissance industrielle, de nouvelles colonies, de nouvelles villes, un flux incontrôlé d’immigrants.

L’environnement est pollué, des accidents ont lieu ainsi que des déversements de pétrole.

En 1960, 6 millions d’hectares de pâturages sont détruits, 200.000 hectares d’eaux riches en poissons sont pollués.

Les troupeaux de rennes diminuent, la prise annuelle d’esturgeons (50 tonnes par famille) chute également.

La population du district de Khanty-Mansi subit une augmentation explosive de la population. La majorité des nouveaux arrivants ne s’intéresse qu’à l’argent gagné rapidement sur ses terres.

Le travail dans le Grand Nord était rentable, les travailleurs avaient des privilèges.

En 1990 l’état avait exporté plus de 20 milliards de dollars américains de pétrole et de gaz dont les habitants autochtones n’ont pas vu un seul cent.

L’assaut de l’industrie entraîne l’évacuation de force des Mansi et leur difficulté à s’adapter à un nouvel environnement.

Dans les années 1970 la russification intensive commence, 2/3 des enfants ne parle plus la langue maternelle.

Une attitude discriminatoire à l’égard des Mansi persiste.

Une partie d’entre eux choisit un cercle fermé dans leur environnement, avec leurs coutumes, leur langue traditionnelle une autre partie transforme l’attitude dérisoire des russes en auto-négation quittant leur patrie et essayant de vivre comme des russes ou parfois se suicidant

Dans les régions du sud, les tribus élevaient du bétail, cultivaient des terres.

Dans la taïga et la toundra ils vivaient de la chasse, de la pêche et de l’élevage de rennes.

Le poisson est encore bien présent dans les affluents de l’Ob et menacé par l’exploitation pétrolière. Les Mansi le consomment séché, cru et salé ou fumé ou bouilli.

Ils vivent parfois dans des tipis nommés les « tchoums » des tentes en peaux de rennes. Ce sont les femmes qui les montent en un quart d’heure. L’autre habitat est la maison en rondins dans lequel le feu brûle en permanence pour y maintenir la chaleur. Les rondins sont rembourrés avec de la mousse comme isolant.

 

Par Н. Сорокин — Путешествие к вогулам, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40055487

Source 

 Lois cadres fédérales pour les peuples numériquement faibles

Les peuples numériquement faibles de la fédération de Russie sont protégés par l’article 69 de la Constitution russe et trois lois-cadres fédérales :


1) sur la garantie des droits des peuples autochtones numériquement faibles de la Fédération de Russie (1999),


2) sur les principes généraux d’organisation des communautés (obshinas) des peuples autochtones numériquement faibles du Grand Nord, de Sibérie et de l’Extrême orient de la Fédération de Russie,


3) sur les territoires d’usage naturel et traditionnel des peuples autochtones numériquement faibles du Grand Nord, de Sibérie et de l’Extrême orient de la Fédération de Russie (2001).

Ces trois lois-cadres établissent les droits territoriaux et politiques des peuples autochtones et de leurs communautés. Cependant, la mise en œuvre de leurs buts et réglementations a été compliquée par les changements survenus dans la législation et les décisions du gouvernement concernant les ressources naturelles du Grand Nord.

En 1990, des militants autochtones, des intellectuels et des écrivains créèrent une organisation de protection – l’Association russe des peuples numériquement faibles du Grand Nord, de Sibérie et d’Extrême orient, RAIPON. Elle représente aujourd’hui 41 peuples autochtones de ces régions dont 40 sont officiellement reconnus et un en attente de l’être. La mission de RAIPON est de protéger leurs droits aux niveaux national et international.

Lors du vote d’adoption à l’Assemblée générale de l’ONU de la Déclaration des droits des peuples autochtones, la Russie s’est abstenue.

(Indigenous world , traduction GITPA)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Fédération de Russie, #Sibérie, #Peuples originaires, #Mansi

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