Fédération de Russie : Le peuple Koriak

Publié le 15 Mars 2018

Peuple autochtone du kraï du Kamchatka (ex Koriakie) dans l’ Extrême-Orient Russe, habitant dans le bassin de l’Anadyr.

C’est un peuple apparenté aux Tchouktches pour le mode de vie et le nomadisme, l’importance des rennes, par contre leur langue et leur apparence physique les rapprochent plus du peuple Itelmène.

Population 

Fédération de Russie : 8713 personnes

Ce peuple est le plus important en nombre dans le Kamchatka.

Autre orthographe du nom : koryak

Autodésignation : chavchu’ = éleveurs de rennes, ou riches en rennes : nom des tribus nomades éleveurs de rennes

Nom des tribus sédentaires : nymylan = résident

 

 

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Langue

Koriak du groupe tchouktche-kamtchadale des langues paléo-asiatiques. 3000 locuteurs

Il est supposé que leur langue, à la période préhistorique était liée aux langues amérindiennes.

Leurs ancêtres communs venaient certainement du continent asiatique d’où les ancêtres des amérindiens se sont dirigés vers  l’Amérique avant que le détroit de Béring ne soit refermé par les glaces.

Il y a 7 dialectes distincts, le plus parlé est le dialecte chav-chyvan

Dans la partie nord sont parlés les dialectes paren, kamen, itkana, apuka.

Dans le sud sont parlés les dialectes palana et karanga.

Chaque dialecte a ses caractères non observés ailleurs.

Jusque dans les années 1960, les langues alioutor et kerek ont été considérées comme des dialectes koriak.

Depuis les années 1930, le russe affecte de plus en plus la langue koriak.

Les médias, les administrations, la culture et l’idéologie russes ont conduit à la prédominance de la langue russe.

Les mariages mixtes dans les années 1960 ont conduit a la diminution de la langue koriak dans le cercle familial.

Ils sont mentionnés pour la première fois en 1577 par l’explorateur russe S.Krasheninnikov dans son livre de voyage.

Territoire

Par AlGaman, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=54704266

Il s'étend du nord-est de la Sibérie, la partie nord de la péninsule du Kamchatka et la partie continentale adjacente à la péninsule de Taigon, à la mer de Béring. Ce territoire avait une superficie de 301.500 km2.

C’est un territoire de toundra forestière et de toundra de zone climatique subarctique. Ce sont des terres montagneuses et volcaniques couvertes de toundra arctique. Les conifères se trouvent près des régions du sud et le long de la côte de la baie de Shelekova et de la mer d’Okhotsk. Les régions du nord du pays sont les plus froides, il y a peu d’arbustes mais cela suffit pour la migration des rennes.

La température moyenne en janvier est de -25° et en juillet de +12 °.

La zone d’itinérance traditionnelle des Koriak nomades étaient en été l’ouest de la chaîne centrale du Kamchatka jusqu’aux colonies des Itelmènes.

Ils vivent de nos jours dans le district autonome Koryak dans la région du Kamchatka.

Ils occupaient autrefois une zone plus vaste de l’Extrême Orient Russe, leurs frontières chevauchaient les régions de Nivkh dans le kraï de Khabarovsk jusqu’à l’arrivée des Evens qui les poussent dans leur région actuelle.

 

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Histoire

Chez les peuples autochtones du Kamchatka, les tribus côtières étaient considérées comme des descendants directs du peuple néolithique, par contre l’origine des éleveurs de rennes était plus obscure.

Pendant des siècles les Koriak ont élevé des rennes et sont allés pêcher, ont fait du commerce avec les Tchoutkches ou bien fait la guerre contre eux ainsi qu’avec les Itelmènes et les Evens.

Les premiers russes à contacter les Koriak sont les cosaques Deinyov et M.Stadukhin.

Après la construction de la forteresse d’Anadyr, la conquête des peuples du Kamchatka commence : campagne de Morezko 1690, campagne d’Atlasov 1697/1698.

Les Koriak se défendent courageusement et refusent de payer le tribut jusqu’à la fin du 18e siècle.

Les russes changent alors de façon de faire et commencent à pratiquer une politique de pots de vin, offrant aux chefs des cadeaux et de la vodka et la possibilité de conserver leur ancienne autorité s’ils aidaient à recueillir le tribut.

Les premières colonies russes sur le territoire Koriak s’implantent au 18e siècle, Penshino et Gishiga.

La colonisation se poursuit avec les missionnaires orthodoxes dont les effets sont plus fructueux avec les Koriak du sud qui commencent à adopter des noms russes.

Les commerçants russes deviennent actifs dans la région, échangent des objets en acier, des tissus, du sel, du thé, du tabac, de la poudre à canon. La vodka les aide à tromper les autochtones dans les transactions.

En 1769/1770, les épidémies de variole et la guerre avec les cosaques russes réduisent la population de 10 à 11.000 personnes en 1700 à 4800 en 1800.

1901 - By Vladimir Jochelson - http://www.koryaks.net/history.html, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11551706

Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=828169

En 1923 la domination russe est établie au Kamchatka ce qui apporte pour les autochtones un changement fondamental.

Le premier congrès des soviets a lieu au Kamchatka en 1930 et met en avant une préférence pour le commerce soviétique.

De nouvelles stations commerciales sont établies et en 1931 sous l’Union Soviétique, un district autonome Loryak est formé. Il fusionne en 2007 avec le kraï du Kamchatka. Les nouvelles règles créent de nouvelles relations économiques. Les chasseurs doivent s’adapter à l’économie planifiées et à une tarification d’état ne permettant que de maigres revenus.

Pendant la collectivisation, des coopératives et des artels sont créés.

Cela marque le début de la sédentarisation des Kkoriak en citoyens établis (en 1926, environ 55% des Koriak étaient des berges nomades).

Le système social koriak ne reconnaissant ni grade ni classes et accordant une importance au travail communautaire et à l’entraide, il leur est impossible de comprendre qu’au nom de la collectivisation, une partie de la communauté est proclamée Koulak et considérée comme un ennemi du peuple au même titre que les espions japonais ou américains.

60% des Koriak ont rejoint les coopératives et les artels en 1940 quand les fermes collectives voient le jour.

Leur mentalité subit des changements en raison de la propagande et des campagnes d’alphabétisation. On envoie leurs enfants dans des pensionnats ce qui les irrite.

En 1933 les écoliers koriak sont au nombre de 1543. A l’école ils doivent absorber la nouvelle idéologie et la langue russe.

Les traditions et culture indigènes, les pratiques religieuses et le chamanisme sont considérés avec suspicion par les soviétiques. Le régime veut apporter le confort de la vie moderne aux peuples autochtones, nomades : logement, éducation, appareils ménagers) mais cela signifie la perte de leur mode de vie ancestral.

De nombreuses colonies koriak vont être liquidées de force.

Les dégâts vont au-delà de la destruction de la culture koriak.

Génocide nucléaire

Les essais nucléaires atmosphériques des années 1950 et 1960 ont des conséquences catastrophiques sur eux.

La contamination radioactive a atteint les organes internes des Koriak via la chaîne alimentaire (du lichen au renne, de la viande à l’homme) et a perturbé leur système immunitaire.

Les os des éleveurs de rennes contiennent 20 fois plus de plomb et 100 fois plus de césium que les os de ceux qui ne consomment pas de renne.

Au cours des 30 dernières années, les cas de tuberculose, d’hypertension artérielle, les maladies pulmonaires chroniques, les cancers, explosent. L’incidence du cancer dépasse la moyenne jusqu’à 3 fois le taux de cancer du foie jusqu’à 10 fois.

Le taux de mortalité infantile est alarmant : 70/80 pour 1000 naissances.

La durée de vie moyenne des Koriak est inférieure à 50%.

Mode de vie

Les familles se regroupaient par 6 ou 7 pour former des bandes.

Le chef n’avait pas d’autorité prédominante et les groupes comptaient sur le consensus pour prendre des décisions.

Importance du renne

Leur vie tournait autour du renne, leur principale source alimentaire, qui leur servait de nourriture mais aussi pour confectionner des objets avec toutes les parties de son corps :

Matériaux de couture, vêtements, outils, armes.

La viande était rôtie et le sang, la moelle, le lait bus ou mangés crus.

Le foie, le cœur, les reins, la langue étaient des mets de choix, des friandises.

La pêche et les autres ressources complémentaires

Ils pêchaient des saumons et des poissons d’eau douce, récoltaient des baies, des racines, des plantes sauvages qui étaient nécessaires pour compléter leur alimentation  carnée car la viande de renne est pauvre en vitamines et en minéraux.

Ils produisaient du fromage, du beurre et du lait fermenté à partir du lait de renne.

Aujourd’hui, ils achètent de la nourriture transformée, du pain, des céréales, du poisson en conserve et vendent des rennes chaque année contre de l’argent.

Les vêtements

 

 

 

By Dons[?], T. S. - Collection G. & C. Franke, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22494377

Les vêtements autrefois étaient en peau de renne, aujourd’hui ils sont remplacés par des vêtements achetés.

Les hommes portaient des pantalons bouffants, une chemise en peau de phoque avec une capuche, des bottes et une casquette traditionnelle en peau de renne.

By Nationalmuseet - National Museum of Denmark from Denmark - Pels til kvinde fra korjaker i Østsibirien - Woman’s parka from Koryaks in eastern Siberia, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=54508291

By Nationalmuseet - National Museum of Denmark from Denmark - Tøj til kvinde fra korjaker i Østsibirien - Woman’s clothing from Koryaks in eastern Siberia, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=54508237

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Les femmes portaient les mêmes habits, mais la chemise était plus longue, allant jusqu’aux mollets. Aujourd’hui les femmes portent un chapeau et une jupe et la robe en peau de renne uniquement par temps froid.

Habitat

Ils vivaient dans des huttes de forme conique, la jajanga, ressemblant aux tipis des amérindiens, mais non verticale. Le cadre était couvert de peaux de rennes.

Certaines familles utilisaient le tchoum, d’autres vivaient dans des cabanes en rondins.

Les lits étaient en peaux de rennes, placés à l’est dans le kéta.

Les transports

 

By Rudolf Weber - http://digitallibrary.amnh.org/dspace/bitstream/2246/27/5/M10Pt01.pdf, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15195787

Ils se déplaçaient à dos de renne, en coupant leurs bois pour ne pas se blesser.

Les rennes étaient également équipés de harnais et attachés aux traîneaux pour transporter les gens et la marchandise.

Aujourd’hui ils utilisent les motoneiges bien plus souvent que les rennes.

Ils se servent également de raquettes de neige pour la neige profonde en attachant des tendons de rennes et des bandes de peau à une écorce de bouleau en forme de raquette de tennis, ou sur un cerceau de saule.

Les enfants apprennent très tôt à monter les rennes, conduire le traîneau et se servir des raquettes.

Certains Koriak étaient des marins qualifiés et pêchaient les baleines et les mammifères marins.

Croyances

 

femme shaman-By Vladimir Jochelson - http://digitallibrary.amnh.org/dspace/bitstream/2246/27/5/M10Pt01.pdf, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14744738 

Leurs croyances sont animistes avec la présence de Raven comme figure principale ainsi que le chamanisme.

La mythologie koriak est centrée autour du chaman surnaturel Big Raven (Quikil) le premier homme et le protecteur des Koriak.

Les mythes de Big Raven se retrouvent chez des peuples amérindiens d’Amérique du nord comme les Tlingit, les Haïdas, les Tsimshians et d’autres tribus athapascanes du nord-ouest du Pacifique.

Ecriture

En 1937, les Koriak sont contraints d’adopter l’écriture russe.

Les auteurs de Koriak les plus connus sont Karsai Kakkatyn, Lev Zhukov et Vladimir Koyanto.

Un décret gouvernemental de 1988 a prévu des mesures pour le développement économique et social des peuples du nord et des nouveaux manuels en koriak ont été publiés.

source 1 + wikipedia

Rédigé par caroleone

Publié dans #Fédération de Russie, #Peuples originaires, #Koriak

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