Argentine : La justice a décidé d'extrader Facundo Jones Huala vers le Chili

Publié le 6 Mars 2018

La Défense interjette un appel de la décision devant la Cour suprême.

Après que la sentence ait été connue, des incidents se sont produits. La police de la sécurité aéroportuaire et la police fédérale ont dispersé ceux qui attendaient le verdict avec des gaz lacrymogènes après que des pierres ont été projetées vers le tribunal. Il y aurait neuf détenus.

Par Adriana Meyer

Le tribunal fédéral de Bariloche a décidé que Facundo Jones Huala devait être extradé vers le Chili afin d'être jugé pour un incendie dans la ville de PisuPisue, fait pour lequel il se déclare étranger et innocent. Le juge fédéral Gustavo Villanueva a rejeté tous les arguments de la défense, qui interjettera l'appel du jugement devant la Cour suprême. ant que le plus haut tribunal le jugera, l'accusé restera en Argentine, à la prison d'Esquel.

"Le dialogue est terminé, l'extradition arrive, c'est pourquoi ils apportaient des drones, ils vont expulser la communauté qui a récupéré le territoire de Villa Mascardi, ils vont continuer à attaquer  Cushamen" avertissait après la résolution Jones Huala, qui décrivait la sentence comme une "décision politique", alors que certains manifestants lançaient des pierres contre siège du tribunal.

L'extradition du dirigeant mapuche avait été demandée par un tribunal chilien dans une affaire dans laquelle trois autres accusés avaient été imputés et une femme condamnée à quelques mois de prison pour dissimulation. Le premier procès d'extradition avait été annulé en 2016 par le juge fédéral Guido Otranto.

"La résolution qui vient d'être signée par Villanueva n'est pas définitive, donc Jones Huala restera dans la prison d'Esquel jusqu'à ce qu'elle soit définitive ou révoquée par la Cour", a déclaré Sonia Ivanoff à Página|12.

La décision a été communiquée par le juge qui est intervenu par vidéoconférence et Isabel Huala, la mère du lonko, a pris connaissance de la décision par l'intermédiaire de la station de radio ouverte installée devant le tribunal, ainsi que des autres manifestants. Pendant ce temps, des membres de la police de la sécurité aéroportuaire et de la police fédérale ont dispersé des gaz lacrymogènes dans l'attente de la décision, avec un solde provisoire de 15 détenus.

Le juge fédéral Gustavo Villanueva a retardé l'annonce de la sentence, prévue à 11 heures, invoquant le manque d'espace, et a justifié la lecture de la résolution par vidéoconférence, déclarant que, selon lui, le verdict n'était pas public. Ivanoff, pour sa part, avait anticipé que la procédure était "irrégulière" et se demandait si l'appel de la défense devait également être présenté à travers "un écran". 

Cette fois-ci, le lonko de Cushamen n'a pas été trasporté par hélicoptère comme jeudi dernier, et sa défense a appris les changements des plans quand il est arrivé au siège de la cour. En attendant, Jones Huala a averti que "les délits politiques ne sont pas extradables, et ils doivent prendre en charge le fait que je suis détenu en prison parce que je représente la voix de mon peuple."

"Nous ne générons pas de violence politique, ce qu'ils reconnaissent publiquement, même si la justice n'agit pas en conséquence. Ils nous traitent comme des criminels ordinaires", a dit Jones Huala à la radio La Retaguardia. "Ils doivent rendre hommage à leurs maîtres parce qu'ils sont lâches et menteurs. Pourquoi n'ont-ils pas dénoncé (Gonzalo) Cané et (Pablo) Noceti alors qu'ils disaient avoir été mis en place après la mort de Rafael Nahuel? Pourquoi n'ont-ils pas dénoncé le pouvoir politique s'ils savent bien qu'il est responsable de cette mort et de la disparition forcée de Santiago Maldonado?"demanda-t-il.

Le lonko a également averti que "s'ils m'envoient au Chili, je ferai le même scandale aux juges, procureurs et présidents des entreprises capitalistes. Je n'ai pas peur d'eux, mon peuple n'a pas peur d'eux, ce sont des procureurs anti-mapuche du Chili (...) Nous avons les audios que c'est une persécution, nous donnons notre vie pour le territoire."

Plus tard, Jones Huala a ajouté que "les personnes lésées ce sont nous, les Mapuche, les Tehuelche et tous les indigènes, non pas comme le procureur dit (...) ils ne font qu'attiser cette blessure et qui générera plus de colère dans les Mapuche, ils veulent nous traiter comme des criminels alors que nous sommes des combattants politiques et sociaux d'un peuple millénaire, avec une profonde conviction de notre esprit et de notre force".

La vérité est que Jones Huala a parlé en direct de prison et a été entendu à Milan et à Bilbao et aussi aux portes du tribunal, où le RNMA (Réseau National des Médias Alternatifs) a installé une station de radio ouverte." Ne vous laissez pas intimider par les puissants, les winka (les blancs), les capitalistes, le pouvoir judiciaire. Faites confiance à la force de vos ancêtres et de la nature, cette lutte est gagnée avant qu'elle ne commence,"était son message.

traduction  carolita d'un article paru dans Pagina12 le 5 mars 2018 : 

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