Maino' i, oiseau sacré des Mbya Guaranis

Publié le 27 Février 2018

Dans la cosmovision de ce peuple originaire, le Colibri bleu est le premier compagnon de Ñamandú, le Père Premier, puisqu'il a surgi avec lui des Ténèbres, c'est pourquoi ils sont de la même Éternité.

Grâce à une expérience de terrain dans le district de San Joaquin, département de Caaguazú (Paraguay) dans la communauté Mbyá Guaraní de Celano, j'ai recueilli des expressions spontanées de la sagesse originelle, avec la collaboration du chef de la communauté.

Il faut garder à l'esprit que le savoir indigène n'est pas une sorte de savoir du pourquoi ou des causes -comme le propose la science occidentale- ni une sorte de savoir disponible qui peut être stocké et séparé de la personne, mais il exige l'engagement de celui qui l'exerce, de telle sorte que dans la pensée indigène il y a une relation étroite entre le savoir et le rituel. Cela signifie qu'il y a un savoir traditionnel qui fait référence aux ancêtres.

Et c'est dans ce contexte que le colibri occupe une place prédominante dans la culture guarani, puisqu'il est la représentation même du Créateur, Ñamandú.

Maino' i, le premier oiseau de la cosmovision Mbyá guaraní

Le récit extensif du chef de la communauté - à son tour transmis par ses ancêtres - sur la légende de Maino' i (Colibri), décrit la création du monde,"Ayvu Rapyta", comme un processus de conscience du premier être divin qui, pas à pas, s'est développé à partir des ténèbres originelles. Déjà dans la première étape de la création, il se réfère à l'existence originelle de Maino' i, un oiseau sacré.

Selon l'ethnologue-anthropologue León Cadogan, cette première chanson de l'histoire de la création des Mbyá s'appelle Maino' i rekoy pykue // Les coutumes "primitives" du Colibrí.

Dans cette cosmovision, le Colibri bleu ou Maino' i est le premier compagnon de Ñamandú, (le père premier), puisqu'il a surgi avec lui des les ténèbres, de sorte qu'ils sont de la même éternité. Ils offrent et valorisent une entreprise sans temps.

Le Colibri ne meurt jamais, il est éternel, parce qu'il est le compagnon du Premier Père; Ñamandú (semblable à Dieu) au Paradis, comme il était quand il s'est levé avec lui dans l'obscurité, PytûYmâ (avant les Ténèbres).

Pour les Mbyá, déjà dans le ventre de la mère, le colibri les désigne et les bénit pour qu'ils soient les futurs leaders des hommes. (Maino ñande rovasa ava ruvicharã ñande chy ryépyvoi)

D'ailleurs, le Colibri est le collecteur d'âmes. Selon la vision du monde des Guaraní, l'apparition d'un colibri ou plus dans un jardin signifie qu'ils viennent dire que les âmes d'êtres déjà partis se portent bien, un concept qui traverse toute la culture paraguayenne.

Cette cosmovision, si riche en mythologie et en conceptions sacrées, souffre encore aujourd'hui de l’assujettissement territorial du à l'imposition de la monoculture du soja.

La réduction des forêts et de la faune a entraîné un changement radical de la vie nomade au modèle sédentaire actuel. Malgré cela, la communauté montre comment elle peut préserver ses traditions ancestrales, qui incluent une pratique écologique et un sens de la vie humaine.

traduction carolita d'un article paru dans Elorejiverde le 24 février 2018 : 

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