Etats-Unis : Le peuple Yup’ik de l’Alaska
Publié le 19 Février 2018
By Edward S. Curtis - Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C. 20540 USA, Curtis (Edward S.) Collection [1], Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10551966
Peuple autochtone des EU connu autrefois sous les noms d’Inuit Nunivak, esquimau de l’île St Laurent, esquimau de l’Alaska, esquimau de l’Alaska du sud, esquimau du sud-ouest de l’Alaska, esquimau de l’ouest de l’Alaska et avec les Alutiiq, les Yuit
Le territoire Yup’ik est situé dans le sud-ouest de l’Alaska entre la baie de Bristol et Nnorton sound y compris les îles Nunivak et du St Laurent
Leur autodésignation veut dire : « les vraies personnes »
Population : 34.000 personnes
Langue : yupik ou yup’ik central, alaskan yup’ik de la famille des langues eskaléoutes
De nombreuses familles ont conservé les moyens traditionnels de subsistance, surtout le saumon et le phoque.
Les Yup’ik du delta du Yukon-Kuskokwim vivaient sur un territoire de toundra subarctique avec une riche végétation et de nombreux cours d’eau. Beaucoup de bois flotté descendait des rivières au printemps.
Les Yupiit du centre de l’Alaska étaient le groupe le plus nombreux.
Les Yupik de l’île Nunivak étaient appelés Cup’ig.
Les Yupiks du village de Chevak étaient appelés Cup’ik.
Les voisins des Yup’ik étaient les Iñupiat au nord, les Alutiiq ou Sugpiaq au sud, les athapaskans à l’est (Holikachuk, Deg Hita’an, Koyukon et Dena’ina).
L’île de Nunivak est peuplée depuis au moins 150 avant JC. Les habitant s fabriquaient de la poterie et utilisaient des outils en pierre.
Nunivak mask By Edward S. Curtis - Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1936245
Le continent est habité depuis au moins 4000 ans avant JC avec une continuité culturelle depuis 300 avant JC.
Les contacts sont évités avec les non autochtones jusqu'à ce que des commerçants russes établissent des comptoirs commerciaux dans le territoire Yupik.
Au début du XIXe siècle les russes échangent des vêtements, des outils en métal, des perles contre des peaux de castor.les Yup’iks commencent à piéger le castor et consacrent moins de temps aux activités de subsistance devenant dépendants des comptoirs pour leur nourriture.
Les missionnaires orthodoxes suivent les commerçants russes et les Yup’iks acceptent assez rapidement le christianisme dans les années 1860.
Les Yup’ik de l’île St Laurent rencontrent des non autochtones dans les années 1850 et ceux du delta du Yukon vers la fin du XIXe siècle. Un millier de personnes, soit les deux tiers de la population totale de l’île de St Laurent décèdent en 1878 de la combinaison causes naturelles et forte consommation d’alcool. L’île Nunivak est isolée et les premiers contacts se font plus tard vers 1873/1874 à cause de la faible profondeur de la mer autour de l’île. Le premier poste de traite y est établi en 1920. Les missionnaires et les écoles s’installent en 1930. Diverses épidémies ont lieu au début et au milieu du XXe siècle.
La vente de l’Alaska aux EU change peu de choses dans la vie des autochtones jusqu’à ce que commencent les pêches commerciales dans la baie de Bristol en 1880.
En 1885 apparaissent les missionnaires moraves sur la rivière Kuskokwim et d’autres sectes les suivent. Ils interdisent aux enfants dans les écoles de parler leur langue maternelle et de porter leurs vêtements traditionnels dans une volonté du gouvernement de saper le mode de vie traditionnel. Le gouvernement introduit même le renne dans la région vers 1900.
L’économie monétaire à la fin du XIXe siècle et le début du XXxe siècle vient de la pêche commerciale, la chasse au renard pour la fourrure, la fabrication de fanons et d’objets en ivoire sculpté.
Après la seconde guerre mondiale le peuple s’incorpore sous l’indian reorganization act ou IRA, c’est le Bureau des Affaires Indiennes, BIA qui gère le troupeau de rennes.
ile Nunivak Par U.S. Fish and Wildlife Service, photographer not listed — U.S. Fish and Wildlife Service, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10068411
Mode de vie
En été les familles se réunissaient dans des camps de pêche et elles se regroupaient en hiver dans des villages plus permanents.
qasgiq By not indicated - http://www.old-picture.com/american-adventure/Alaskan-Eskimos-winter-their.htm (picture labeled "Alaskan-Eskimos-001.jpg" there), Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1650552
Les villages comprenaient des maisons pour les hommes, le qasgiq où se déroulaient des cérémonies, des festivals (chants, danses, traditions orales). Le qasgiq était surtout utilisé l’hiver qui était un moment où les familles avaient du temps pour ces activités n’étant pas occupées à rechercher leur alimentation. Les hommes et les garçons de plus de 5 ans y dormaient, les jeunes étant formés par les aînés par la tradition orale. On leur apprenait les techniques de survie et de chasse, à fabriquer des kayaks, des outils, de l’artisanat. Le qasgiq était une maison semi-enterrée en bois flotté isolé avec de l’humus.
Il y avait aussi une maison des femmes, l’ena qui était souvent voisine et parfois selon les endroits pouvait être reliée à la maison des hommes par un tunnel. Les femmes apprenaient aux jeunes filles la couture, la cuisine et le tissage.
Les garçons restaient avec leurs mères jusqu’à l’âge de 5 ans. Tous les hivers pendant 3 à 6 semaines les garçons et les filles commutaient et des hommes apprenaient alors aux filles les techniques de survie et de chasse et les femmes apprenaient aux garçons à coudre et à cuisiner.
Les arts
Kenówun- Nunivak- Curtis- L'anneau de nez et le labret de perles sont typiques
Les femmes fabriquaient les vêtements en peaux de mammifères marins et terrestres cousues avec des aiguilles d’os d’animaux, de l’ivoire de morse, des fils en tendons. Les femmes avaient un couteau semi-lunaire pour traiter les peaux, les vêtements de caribou et de renne domestique, les peaux de phoque.
Les hommes fabriquaient des masques cérémoniels qui allaient du masque de doigt aux grands masques nécessitant plusieurs porteurs. Les masques étaient créés pour des occasions précises après le rêve d’un chaman. Il fallait que l’esprit soit apparu pour qu’ensuite on puisse le matérialiser. Le chaman le fabriquait lui-même ou donnait ses consignes à un sculpteur. Chaque masque était unique, il fallait, depuis la récolte du bois, se conformer à des règles précises pour respecter le yua. Après les cérémonies les masques étaient brûlés ce qui explique à présent leur rareté.
Religion /festivités
shaman yupik By Carpenter, Frank G. (Frank George), 1855-1924, photographer, collector. - Library of Congress [1]. Forms part of the Frank and Frances Carpenter Collection. Gift; Mrs. W. Chapin Huntington; 1951., Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1920857
Il y avait une croyance et une pratique religieuse basées sur la conception d’entités spirituelles trouvées dans la nature et devant être traitées avec respect. Les rituels étaient axés sur cette croyance comme celle du respect envers les animaux tués. Les chamanes, hommes ou femmes avaient le leadership religieux car ils étaient en lien avec les esprits gardiens. Ils guérissaient les maladies et voyaient l’avenir.
La fête du messager était une grande cérémonie avec des danses, des échanges de cadeaux entre deux villages.
Les habitants de l’île St Laurent tenaient une cérémonie de chasse à la baleine au printemps quand l’équipage revenait, la femme du propriétaire de l’umiak offrait à la baleine un verre d’eau en guise de respect. Puis une autre fête suivait pour la remercier.
La saison des fêtes Yup’ik de la mer de Béring avait lieu en hiver et au début du printemps. Les fêtes incorporaient les masques et les danses spirituelles.
La fête de la vessie est une autre cérémonie importante consacrée au respect des animaux dont les phoques. Cette cérémonie souliganit la division sexuelle rituelle de la société.
Organisation sociale
Nunivak children Curtis- La règle veut que les enfants du groupe Nunivak, tout comme les adultes aient une bonne santé. Ils sont exceptionnellement heureux car ils ont été peu affectés par le contact avec la civilisation (ceci étant des notes de Curtis au moment où il les a rencontrés) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Edward_S._Curtis_Collection_People_009.jpg
L’organisation sociale était basée sur la famille nucléaire organisé en familles élargies ou groupes locaux basés sur les lieux géographiques. Sur le continent il y a eu jusqu’à 7 groupes ou bandes fluides :
Du nord au sud : Kuigpagmiut, Maarmiut, Kayaligmiut, Kukquvagmiut, Kiatagmiut, Tuyuryarmiut, Aglurmiut.
La descendance était bilatérale sauf chez les Yup’ik de l’île St Laurent où elle était patrilinéaire.
Les hommes pouvaient avoir plus d’une femme mais en général ils n’en avaient qu’une. Le divorce était relativement aisé. Les échanges d’épouses faisaient partie de certains partenariats masculins définis.
La parenté était linéaire, bilatérale et l’unité sociale de base composée de 2 à 4 générations y compris les parents, la progéniture et les parents des parents.
Ressources
Les Yup’ik étaient avant la conquête des chasseurs/pêcheurs/cueilleurs semi-nomades. Leur zone d’habitat représentait un tiers de la superficie de l’Alaska, leurs terres situées dans 5 des 32 écorégions de l’Alaska.
Selon les saisons et les zones géographiques des groupes les ressources variaient et l’on retrouvait :
Le saumon royal, le saumon rouge et le saumon argenté, le corégone, l’éperlan, le brochet et d’autres poissons de rivière, gibier chassé : orignal, caribou, ours brun, phoque commun, phoque barbu, phoque annelé, lion de mer, porc-épic, lièvre et lapin, gibier piégé : castor, loutres de rivière, renard roux, écureuil parky et autres, chasse au canard, aux oies, lagopèdes, œufs d’oiseaux, collecte de palourdes et de moules, cueillette de baies et d’herbes.
Transport
Noatak kaiaks- Ces embracations recouvertes de peau, d'une efficacité et d'une légèreté merveilleuses, sont de la première importance pour les Yup'iks. La manière dont leurs propriétaires les manoeuvrent, y compris dans les eaux agitées est également remarquable.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Noatak-Alaska01.jpg
Leurs moyens de transport comprenaient le traîneau à chiens, le kayak et l’umiak pour la chasse en mer de Béring et dans les détroits.
De nos jours
Actuellement les deux grands problèmes que rencontrent les Yup’iks concernent l’eau et les eaux usées en raison d’une population croissante et d’un manque d’infrastructures adaptées. L’eau des rivières n’est pas potable à cause de la pollution. Les puits doivent être forés et les lagunes d’égouts construites. Un quart des résidents d’Alaska vivent sans eau courante et utilisent des seaux en plastique comme toilettes (appelés avec humour seaux à miel).
Les entités tribales autochtones Yup’ik sont reconnues par le Bureau des Affaires Indiennes BIA des EU.
Les sociétés régionales indigènes d’Alaska ont été établies en 1971 quand le congrès des EU a voté l’Alaska Native Claims Settlement act ANCSA, les entités sont Calista corporation, Béring straits, Native corporation, région de Cook inlet incorporée, Doyon d’Alaska péninsule corporation.
L’économie provient de la pêche commerciale et dans la région de Bristol bay les activités traditionnelles de subsistance sont encore très présentes.
Le piégeage de rat musqué et de vison dans la région du delta de Kuskokwim, l’artisanat traditionnel qui est une industrie importante sur l’île Nunivak.
Les Yup’iks dépendent aussi des paiements du gouvernement, du tourisme (surtout dans la région de la baie de Nuchagak).
L’île Nunivak est un refuge national pour la faune dans lequel les résidents peuvent mener leurs activités traditionnelles.
source 1+ wikipedia