Etats-Unis : Le peuple Alutiiq
Publié le 21 Février 2018
By Christopher Mertl - http://www.fhwa.dot.gov/byways/photos/59191, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=689104
Peuple autochtone des EU vivant en Alaska qui est un peuple maritime qui était connu sous les noms d’Esquimaux du Pacifique, de Yup’ik du Pacifique, d’Inuits de l’Alaska du sud, de Yuit (avec les Yyup’iks), ou d’Aléoutes (nom qui prête à confusion avec le peuple Aléoute des îles aléoutiennes).
Leur nom veut dire « esquimau du Pacifique », le pluriel est alutiit.
L’autodésignation est sugpiaq (personne réelle)
Il y a 3 sous-groupes traditionnels
Chugachmiut (détroit du Prince William)
Unagkurmiut (péninsule inférieure du Kenai)
Qikertarmiut ou Konagmiut (île de Kodiak)
Ils vivaient et vivent encore le long de la côte sud de l’Alaska entre Prince William sound et Bristol bay, sur l’île Kodiak qui était l’endroit le plus peuplé au nord du Mexique
Population : 5000 personnes
Langue : sugcestun ou suk, dialecte de la branche yup’ik du Pacifique de la famille des langues eskaléoutes. Cette langue est considérée comme en situation critique.
Histoire
Ils vivent sur leur territoire historique depuis au moins 2000 ans et jusqu’à 7000 ans (supposé).
Le premier européen à fréquenter les eaux territoriales est en 1741 Vitus Béring qui ne rencontre alors personne.
Les premiers contacts ont lieu en 1760/1770 et les Alutiiq opposent une résistance à cette intrusion.
artefacts ile kodiak By Unknown - Urey Lisiansky's A Voyage Round the World in the Years 1803, 4, 5, & 6; University of Washington Libraries: http://content.lib.washington.edu/cgi-bin/htmlview.exe?CISOROOT=/loc&CISOPTR=2146, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3676036
Les premiers établissements russes s’établissent en 1784 sur l’île de Kodiak. A cette période les marins britanniques et espagnols avaient déjà visité la région. Les russes gardent en otage les enfants des Alutiiq et forcent les indigènes à chasser les loutres de mer pour leurs peaux et à travailler pour eux. Les maladies, l’oppression générale, déciment rapidement la population. De plus ils sont vite acculturés à cause de la religion et des coutumes russes. Quand les EU prennent le contrôle politique de l’Alaska en 1867 une autre poussée d’acculturation se met en place dans un autre sens. Les enfants autochtones sont envoyés dans les pensionnats des missions et du BIA où ils sont contraints sous peine de punitions de s’adapter au modèle américain, abandonnant leur langue et leurs traditions.
Le massacre d’Awa’uq
Chelikhov s'installe sur l'île de Kodiak Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=609449
Ce massacre appelé aussi le Wounded Knee d’Alaska se déroule le 14 août 1784 quand le marchand russe Grigori Chelikhov et 130 promychlenneki locaux massacrent 2 à 3000 Alutiiq de la tribu Qik’rtarmiut Sugpiat (dont de nombreuses femmes et enfants) alors que les russes s’engagent dans la traite de fourrure maritime. Après cela les promychlenneki russes sont encouragés à prendre femme parmi les indigènes et peu après le massacre, l’île est sous le contrôle des russes et de la compagnie Russe des Amériques. Chelikhov prend en otage les enfants des responsables indigènes pour contrôler et le peuple et l’île qui devient la première colonie russe du continent américain.
Kodiak est la terre ancestrale des Koniaga ou Qik’rtarmiut sugpiat de la nation Alutiiq.
Les conserveries et la pêche commerciale dominent la région à partir de la fin du XIXe siècle.
Un tremblement de terre dévastateur et un tsunami ont lieu en 1964 détruisant plusieurs villages Alutiiq.
En 1971 la loi sur le règlement des revendications autochtones de l’Alaska ANCSA a une grande influence sur la population. La loi établit 12 zones culturelles formelles dont 3 sont dans le territoire Alutiiq.
En 1989 l’Exxon Valdez s’échoue et déverse près de 11 millions de gallions de pétrile brut sur le territoire Alutiiq entrainant une perte considérable de la vie même.
Mode de vie
Woman of Kodiak Island Pannioiak, baptized Pelageia” by Mikhail Tikhanov. An Alutiiq woman from Karluk on the southwest end of Kodiak Island, painted by artist Mikhail Tikhanov during a Russian scientific expedition in 1818. Courtesy of the Scientific Research Museum of the Russian Academy of Art
Religion
Ils reconnaissent plusieurs divinités principales et de nombreux êtres surnaturels. Le succès à la chasse dépend de la relation positive avec les esprits des animaux sauvages. Les esprits humains se réincarnent à travers la naissance et la dénomination. Le contact avec le surnaturel se fait par le biais de transes, de masques et de poupées. Il y a de nombreuses danses, de rituels, de cérémonies représentées par des masques, des chants qui ont lieu au début de l’hiver.
Une cérémonie particulière comprend un festin commémoratif, un rituel destiné à augmenter la population animale.
Le festin des messagers était une sorte de potlatch entre deux villages liés, la sélection des chefs, les évènements du cycle de la vie, la préparation de la chasse à la baleine étaient d’autres occasions de festivités.
Dans l’île de Kodiak les hommes sages étaient responsables de la plupart des fêtes religieuses mais un chef de danse dirigeait les cérémonies et instruisait les enfants dans les danses.
Les chamanes étaient des hommes ou des femmes, ils prévoyaient le temps et guérissaient les maladies.
Les berdaches étaient aussi souvent des chamanes.
Les femmes agissaient comme guérisseuses grâce aux saignées et aux remèdes à base de plantes.
Organisation sociale
Il n’y avait pas de gouvernement central pourtant il existait 50 villages ou groupes locaux. Les décisions importantes étaient prises par consensus par un conseil. Les chefs de villages étaient choisis sur la base du mérite mais il existait néanmoins une composante héréditaire. En donnant des cadeaux et des conseils les chefs acquéraient du respect et pouvaient conserver leur poste. Les responsabilités du chef étaient de mener la guerre, de guider les activités de subsistance. A partir du XIXe siècle les chefs (toyuq) et les sous-chefs (sukashiq) sont nommés par consensus des anciens.
ile Kodiak By U.S. Fish and Wildlife Service - images.fws.gov (image description page), Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3550849
Kodiak Islanders Mikhail Tikhanov, 1818. Watercolor. Courtesy of the Scientific Research Museum of the Russian Academy of Arts
La descendance était faiblement matrilinéaire, les femmes avaient souvent un statut élevé mais elles ne participaient pas aux structures gouvernementales (conseil). La société était divisée en classes : les nobles, les roturiers et les esclaves qui étaient acquis par le commerce ou la guerre (chez les Chugach et les Koniag).
Les femmes étaient isolées durant leurs règles et à la naissance et la mort des enfants. Les mentons des femmes étaient tatoués à la puberté.
Des travestis masculins (berdaches) remplissaient aussi le rôle de femme à vie. Certaines filles ont été élevées en tant que garçons et ont joué des rôles masculins.
La femme pouvait avoir 2 maris, le second avec un statut très bas, les hommes pouvaient avoir plusieurs femmes. Cela dépendait souvent de la capacité du chasseur à nourrir des personnes en plus. Le divorce et le remariage étaient possibles.
Les têtes des bébés étaient aplaties dans le berceau certainement à des fins esthétiques.
Les enfants étaient élevés en douceur, sans châtiment corporel mais endurcis néanmoins de plongeons glacés.
Les cadavres étaient enveloppés dans des peaux de phoque ou de lion de mer dans une maison de la mort, spécialement conçue. Les personnes de statut élevé pouvaient être momifiées à leur mort. Les personnes en deuil noircissaient leur visage, coupaient leurs cheveux et se retiraient de la société.
Habitat
L’habitat était une maison semi-souterraine en planches, pelouse et au toit couvert de paille. Il n’y a avait qu’une seule pièce principale servant de cuisine et d’atelier. Les chambres étaient situées latéralement, chauffées par des pierres chaudes utilisées par les deux sexes pour des suées rituelles. La maison contenait une vingtaine de personnes, les villages d’hiver comptaient 10 maisons.
Ressources
viande en train de sécher Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=512655
L’aliment de base était le saumon et les poissons (hareng, flétan, morue, eulakane), les mammifères marins (baleines, marsouins, otaries, loutres de mer, phoques chassés avec des leurres et des appels), les oiseaux de mer, les crustacés, les algues des légumes verts, des mammifères terrestres (caribou, orignal, écureuil, chèvre de montagne, lièvre).
Artisanat
Ils fabriquaient des paniers en racines d’épinette tissés, ornés de broderie d’herbes et de fougères.
Les hommes confectionnaient des masques en bois qui servaient lors des cérémonies.
Le kayak avait 2 écoutilles était le moyen de transport principal.
La pirogue était utilisée et l’umiak pour la chasse à la baleine ainsi que le traîneau tiré par des chiens.
Les 5 villages situés sur la rive de la péninsule de l’Alaska :
Relevant de la Bristl bay corporation ;
Baie de Chignik, 103 résidents
Lagune de Chignik
Le chac ce Chignik
Ivanof bay
Perryville
D’autres villages sont Afognak, Akhiok, Karluk, Kayugok, la baie de Larsen, Ouzinkie, ile de Kodiak, port Graham, Tatitek.
Les activités de subsistance sont surtout liées à la pêche commerciale, les paiements de l’Alaska Native land fund.
Ils sont représentés par la Chugach Alaska corporation, la Koniag incorporation, la Bristol bay native corporation.
La plupart des villages ne sont accessibles que par voie aérienne ou maritime.
La plupart sont russes orthodoxes, les personnes âgées parlent le russe (avec l’anglais et l’aluttiq), l’influence russe est toujours présente.
source 1+ wikipedia