La CIDH accrédite le risque de Bettina Cruz pour son travail de défense des territoires indigènes au Mexique

Publié le 21 Janvier 2018

Universidad De Washington

La Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) a ordonné au Mexique de protéger immédiatement la vie et l'intégrité personnelle de Bettina Cruz et de sa famille. Des mesures de précaution ont été prises après l'établissement de la situation de risque découlant des travaux de défense des droits des peuples indigènes. Le peuple Zapotèque lutte sans relâche face à l'imposition du projet  Eólica del Sur à Juchitán sans leur consentement. Il était précédemment prévu de s'installer dans la ville de San Dionisio del Mar comme un consortium Mareña Renovables. Représentés par Bettina Cruz, les peuples zapotèques ont porté avec succès devant l'ONU et la Banque interaméricaine de développement des revendications sur le manque de respect et de garantie des droits de l'homme, à la fois par le gouvernement du Mexique et par les entreprises concernées.

"C'est à la fois un avertissement fort et une occasion pour l'État et le secteur privé de prendre enfin au sérieux le travail de défense territoriale indigène et de respecter leurs obligations internationales", a déclaré Alejandra Gonza, directrice de la Clinique des Droits Humains de l'Université de Washington, représentante de Bettina auprès des organisations internationales. Pendant des mois, les étudiants de la Clinique ont documenté le danger constant dans lequel vivent les communautés et le risque accru pour activer des mécanismes juridiques nationaux et internationaux pour défendre leur territoire face à l'Etat et aux entreprises.

La décision de la CIDH vient s'ajouter à la décision historique de la Cour suprême de justice du Mexique, rendue il y a quelques jours, d'exercer son pouvoir d'attraction pour entendre cette affaire. Les peuples indigènes représentés par Bettina Cruz, ont dénoncé devant la Haute Cour l'absence de consultation libre, préalable et informée dans la construction du projet Eólica del Sur. La Cour pourrait créer un précédent important pour la défense des droits des indigènes, déterminer le contenu des obligations des entreprises et des différents organismes gouvernementaux en matière de droits de l'homme et établir les normes relatives aux droits de l'homme auxquelles les projets de réforme énergétique doivent satisfaire.

En Oaxaca, il y a plus de 21 parcs éoliens en exploitation, dont l'installation a entraîné la dépossession de terres, l'altération des formes de subsistance, des coutumes et des croyances des communautés indigènes depuis les années 1990. Avec l'approbation d'une réforme énergétique au Mexique, la déclaration de Oaxaca comme zone économique spéciale et la militarisation de la région, l'État privilégie les projets énergétiques par rapport aux droits de l'homme.

Bettina Cruz a souligné que la défense de nos terres a été difficile. Chaque fois que nous présentons un recours national ou international, nos vies et celles de nos collectivités sont en danger. Chaque fois que nous gagnons, le risque augmente.

Et ce qui devient inacceptable, c'est que malgré des décisions claires sur le risque social et environnemental du projet et la violation du droit de consultation de nos communautés à différents moments par la Banque interaméricaine de développement (BID), les tribunaux locaux, les experts internationaux et l'affaire en suspens devant la Cour suprême, le gouvernement et les entreprises continuent à la développer sans honte.

Ricardo Lagunes Gasca, avocat des communautés au Mexique, a fait remarquer que dans le contexte de la violence, des menaces et des violations constantes des droits de l'homme dans l' Oaxaca, la CIDH est, face à l'inefficacité des autorités locales, le seul espoir de rendre visible la situation des défenseurs des droits de l'homme et des communautés qu'ielle représentent. Toutefois, il a noté que des actes d'intimidation ont déjà eu lieu. Après avoir obtenu ces résultats au niveau national et international, Rodrigo Peñaloza, mari de Bettina et membre de l'Assemblée des Peuples Indigènes de l'isthme pour la défense de la terre et du territoire, a dénoncé la présence de personnes lourdement armées autour de son domicile.

Selon la Rapporteuse spéciale de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, il y a toujours un manque inquiétant d'attention à la situation des défenseurs des droits de l'homme face aux entreprises en raison de l'impact négatif des projets de développement. Bien que les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme aient été approuvés par le Mexique, ils ne s'appliquent pas.

Les entreprises devraient faire preuve de diligence et, entre autres, consulter les défenseurs des droits de l'homme afin de rechercher des solutions de rechange raisonnables dans les cas où des difficultés sont apparues avec les parties susceptibles d'être touchées par des projets. En outre, elles doivent veiller à ce que les activités légitimes et pacifiques des défenseurs des droits de l'homme ne soient pas entravées.

De cette manière, l'État et les entreprises concernées doivent repenser leur manière de traiter avec les communautés indigènes, en respectant et en garantissant leurs droits humains et en prenant les mesures nécessaires pour prévenir des atteintes irréparables à leurs droits.

traduction carolita d'un article oaru dans Desinformémonos le 19 janvier 2018 : 

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