Panama : Menacés par la mer, les Guna de l'île Cangrejo (archipel de San Blas) se dirigent vers le continent
Publié le 26 Novembre 2017
La communauté Gardi Sugdub a décidé ce transfert avant que la mer ne finisse par l'immerger. C'est le premier peuple du monde à abandonner officiellement ses terres à cause du changement climatique.
Une nuit de cataclysme, raconte le célèbre mythe de Platon, les dieux ont envoyé un bataillon de feux et de tremblements de terre si intenses que le royaume utopique de l'Atlantide a sombré à jamais dans l'océan. La sublimation platonique, inspirée de la mythologie marine depuis plus de 2 300 ans, pourrait être le miroir d'autres avenirs submergés: Tuvalu, Iles Marshall, Maldives et Fidji, cette dernière présidant la dernièreConférence mondiale sur le climat de Bonn (COP 23).
Accompagnant le sort de ces États insulaires du Pacifique qui disparaissent en raison de l'élévation du niveau de la mer dans les Caraïbes, la petite communauté panaméenne de Gardi Sugdub, basée sur l'île Cangrejo, a convenu le mois dernier avec le gouvernement du Panama de déplacer ses habitants vers le continent.
"Grâce à des efforts intenses entamés en 2010, il a été décidé de déplacer sa population vers 300 maisons qui seront construites sur le continent pour 1500 personnes. Le gouvernement national disposait d'un budget de près de 10 millions de dollars pour ce déménagement parce que l'île rétrécit et que la population augmente", a déclaré à Deutsche Welle (DW) Anelio Merry, chef du Secrétariat à l'information et à la communication du Congrès national de Guna, l'organe directeur des communautés autochtones vivant dans l'archipel de San Blas, officiellement connu sous le nom de Guna Yala.
Les ressources sont épuisées
Cette région habitée par plus de 30.000 natifs de l'ethnie Guna (Kuna), un ensemble de 365 petites îles et îlots de paysages exubérants, a sa capitale à El Porvenir, une petite ville insulaire où coexistent agriculture de subsistance, pêche en bateau, production artisanale et tourisme.Ils arrivent tous les jours à leurs brèves pistes d'atterrissage pour emmener poissons, homards, crabes, calmars et poulpes dans les restaurants de la ville Panama. L'espace disponible est si éphémère que plusieurs îles de la région sont complètement urbanisées. L'équation est irréfutable: la population augmente, le territoire disparaît, les ressources s'épuisent et les insulaires, pour le pire, arrachent les récifs coralliens pour créer des digues naturelles afin de sauver leurs côtes.
"Au point où nous avons dû avancer nos assemblées d'un mois", explique Merry, qui ont eu lieu en novembre à cause de la menace de la marée et des vents violents. Dans la communauté de Hernando Lupi, située sur une île allongée, l'eau a commencé à pénétrer des deux côtés du territoire. A la fin des années 90, la communauté d'Ugupseni avait déjà proposé la nécessité de sa réinstallation sur le continent, un projet appelé "Ugupseni 2000", pensant que les habitants de cette île auraient déjà déménagé. Mais jusqu'au soleil d'aujourd'hui, ça n'est pas arrivé."
Réfugiés climatiques
Le cas de Gardi Sugdub est encore plus emblématique. Son minuscule territoire, capable d'être parcouru en quatre minutes de haut en bas, était le premier endroit au monde à appliquer la législation internationale liée aux soi-disant réfugiés climatiques. Une mission de Displacement Solutions (DS), basée à Genève (Suisse) et spécialisée dans les déplacements forcés de personnes, s'est rendue dans la région de Guna Yala en mars 2014 pour mettre en œuvre les "Principes de la péninsule sur les déplacements climatiques à l'intérieur des Etats", premier instrument juridique international de protection des droits des personnes déplacées climatiques reconnu par les Nations Unies.
L'analyse qui en a résulté, appelée "Rapport de mission" et publiée en août 2015, anticipait déjà la volonté de la population elle-même d'échapper au surpeuplement, à l'érosion des terres et à la disparition des terres agricoles. Cependant, l'organisation explique en citant les membres du Comité de la Barriada, une minorité de personnes âgées "ne veulent pas déménager (parce qu'ils ont vécu là toute leur vie et veulent y mourir".
Une future Atlantide ?
Le processus se déroulera, comme prévu, sur près de 20 hectares du continent, où la construction d'une grande école publique est également prévue, autre raison qui pousse les Gardi Sugdub à abandonner la terre de leurs ancêtres. Les gens commencent maintenant à prendre les changements climatiques au sérieux, mais même le ministère panaméen du Logement n'a pas pris au sérieux les informations scientifiques dont dispose la population pour comprendre comment l'élévation du niveau de la mer va sérieusement nous affecter dans 20 ou 30 ans.
Nombreux sont ceux qui, depuis des siècles, ont soulevé des théories sur l'emplacement exact de l'Atlantide: en Méditerranée, dans l'Atlantique, dans l'océan Indien. Mais ce n'est peut-être pas seulement la légende d'une ville engloutie, mais une prophétie avec une valeur autoaccomplie. Quand le dernier habitant de la isla Cangrejo quittera le site, dans un an ou deux, il aura fondé la première Atlantide moderne.
Par Maximiliano Monti
source
Deutsche Welle (DW)
http://m.dw.com/es/el-caribe-tambi%C3%A9n-se-hunde/a-41332429
Notes
Les Kuna ou guna sont un peuple originaire installé au Panama et en Colombie. Dans le premier de ces pays, l'archipel de San Blas (aujourd'hui Gunayala) et ses communautés sont connus dans le monde entier comme une destination touristique. Leur langue appartient à la famille des langues chibcha. Dans la langue Guna, ils s'appellent "dule" qui signifie "personne".L'ethnonyme Kuna ou Guna est écrit dans les deux sens, avec "g" ou "k", bien que selon les conventions linguistiques du peuple indigène son nom doit être écrit "gunadule", selon l'orthographe approuvée en 2010 par le Congrès Général de la Nation Gunadule, bien que sa prononciation soit maintenue comme elle l'a toujours été: sons "kuna tule" selon la phonétique de la langue espagnole.
traduction carolita d'un article paru sur le site Elorejiverde le 25/11/2017 :
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La comunidad Gardi Sugdub decidió este traslado antes de que el mar termine por sumergirla. Es el primer pueblo del mundo en abandonar oficialmente sus tierras por el cambio climático En una noch...
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