Monde autochtone 2017 : La Tunisie

Publié le 18 Novembre 2017

 

femme berbère Tunisie

Belkacem Lounes

Comme dans les autres pays du nord de l’Afrique, les Amazighs constituent la population autochtone de la Tunisie. Il n'y a aucune statistique officielle ni étude scientifique concernant le nombre d’Amazighs dans ce pays mais les associations de défense des droits des Amazighs estiment la population de langue amazighe (Tamazight) à environ 1 million de personnes, soit 10% de la population totale.

La Tunisie est le pays où les Amazighs ont le plus subi l’arabisation forcée. Cela explique le faible nombre d’amazighophones dans ce pays. Cependant, de très nombreux Tunisiens arabophones ayant perdu l’usage de la langue amazighe, s’estiment toujours Amazighs et non Arabes.

Les Amazighs de Tunisie sont dispersés dans toutes les régions du pays, de Azemour et Sejnane au nord à Tittawin (Tataouine) au sud en passant par El-Kef, Thala, Siliana, Gafsa, Gabès, Djerba, Matmata, Tozeur. Comme dans les autres pays du nord de l’Afrique, les Amazighs Tunisiens ont été nombreux à quitter leurs montagnes et déserts pour aller chercher du travail dans les grandes villes et à l’étranger.

Ainsi, les Amazighs sont très nombreux à Tunis où ils occupent de nombreux quartiers, notamment dans la Médina (vieille ville) de Tunis et vivent principalement de l’artisanat et du petit commerce. La population autochtone amazighe peut être distinguée par la langue (Tamazight), mais aussi par la culture (vêtements traditionnels, musique, cuisine, rite musulman Ibadite pratiqué par les Amazighs de Djerba ...).

Depuis la chute du régime de Ben-Ali en 2011, de nombreuses associations culturelles amazighes ont vu le jour, avec pour objectif de sensibiliser la population à la culture amazighe, de la faire reconnaitre par l’État et de la faire vivre.

Mais l’État tunisien ne reconnait pas l’existence de la composante amazighe du pays. Le Parlement tunisien a adopté en 2014 une nouvelle Constitution qui occulte totalement la dimension historique, humaine, culturelle et linguistique amazighe de ce pays. Dans son préambule, le texte constitutionnel fait référence aux sources de « l’identité arabe et musulmane » des Tunisiens et affirme l’appartenance de la Tunisie à la « culture et à la civilisation de la nation arabe et musulmane » et engage l’État à œuvrer au renforcement de « l’union maghrébine en tant qu’étape vers la réalisation de l’unité arabe... ».

L’article 1er de la Constitution réaffirme ensuite que « La Tunisie est un État libre, (…), l’Islam est sa religion, l’arabe sa langue » et l’article 5 confirme que « la République tunisienne fait partie du Maghreb arabe »2. Sur le plan international, la Tunisie a ratifié les principales normes internationales et a voté en faveur de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en 2007. Toutefois, les textes internationaux restent inconnus de la grande majorité des citoyens et des professionnels de la justice et non appliqués par les juridictions nationales.

 

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Thèmes qui y sont abordés :

Les Amazighs de Tunisie niés

 

Par Omar-toons — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=41122790

Rédigé par caroleone

Publié dans #Peuples originaires, #Tunisie

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