Canada : Peuples indigènes de la côte nord-ouest du Pacifique

Publié le 4 Décembre 2017

A Makah maiden- Par Edward Sheriff Curtis —  Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18972

A Makah maiden- Par Edward Sheriff Curtis — Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18972

Le Canada possède 6 régions culturelles dont fait partie la côte nord-ouest du Pacifique, une région aux extrêmes typographiques, aux larges plages, aux fjords profonds, aux montagnes enneigées.

Prolongeant la côte nord-ouest d'Amérique du nord, elle longe les rivières Nass et Skeena ainsi que le fleuve Fraser en Colombie britannique.

Les peuples partagent des caractéristiques culturelles proches et liées par leur environnement qui offre de nombreux emplacements idéaux pour y fonder des villages.

Avant l'arrivée des européens, la nourriture était abondance, avec la présence de cerfs à queue noire, d'ours, de chèvres de montagne, de mammifères marins, de poissons de toute sorte dont le saumon et ses remontées, de crustacés, de coquillages, de baies, de bulbes et racines, de plantes sauvages.

 

fleuve Fraser- Par M. Lounsbery — http://en.wikipedia.org/wiki/Image:FraserRiver.jpg, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1556036

By User:Nikater - Own work by Nikater, submitted to the public domain, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2070015

 

Le saumon et le cèdre

Nootka woman wearing cedar bark blanket curtis

Le principal atout de la région consistait dans la remontée des saumons du Pacifique lors de leur migration annuelle.

Un arbre avait également une importance vitale : le cèdre rouge (pour le travail artistique et fonctionnel du bois).

La région est celle qui comporte la plus riche diversité linguistique de toutes les zones culturelles du Canada

Au nord on trouve les Tlingit et les Haïda qui sont locuteurs de langues isolées

Le long des rivières Nass et Skeena on trouve les langues tshimshennes (des Tsimshians) appelées aussi langues pénutiennes ( qui sont également parlées dans l'Oregon EU)

Le long de la côte, du territoire Tsimshian au nord-est de l'île de Vancouver, on trouve le Haisla (Kitalaat), le Heiltsuk (Bella Bella), le Ookwekyda (Rivers Inlet), le Kwakiutl ou kwak'wala

Sur l'île de Vancouver à l'ouest on trouve les langues apparentées au Nuu-chah-Nulth (Nootka) et au Nitinat ( Ditidaht), ainsi qu'au Makah qui est également parlé dans l'état de Washington.

D'autres peuples de la côte sont des locuteurs de langues Salish

Au nord, les Nuxalk ou Bella Coola

Dans le détroit de Georgia on trouve plusieurs langues Salish : Comox, Pentlatch (langue éteinte), Sechelt, Lasquamish, Halkomelem, nooksack

Les langues Salish des détroits  sont des langues mutuellement intelligibles.

Les familles de langues autochtones de la côte nord-ouest

Tlingit, langue isolée

Tsimshian de la côte, Gitksan, Tshimshian du sud - langues wahaskennes

Haisla, Kwakiutl, Nootka, Heiltsuk  langues pénutiennes

Haida, langue isolée

Salish de la côte, langues salishennes (salish de la côte centrale et salish de la côte nord, peuples du Puget sound

 Comox, Halkomelen, langues Salish du détroit de Georgia

Autrefois

Sur la côte nord-ouest du Pacifique il y a 14.000 ans, après la dernière glaciation, des sociétés de chasseurs, cueilleurs, pêcheurs vivaient, subsistant grâce au saumon, leur aliment de base. En raison de la sécurité des lieux, les établissements étaient permanents. L'abondance et cet état permanent font émerger des cultures très riches et complexes, sans économie agricole.

Le potlatch est présent depuis au moins 5000 ans sur la côte.

Les peuples commencent à se diviser culturellement, linguistiquement et géographiquement il y a 1500 ans.

Potlatch Kwakwaka'wakw- Par Edward Sheriff Curtis — Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3606885

Premiers contacts

Les premiers contacts avec les européens ont lieu à la fin du XVIIIe siècle avec les explorateurs et les marchands venus commercer avec les peuples côtiers.

Les épidémies

De grandes épidémies de variole sont transmises par le contact avec les occidentaux et transmises par les peuples qui font du commerce qui les ramènent dans leurs villages.

De nombreux décès sont enregistrés dans les années 1780 et 1830 et d'autres maladies réduisent la population dramatiquement aux XIX et XXe siècles.

En 1882 une importante épidémie de variole tue près de 20.000 autochtones.

Quand les explorateurs espagnols et britanniques ouvrent la voie au commerce à la recherche de grandes quantités de peaux de loutres de mer, les peuples acceptent de troquer les peaux contre des objets manufacturés, des armes à feu, des outils en fer.

cie de la baie d'hudson- Par Qyd — Photo taken by uploader in a museum, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=878203

Les premiers établissements sont des postes de traite permanents et des forts établis par la compagnie de la baie d'Hudson qui aura la mainmise sur le commerce dans la région.

La découverte d'or dans le fleuve Fraser en 1857 amène la ruée des mineurs et des colons vers les colonies fondées récemment. Les autochtones se déplacent vers les villes pour échanger des marchandises, sont contaminés par des épidémies de variole qui les déciment et ils ne deviennent en 1885 qu'une minorité de la population.

En 1850/1854 les premiers traités avec les villages autochtones de l'île de Vancouver sont signés.

Plus les européens prennent le terrain et s'installent sur les territoires moins on reconnaît de droits aux populations autochtones et on fini même par les oublier complètement à l'entrée de la Colombie britannique dans la confédération en 1871.

En 1876/1912, deux commissions sont chargées de créer des réserves, pourtant ni l'une ni l'autre n'est apte à conclure des traités ou de trouver des solutions définitives pour répondre aux doléances des autochtones. Les réserves créées de plus ne correspondent pas à leurs demandes.

Les groupes se soulèvent suite aux persécutions dont ils sont victimes et qui s'enchaînent : politique assimilatrice, problème des terres, politique oppressive interdisant le potlatch et d'autres démonstrations culturelles, loi sur les indiens, discrimination culturelle, harcèlement dans les pensionnats.

En 1915 se met en place une alliance tribale, Allied Tribes of British Columbia.

Un accord historique a lieu entre le peuple Nisga'a, le gouvernement de Colombie britannique et le gouvernement fédéral avec la signature du premier traité en Colombie britannique à octroyer le droit constitutionnel à l'autonomie gouvernementale dans les années 2000.

En 1993 création entre le gouvernement provincial et fédéral et les représentants des Premières Nations de Colombie britannique de la commission des traités de la Colombie britannique pour faciliter la négociation de traités avec les autres Premières Nations de la province.

En 1996 plusieurs groupes côtiers ont déposé des déclarations d'intention en vue de négocier des traités dans le cadre de ce processus. Pour autant celui-ci est long et fastidieux et donne peu de résultats ce qui décourage des groupes qui s'en retirent.

Mode de vie

Division sexuée du travail

Return of the halibut fishers- Curtis - Les Makah attrapent d'énormes quantités de flétans à Cape Fflettery et la chair est découpée en tranches fines et séchées pour la conservation. Ici l'on voit les femmes équipées de paniers de transport.

L'existence était régie par l'exécution de taches essentielles correspondant à la règle souvent en cours chez les peuples autochtones :

Les hommes s'occupaient de la construction des maisons d'hiver, dans le style régional distinctif (maisons en planches de cèdre) et des pirogues. Ils chassaient, pêchaient et parfois guerroyaient.

Les femmes avaient pour tache de filer les cordages pour la pêche, de tresser des articles avec des racines et de l'écorce de cèdre (récipient utilitaires, paniers de cueillette, chapeaux élégants et ornés, tapis, nattes en écorce de cèdre ou jonc pour recouvrir les sols des maisons, tissage de jupes et de manteaux en écorce de cèdre, couvertures chilkat de cérémonie richement décorées en écorce tressée et laine de chèvre des montagnes. Chez les Salish le tissage comportait des poils de chien laineux donnant des couvertures chaudes portées les jours de temps froid).

Elles s'occupaient également de la récolte des baies, racines , fruits de mer et plantes sauvages. Préparaient les repas, faisaient sécher les viandes et les poissons.

Sociétés basées sur la propriété et la richesse

A Nakoaktok chief's daughter Ccurtis- Lorsque le grand chef des Nakoaktok tient un potlatch (cérémonie de distribution de propriétés à tout le peuple) sa fille aînée trône ainsi, supportée symboliquement par les têtes de ses esclaves. 

 

La propriété était le mode d'action du système de rangs et de classes de la côte nord-ouest.

Il y avait plusieurs rangs sociaux et la pratique de l'esclavage, les esclaves étant au dernier rang de la société. Ces derniers étaient acquis à la guerre ou achetés. Ils vivaient dans les maisons avec leurs propriétaires, n'avaient pas de droits civils et devaient accomplir des taches serviles.

Les villages

 

Carved posts at Alert bay- Curtis - Ces deux colonnes héraldiques dans le village Nimkish Yllis sur l'île Cormorant représentent les armoiries paternelles du propriétaire, un aigle et les armoiries maternelles, un grizzly écrasant la tête d'un chef rival.

 

Ils étaient toujours situés près des eaux navigables, disposées en parallèle sur les plages, face à l'eau.

Les villages étaient unis par les liens de parenté, le dialecte et les droits communs sur un même territoire, dirigés par de puissantes lignées.

Les gens haut placés des clans et villages trouvaient des intérêts dans leur appartenance à une même classe et formaient des associations rituelles ou sociétés secrètes.

Lors des cérémonies les hôtes servaient de la nourriture aux invités et leur remettaient des cadeaux. Cette pratique du troc et du commerce, des cadeaux lors des potlatchs étaient un moyen de répartition et d'échange de la richesse.

La religion

 

 

Whale ceremonial- Clayoquot- Curtis- Avant d'oser pratiquer son dangereux art, le baleinier s'impose un long et rigoureux exercice de purification rituelle afin de se rendre aimable à l'esprit baleine. Il se baigne fréquemment, frotte vigoureusement son corps avec des brins de cigue, nage et imite les mouvements d'une baleine.

Chez les peuples indigènes de la côte nord-ouest il n'y a pas séparation entre le sacré et le profane. Le sacré est en toute chose. Il y a une grande croyance dans les esprits puissants identifiés à des formes diverses. En se purifiant, une personne pouvait les faire devenir ses alliés. Les esprits conféraient des pouvoirs aux chamans, donnaient à certaines personnes des talents et de la chance. A chaque étape importante de sa vie une personne changeait de nom, de statut social: la puberté, le mariage, occasions marquées par l'observation de tabous, de rites et de festivités.

La maladie était due aux causes physiques et à la perte de l'âme, l'intervention des forces spirituelles.

Les chamans avaient le pouvoir de diagnostiquer et soigner les maladies.

Ils croyaient en la vie après la mort, aux esprits faisant du tort aux vivants.

Les ressources

 

On Skokomish river- Curtis

La chasse, la pêche et la cueillette étaient leur moyen de subsistance et les ressources marines les plus importantes.

Ils avaient à leur disposition plusieurs techniques de pêche dont la pêche à la traîne ou à la ligne dormante avec des hameçons garnis d'appâts, les harpons, les javelots, les filets, les pièges à marée, les nasses.

La chasse aux mammifères terrestres se faisaient avec des arcs et des flèches, des collets, des assommoirs, des filets.

La chasse aux mammifères marins utilisaient des harpons en mer, des gourdins ou des filets sur le rivage.

La sauvagine était capturée avec des filets ingénieux.

La récolte des mollusques, crustacés, la cueillette de baies sauvages, de racines, de bulbes et de pousses vertes était l'affaire des femmes.

Les récoltes diverses nécessitaient des déplacements saisonniers adaptés.

 

The whaler- Makah- Curtis- On remarque la grande taille du harpon. Les baleiniers indiens plantaient la pointe du harpon en enfonçant et non en lançant l'arme.

The clam digger Curtis  Les clams sont une denrée importante pour ceux qui vivent près des bancs de coquillages. pour les autres, ils représentent plutôt un aliment de luxe acquis par troc. L'équipement du pêcheur consiste en un plantoir en bois.

 

La société

 

A chief's daughter- Curtis- L'orgueuil de la naissance jouait un rôle important dans la vie des indiens de la côte pacifique. La société était divisée de façon rigide en nobles, gens du commun et esclaves pris durant les guerres. Aucune femme d'origine populaire ne pouvait s'offrir une robe de fourrure comme celle que porte cette jeune fille.

La cellule sociale de base était le clan avec un ancêtre commun avec chez les peuples du nord, l'appartenance au clan dépendant de la lignée maternelle et dans le sud l'appartenance était celle de la lignée masculine.

Les gens se mariaient entre eux, vivaient ensemble dans une maison ou un groupe de maisons et suivaient des directives et un conseil de chefs compétents. Les chefs portaient des titres et des noms officiels ou héréditaires de la lignée familiale. Ils géraient les biens familiaux, les biens immatériels comme les noms, les pratiques rituelles, les chants spéciaux, les connaissances secrètes. Ils géraient a propriété de biens immeubles, les maisons et terrains, les buissons, les territoires de chasse, les roqueries de phoques et les emplacements pour les pièges à poissons. Les endroits fournissant les ressources abondantes étaient des propriétés privées mais cela n'excluait pas qu'ils étaient accessibles à tous au besoin.

Arts, artisanat

 

masque de transformation kwakiutl- By Photo: Myrabella / Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34204360

Il y avait une association entre la musique et les arts décoratifs avec les activités sacrées et profanes. Les chants sont acquis à travers les esprits et servent à transmettre ensuite les traditions des sociétés secrètes et des familles avec une mise en scène masquée et des danses. Le chant était dans toute occasion.

La sculpture et les arts décoratifs faisaient partie de la vie quotidienne, tout était agrémenté y compris les objets du quotidien. Les sculptures et la peinture sur bois des totems sont les produits les plus réputés de la culture du nord-ouest. Ces coutumes ont une longue histoire régionale.

Les sculpteurs wahaskans étaient les spécialistes de la fabrication de masques pour les représentations théâtrales. Les peuples Salish utilisaient des emblèmes.

Posséder des objets décoratifs, des sculptures était un signe de richesse et dénotait le statut social.

De nos jours

Haïda gwaï

Malgré les tentatives d'assimilation de la part des colonisateurs, les politiques d'occidentalisation forcée, les peuples, même s'ils ont adopté le mode de vie de la société dominante ont néanmoins conservé leurs traditions et gardent leur relation avec la mer, préfèrent leur nourriture traditionnelle.

L'interdiction de parler les langues indigènes par les enfants placés dans les pensionnats amérindiens a fait beaucoup de mal aux langues autochtones. De plus les élèves ont subi des sévices et des mauvais traitements qui sont à présenté révélés et connus du grand public et reconnus en dehors du fait que les enfants ont été privés de leurs familles, ils ont été obligés de renoncer à leurs traditions et coutumes, ils ont subi le harcèlement physique, sexuel, psychologique et ceci les a affectés mais également les générations suivantes.

Pensionnats autochtones

Certaines langues sont menacées d'extinction malgré les efforts des peuples déployés pour leur conservation et les programmes développés en ce sens.

Le potlatch a été interdit de 1884 à 1951, malgré tout certains peuples l'ont maintenu (dont les Kwakiutl) et un renouveau s'est développé à la fin du XXe siècle.

Les Salish de la côte ont connu un renouveau religieux remarquable grâce à la coutume de la danse des esprits qu'ils ont réussi à maintenir.

La population totale des peuples de la côte nord-ouest qui avait décliné jusqu'en 1915 ne cesse à présente d'augmenter et en 2014 , la centaine de Premières Nations de la côte recensaient une population de 74.000 personnes, données qui en prennent pas en compte les autochtones non recensés vivant dans les villes.

Les peuples de la côte nord-ouest se sont toujours opposés aux politiques et aux pratiques réduisant leurs droits ancestraux et des peuples continuent de lutter pour la reconnaissance des droits des autochtones sur leurs terres ancestrales (les Nisga'a et les Haidas entre autres).

Source : wikipedia

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