Canada : Les peuples Salish de la côte nord

Publié le 16 Novembre 2017

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Les peuples salish de la côte nord comprennent des peuples de langue salish dont le territoire traditionnel se situe au Canada en Colombie britannique, dans la moitié nord du détroit de Georgia, le centre-est de l’île de Vancouver.

détroit de georgia- Par Arct — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4454906

 Les 6 bandes

Les peuples concernés sont île Comox, Homalco, Klahoose, Sliammon, Pentlatch ou Qualicum et Sechelt.

Population en 1995 : 2750 salish de la côte nord (pour info en 1780 : 1800 personnes)

Langue : salish de la côte : comox (comprenant les dialectes sliammon, homalco et klahoose) 400 locuteurs, sechelt, pentlatch (éteinte)

 

HISTOIRE

Les premières connaissances référencées de ces peuples remonte à la fin du XVIIIe siècle avec les premières expéditions d'européens.

Ce sont des peuples semi-nomades qui vivent presque essentiellement de la pêche au saumon.

La société se compose d'une noblesse dominante, du peuple et d'esclaves (qui sont des prisonniers de guerre et leurs descendants). Les esclaves étaient également une marchandise de commerce et objet d'échange lors de l'économie du don (potlatch).

Des canoës en écorce conçus pour la haute mer permettaient le commerce et de guerroyer le long de la côte.

Les maladies apportées par les premiers contacts déciment plusieurs tribus dont celle de variole en 1775. Ce fléau s'ajoute aux grandes guerres par la suite et au pillage des peuples du nord.

Une des plus anciennes fouilles en Colombie britannique près de Namu a révélé qu'y vivaient des groupes semi-nomades entre le VIIe et le IIIe millénaire avant JC. Ils fabriquaient des outils en pierre de volcan. Les Stó:lo disent qu'ils ont toujours vécu là où ils vivent aujourd'hui.

7500 à -6000 avant JC : Période de Milliken - C'est la plus ancienne période archéologiquement accessible sur le territoire. Découverte de poinçons, de grattoirs, de stéatite, de lames, la roche utilisée est l'argilite.

6000 à -4500 avant JC : Période Mazama qui tire son nom de la grande éruption volcanique qui a laissé le lac Crater dans l'Oregon. Découverte de coups-de-poings en forme d'œuf, de rabots, de coins bipolaires, de microlithes, de pointes de lames de pierre. Le basalte a remplacé les argilites.

4000 à -1100 avant JC : Période Eayem - à Agassiz. Découverte d'une cavité d'habitation "pit house" qui est le premier témoignage d'un habitat stable (-3000 avant JC) de pointes  de projectiles fixées sur un manche, de vrilles, de polissoirs.

1100 à -650 avant JC - Période Baldwin - Williken, Esilao, Katz sur les sites des Stó:lo : outils, petites lames, pointes, projectiles, mortiers, pilons, bijoux, représentations figurées, corbeilles chapeaux, cordes, matelas.

400 avant JC : une société apparaît favorisant le soin mis à l'apparence.

A partir du Ve siècle avant JC : maisons sur pilotis typiques de la culture de la côte ouest, premières sculptures en pierre.

Ve au Xe siècle : les groupes se distinguent par les tombes d'amas de pierres ou cairns, dont une centaine existe encore vers Victoria et Metchosin.

1500 à 500 : objets de stéatite, bijoux (colliers de perle, bagues de cuivre)

350 à 250 : Période Skarnel : les microlithes disparaissent

250 à 1250 : Période Emery : apparition de pipes, le tabac est cultivé dans les jardins. Fuseaux, couvertures avec des poils de chiens.

1175 : 2 navires espagnols apparaissent, le Santiago commandé par Bruno de Heceta importe la variole chez les Quinault. L'épidémie coûte la vile d'1/3 de la population autochtone de la côte pacifique. Il y aura moins de perte chez les Salish des EU. Le commerce extérieur est un évident vecteur de la maladie.

1787 : un pelletier, Charles Barkley atteint la route de Juan de Fuca.

Au moment des premiers contacts avec les européens dans les années 1790, les peuples Salish de la côte du détroit de Georgia étaient les Pentlatch, les Comox et les Sechelt.

Le Sútil et le Mexicana dans les eaux de la Colombie-Britannique Par José Cardero, spanish artist of the XVIII century — http://www.trailtribes.org/fortclatsop/sites/showonecontent.asp@contentid4196.htm, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6840490

1792 : arrivée de l'espagnol Dionisio Alcalá Galiano et Cayetano Valdes y Flores Bazán et du britannique George Vancouver.

Début 1800, le peuple Pentlatch de la côte- est de l'île de Vancouver est durement frappé par les maladies et les attaques venant d'autres groupes de la côte ouest de l'île. Ils sont absorbés par les voisins du nord, les Comox. Le dernier locuteur de la langue Pentlatch est décédé en 1940.

Lewis et clark sur la rivière Columbia- Par Charles Marion Russell — Humanities Texas, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=164966

1805 : expédition de Lewis et Clark en Colombie britannique.

1808 : Le pelletier Simon Fraser pour la compagnie du nord-ouest descend la rivière qui portera son nom et atteint le Pacifique.

1811 : les premiers pelletiers s'installent en Colombie britannique, c'est l'apparition des forts, dont Fort Shuswap en 1812/1813.

By UBC Library Digitization Centre - https://www.flickr.com/photos/ubclibrary_digicentre/10876272175/, No restrictions, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=41579757

1827: la compagnie de la baie d'Hudson construit le fort Langley au centre du territoire Halkomelem. A cette époque, les tribus sont pillées par les peuples du nord. Les Nanooses sont attaqués au sud de l'île de Vancouver, il n'en reste que 159 en 1839. Il se constitue une coalition amérindienne très importante englobant tous les Salish de la côte et de l'île de Vancouver qui inflige une lourde défaite aux bandes Lekwiltok et Comox en 1840, c'est la bataille de Maple bay.

1824/1848 : épidémies de rougeole

1837/1853/1862 épidémies de variole auxquelles ont doit ajouter des épidémies de maladies inconnues des autochtones comme la grippe, les maladies vénériennes, la tuberculose.

C'est un véritable désastre surtout au nord, ce qui profite aux missionnaires car les savoirs culturels sont fragilisés ainsi que les connaissances traditionnelles des plantes et de la médecine. De nombreux guérisseurs et chamans disparaissent, cela fragilise considérablement les croyances en leur pouvoir et les missionnaires saisissent la brèche pour avancer leur propagande catholique. Le premier missionnaire catholique est Demers en 1841 à fort Langlley. Une mission d'oblats est créée sur le Fraser, St Mary's. Paul Durieu, un évêque réussit même à imposer un état divin aux Sechelts dont la population est passée de 5000 personnes à 200!!

1846 : les EU et la Grande-Bretagne séparent l'Oregon country en suivant le 49e parallèle et ils coupent les domaines et les liens familiaux, le commerce traditionnel.

La colonisation est à l'origine de guerres comme celle de Puget sound.

1859 : installation de méthodistes à Hope.

Début 1880, les Comox de l'île de Vancouver sont également victimes d'hostilités entre bandes. Les Kwitoks qui progressent vers le sud les chassent de leurs territoires. Quelques Comox vivent de nos jours dans la réserve indienne de Comox, il y avait en 1996, 258 personnes de ce groupe dont 114 dans la réserve. Les unions avec les Kwitoks, les Kwakwala les ont fait adopter leurs propres coutumes au détriment des leurs. Le dialecte Comox de l'île est presque éteint.

Quelques traditions persistent fort heureusement et sont source de fierté actuellement.

Les Comox de la côte est ont connu un meilleur sort. Appelés Comox du continent leur groupe se compose des Homalcos, des Klahooses et des Sliammons.

Ils vivent dans la région du bras de la mer Bute au nord jusqu'à Stillwater au sud.

Le principal village  des Homalcos est une réserve de 366 habitants dans la ville de Campbell river dans l'île de Vancouver. De nombreux Homalcos, Klahooses et Sliammons vivent dans la réserve située à l'embouchure du ruisseau Sliammon autrefois un village traditionnel.

Mode de vie vers 1800

Ils chassent des animaux marins mais pas de baleines. Le saumon joue un rôle très important mais ils pêchent d'autres poissons comme les flétans, les harengs, chassent du gibier. Chaque famille avait son propre territoire de chasse, tout était régit selon des règles établies et fonctionnait selon une territorialité précise également en ce qui concernait les maisons, la cueillette.

camassia quamash- Par Walter Siegmund (talk) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6856259

Ils cultivaient également sur un domaine précis.  Ils cultivaient entre autre les camas, une variété d'agave à fleurs bleues dont les oignons (bulbes) ont un goût sucré de tomate cuite. Ils cultivaient 2 variétés de camas, camassia quamash ou indian camas et camassia leichtlinii. La récolte était l'occasion de contacts sociaux dans les champs cultivés et renforçaient les rituels.

Vers 1800 est adoptée la culture de la pomme de terre.

Les peuples font des migrations saisonnières au cours de l'année.

Hiver : ils sont dans les vallées fluviales, ils se regroupent en octobre/novembre jusqu'en février/mars pour des cérémonies et des fêtes.

Printemps : c'est la saison de la pêche de réapprovisionnement. Le poisson est séché, fumé, consommé frais, jamais salé. Le poisson séché servait aussi pour le commerce. Ils pratiquent la cueillette, de racines pour compléter l'alimentation.

Eté : C'est la saison de la cueillette, de la coupe du bois pour construire les maisons, les canoës, les totems, les armes, les outils, les coiffures, les vêtements. Une race de chiens à poils blancs fournissait des poils pour les couvertures. Simon Fraser les découvrent en 1808. Ils ont également des camps dogs, une sorte de coyote qui surveillaient les villages et les camps.

saumon sockeye- Par David Menke —  Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=659457

En juillet /août : c'est la saison de la montaison des saumons. La pêche est alors l'occupation principale

Automne : c'est le retour à la montagne.

Le calendrier spirituel qui était à la base de cette migration était le système des 13 lunes.

Il fournissait un cadre temporel aux activités économiques, aux cérémonies et aux actes éducatifs.

D'autres fruits et légumes sont cultivés et vont peu à peu transformer le paysage.

fleurs de wapato Par TeunSpaans de nl, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3187019

La racine de wapato (sagittaire à feuilles de flèche, sagittaria sagittifolia à au goût de pomme de terre, un erstaz du pain.

D'autres cultivaient les canneberges, les groseilles à maquereau, rubus spectabilis, rubus parviflorus, les oignons sauvages, les fraises cow parsnip (heracleum maximum)  les carottes, les myrtilles, les cassis.

Société

Les chefs étaient le plus souvent des hommes, les femmes dirigeaient la maison.

La dignité de chef était acquise pour son pouvoir spirituel, une attitude droite, des aptitudes personnelles.

La redistribution de la possession par le potlatch répartissait la richesse.

Les deux parents, surtout la mère étaient sujets à des tabous et des restrictions lors de la grossesse et de l’accouchement. La tête des nourrissons était aplatie pour un effet esthétique. Les filles à la puberté devait subir une période de réclusion ponctuée de restrictions également. Les garçons à la puberté étaient préparés pour aller à la recherche d’un esprit gardien. La polygamie était courante et dans ce cas plusieurs femmes partageaient le même foyer.

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Habitat

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Il y avait 3 types de maisons permanentes en planches de cèdre, semi-enterrées avec un toit à pignon. Les planches étaient amovibles et pouvaient être transportées et déposées sur des cadres permanents des maisons d’été. La plupart des maisons étaient fortifiées avec des palissades et entourées de fosses. Les Pentlatch et les Comox avaient des aires de couchage fermées et des hangars séparés pour le séchage des poissons à la fumée. Plusieurs familles élargies vivaient dans les maisons ainsi que des esclaves

Leurs ennemis traditionnels étaient les Kwakiutl et les Nootka. La guerre consistait en des armadas de guerriers armés d’arcs, de flèches et de lances, habillés avec des vêtements constitués de deux couches épaisses de peaux.

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RESSOURCES

Les peuples du saumon et du cèdre

 

Par abdallahh from Montréal, Canada — Vancouver, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8773644

C’est ainsi que l’on peut qualifier l’ensemble des peuples de la côte nord-ouest du Pacifique.

Le territoire fournissait d'abondantes ressources naturelles dont  5 espèces de saumon du Pacifique, le sébaste, le phoque, les fruits de mer, le cerf, la chèvre de montagne, les ours, les oiseaux migrateurs et les plantes.

Le végétal le plus précieux pour l'habitat et les objets utilitaires était le thuya géant dit cèdre rouge. Il entrait dans la confection de planches, de pirogues, d'ustensiles, de boîtes, de bâtons de cuisson, de supports pour les maisons. L'intérieur des troncs une fois séchés fournissaient du matériau pour confectionner des cordes, des nattes, des vêtements, des costumes traditionnels, des paniers également.

Il existait des esprits bienfaiteurs donnant les pouvoirs pour la chasse, les soins médicaux, les activités humaines.

K'omoks

Le commerce

Il permettait les échanges de marchandise et consolidait les liens de parenté. Les peuples avaient sur tout leur territoire des pieds à terre pour commercer.

Les oignons de camas de 4/8 cm de diamètre et pesant environ 100 grammes étaient l'objet de commerce intense avec les Nootkas, car c'était un produit qui ne poussait pas sur leurs de l'île de Vancouver, plus froides.

Ils faisaient commerce de peaux de vipères et de castors, d'huile de poissons (ou surtout de la graisse du poisson chandelle considérée comme du beurre), de bois de construction, de couvertures en poils de chiens ou de chèvres.

Ils élevaient les chiens en troupeaux comme des moutons. Ces chiens avaient le poil blanc ou foncé, ces poils servaient à confectionner les habits, des couvertures, des matelas, des paniers.

Les réserves

Loi sur l’autonomie gouvernementale de la bande indienne Sechelt en 1986 qui leur confère des pouvoirs constitutionnels et législatifs municipaux.

33 réserves- 1000 hectares- nord de Vancouver- 910 personnes- bande non affiliée- économie : complexe marina/hôtel, complexe de condominiums, petites entreprises, pisciculture.

http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/S-6.6/

BANDE COMOX (K'OMOKS first nation)

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4 réserves, 285 hectares sur la côte est de l’île de Vancouver. Réserve attribuée en 1877- 330 personnes. Bande affiliée au conseil de district de Kwakiutl. Economie : pêche, exploitation forestière, tourisme.

 

BANDE HOMALCO

Naut'sa mawt tribal council

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11 réserves, 624 hectares près de Calm channel, 346 personnes. Bande affiliée à l’Alliance Tribal Council- économie : écloserie de poisson.

 

KLAHOOSE BANDE

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 10 réserves, 1357 hectares sur l’île Cortes- 242 personnes- bande affiliée à l’Alliance Tribal council- économie : foresterie, pêche au gros.

 

BANDE DE QUALICUM/ PENTLATCH

 1 réserve 77 hectares- côte sud-est de l’île de Vancouver. Réserve attribuée en 1876- 91 personnes-

 

BANDE SLIAMMON

Tla'amin nation

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 6 réserves, 1907 hectares, près de Powell river- 775 personnes- Bande affiliée à l’Alliance Tribal Council- économie : écloserie de saumon, produits de la mer, foresterie, baux fonciers, petites entreprises.

SECHELT OU SHISHAHL Nation

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Premiers signataires avec le gouvernement de Colombie britannique sur les revendications territoriales. 

Les Sechelt autrefois habitaient le bras de mer Jervis des deux côtés de la péninsule de Sechelt et les îles. En 1996 ils étaient 961 dont 524 sur la réserve proche de Sechelt.

C'est la première bande du Canada à obtenir le droit de gérer son propre territoire en vertu de la loi sur les indiens.

source 1 + wikipedia

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