Etats-Unis : San Ildefonso Pueblo
Publié le 3 Octobre 2017
Povi-Tamu- By Edward S. Curtis - the Photographic Images, 2001., Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18988
Peuple autochtone des EU vivant dans l'état du Nouveau-Mexique dans la vallée du Rio Grande à 36 km de Santa Fé. Il est surtout connu pour ses poteries noir sur noir dont l'artiste Maria Montoya Martinez est l'une des plus célèbres.
En langue tewa : P'Ohwhóge awingeh = où l'eau traverse
Ils sont établis sur le village actuel depuis 1300
Entité tribale reconnue par le gouvernement fédéral.
Population : 628 membres en 2012
black mesa- By User Em-jay-es on en.wikipedia - Em-jay-es, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1474875
Les San Ildefonso Pueblos sont membres des 8 pueblos du nord du Nouveau Mexique (avec les Taos, Picuris, Santa Claran Ohkay Owingen/San Juan, Nambé, Pojoaque, Tesuque)
Langue : tewa, langue kiowa- tanoane
La réserve a une superficie de 111 km2 au pied de Black Mesa au nord-ouest de Santa Fe.
Elle partage une frontière commune avec les Santa Clara Pueblo.
Le nom de San Ildefonso provient du nom de la mission espagnole fondée en 1617
Histoire et origine
On pense que les Pueblos descendent des cultures Anasazi et peut-être Mogollon ainsi que d'autres peuples historiques.
Ils ont appris d'eux l'architecture, l'agriculture, la poterie et la vannerie.
Dans un contexte de stabilité ils ont eu du temps à consacrer à la religion , aux arts et à l'artisanat.
En 1539 Estevan explore la région avec l'expédition de Coronado et visite les Acomas. L'année suivant ils accueillent Hernando de Alvarado membre de la même expédition.
expéditions coronado et hernando de alarcon 1540/1542- Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=146759
En 1598 Juan de Oñate est chargé de conquérir et installer une colonie au nord du Rio Grande. La découverte de mines d'argent attire l'attention de México qui a des projets de colonisation également. L'Espagne et le Mexique ne sont pas attirés par cette région aride et d'apparente pauvreté et ils s'en prennent aux Pueblos en 1599.
Les guerriers Pueblos et 800 Acomas sont massacrés par Oñate, les prisonniers de sexe masculin de plus de 25 ans sont réduits en esclavage. Ils détruisent le village des Acoma, les survivants reconstruisent et consolident plusieurs sites agricoles.
En 1601 le Nouveau-Mexique est en proie à une sanglante répression sous le joug de l'Espagne.
Santa Fe est construite en 1610 pour devenir la capitale de la colonie naissante.
santa fe en 1846 - Par http://arcweb.archives.gov ARC Identifier: 530944, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=865501
La colonisation se fait sur l'exploitation des peuples indigènes et devient légale au Nouveau-Mexique.
Le système de l'encomienda arrive dans les colonies dès le début, permettant aux colons espagnols d'avoir de l'autorité sur un groupe d'indigènes devant travailler pour eux sous une forme d'esclavage. Les colons bénéficient ainsi qu'une main d'œuvre gratuite. Ils devaient en contrepartie éduquer et christianiser les indigènes.
Au XVIe siècle les espagnols explorent le Nouveau-Mexique actuel avec de le coloniser au XVIIe siècle.
La région sera faiblement colonisée, l'immigration reste inférieure à celle du Mexique. Une économie d'élevage se met en place sous les incursions et les pillages des Comanches et des Apaches.
Les espagnols amènent avec eux des maladies inconnues par les autochtones qui sont vite décimés par la variole et la population du Nouveau-Mexique chute.
En 1629 les colonies passent dans les mains des franciscains qui instaurent la théocratie pour évangéliser les amérindiens. Les espagnols renomment les villages du nom de leurs saints, commencent à construire des églises, introduisent de nouvelles cultures comme les pêchers, les poivrons dans la région.
Une série de catastrophes naturelles, d'épidémies s'abat sur la région en 1636/1640 et les franciscains qui se sont fait passer pour les chamanes puissants auprès des amérindiens semblent impuissants face à cela. De plus ils sont impuissants pour repousser les raids des Apaches. Des abus sexuels semblent fréquents de leur part y compris l'exploitation des travailleurs (forme d'esclavage). D'autant plus que le pâturage du bétail a semé la désolation sur les terres agricoles provoquant sécheresse, érosion et famine.
Les Pueblos reprennent alors foi en leurs rituels mais en cachette car on leur interdit et ils sont soumis à des mesures de répression quand les franciscains s'en aperçoivent.
Les révoltes des Pueblos
Une première révolte éclate en 1639 à Taos et à Jemez, franciscains et soldats sont tués.
En 1680 a lieu une seconde révolte des Pueblos qui va être très violente. Le 10 août ils massacrent des franciscains en pleine messe, volent des chevaux et du bétail dans le nord de la colonie.
L'insurrection gagne vite tout le Nouveau-Mexique.
Le 13 août Santa Fe est prise d'assaut par les Pueblos qui reçoivent l'aide des Apaches. Les espagnols battent en retraite le 20 août, les colons se réfugient à Ciudad Juarez actuel.
La domination des Pueblos est de courte durée, émiettement de la fédération Pueblo permet la reconquête du Nouveau-Mexique par les espagnols. Les Pueblos seront attaqués en 1692, leur résistance sera anéantie. Plus de 400 d'entre eux seront faits prisonniers et vendus comme esclaves aux Antilles.
Les San Ildefonso jouent un rôle de premier plan dans la révolte des Pueblos en 1680 contre les espagnols. Ils sont chef de file de la résistance et de la reconquête sous Diego de Vargas.
Les San Ildefonso et d'autres pueblos se déplacent au sommet de Black Mesa et tiennent le siège jusqu'en 1694, deux ans de plus que les autres pueblos.
En 1696 un nouveau soulèvement a lieu de la part des San Ildefonso qui tuent 2 prêtres. Ce sera leur dernière résistance armée après la révolte des pueblos. Ils déménagent ensuite vers le nord.
En 1696 le Nouveau-Mexique est sous contrôle colonial, les Pueblos ne se révolteront plus..
Au cours du 18e siècle s'abattent des épidémies de varioles, des raids des Apaches et des Comanches, des Utes, ils se battent encore parfois avec les espagnols contre les tribus nomades.
By Ansel Adams - U.S. National Archives and Records Administration, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17174458
La religion est exercée en secret, les mariages ont lieu ainsi que des échanges réguliers entre villages hispaniques et Pueblos, une nouvelle culture mexicaine ni espagnole ni amérindienne en découle.
Les mexicains continuent d'exploiter la région et les terres, ainsi que l'eau des Pueblos, donnent plus de place aux tribus nomades qui continuent leurs raids.
Au cours du 19e siècle le processus d'acculturation s'accélère, les Pueblos s'accrochent de plus en plus à leur identité propre.
En 1880 l'arrivée du chemin de fer met fin à l'isolement géographique traditionnel des Pueblos.
Dans les années 1920 le conseil All Indian Pueblo recommence en réponse à la menace du congrès sur leurs terres, celles-ci seront confirmées en 1924.
Le BIA (bureau des affaires indiennes) amplifie le phénomène d'acculturation en forçant les enfants des Pueblos à se rendre dans des pensionnats ce qui détruit peu à peu les cultures traditionnelles.
Après la seconde guerre mondiale la gestion de l'eau devient le problème le plus important des Pueblos.
L'artisanat et le commerce deviennent des activités économiques primordiales à cette période.
Depuis la fin du 19e siècle ils font face aux attaques et aux sollicitations des anthropologues et des chercheurs sur la spiritualité amérindienne.
By Ansel Adams - U.S. National Archives and Records Administration, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15850442
Religion
Dans la cosmovision des Pueblos, religion et vie sont inséparables. Etre en harmonie avec la nature est un idéal et un mode de vie. Le soleil est le représentant du créateur, les montagnes sacrées présentes dans chaque direction cardinale, le soleil est au-dessus et en-dessous la terre ce qui domine l'équilibre du monde.
Il y a des cérémonies religieuses autour du temps ou pour favoriser les pluies.
Le pouvoir des kachinas est important, ce sont des êtres sacrés vivant dans les montagnes et dans des lieux saints, auxquelles ont organisent des danses et des chants.
Les kivas
By Boston Public Library - Flickr: Kiva at San Ildefonso Indian Pueblo, New Mexico, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16132042
Ce sont des pièces qui sont en général de plan circulaire et semi-enterrées utilisées par les pueblos pour les rituels religieux.
Sur le sol se trouve au centre un petit trou bouché ( sipaapu) par une pièce de bois ouverte durant les rituels.
Ouvrir le sipaapu, c’est communiquer avec ceux du dessous, ceux qui sont morts ou pas nés. La kiva a un trou dans le plafond qui débouche sur le sol du village. La descente se fait par une échelle. Les murs à l’intérieur sont assimilés aux parois du monde.
Les kivas servaient aux pueblos hopi, zuñi, zia et taos. Elles servent encore à certains d’entre eux entre autre de chambre de cérémonie, de retraite, de lieu de réunion etc…..
Un cacique d'été et un cacique d'hiver sont nommés à vie et surveillaient le village. La société était divisée en 2 groupes, l'été associé à la kiva de la courge et l'hiver associé à la kiva de la turquoise. L'appartenance à un groupe était patrilinéaire, les groupes étaient eux-mêmes divisés en clans. Il existait un certain nombre de sociétés secrètes dont la société guerrière qui était concernée par la chasse, la guerre, les cultures et la fertilité ainsi que la guérison. Chaque société avait ses propres groupes de danse.
En 1923 le taux de mortalité important et la misère croissante amène le cacique et un petit groupe de personnes a retourner dans le village d'origine mais des épidémies de grippe réduisent encore plus la tribu. Il ne reste que 2 familles d'hiver de sorte que les familles d'été absorbent les 2 dernières familles d'hiver ce qui affecte fortement l'organisation traditionnelle du village.
La division traditionnelle été/hiver est alors remplacée par une division nord/sud. Chaque groupe est organisé autour d'une place et devient autonome et incomplet.
A la fin des années 1930 certains bureaux et sociétés sont abandonnés, des rituels ont été oubliés.
L'autorité séculière reste entre les mains du côté nord pendant des décennies et la situation devient même violente dans ces mêmes années lorsque les kivas sont attaquées et brûlées.
Organisation sociale
Le chef du village est le chef religieux ou cacique. Sa responsabilité c'est regarder le soleil et déterminer les dates des cérémonies. le capitaine de guerre est choisi à vie tout comme le chef du village. Un groupe de fonctionnaires moins puissant agit également.
Un mécanisme qui maintient la cohérence des sociétés pueblos est l'aversion pour le comportement individualiste.
Les enfants sont élevés avec douceur, et un minimum de discipline.
Les pueblos sont généralement monogames, le divorce est rare.
Il existait 20 clans matrilinéaires chez les Pueblos.
L'économie du village était basée sur le travail partagé, les produits étant partagés en parts égales.
Le village (pueblo)
By MARELBU, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=57906075
Les villages pueblos sont souvent constitués d'étages et d'appartements faisant face au sud, au-dessus d'une table (mesa) de 350 pieds de haut. Le niveau inférieur sert au stockage. Les bâtiments sont construits en adobe (terre et paille) avec des poutres sur le toit couvert de poteaux, d'herbes et de plâtre. Le toit d'un niveau est le plancher d'un autre.
Les niveaux sont interconnectés par des échelles.
Il n'y a pas de porte ni de fenêtre, l'entrée se fait à travers le toit par une échelle.
Des fours de cuisson se trouvent à l'extérieur des bâtiments. L'eau est obtenue par 2 citernes naturelles.
La place du village est le centre spirituel du villahe (c'est ici que toutes les forces équilibrées du monde se rejoignent.)
Les ressources
Avant la colonisation les pueblos étaient agriculteurs, leurs cultures étaient le maïs, les haricots, les courges, les citrouilles, et aussi le tournesol et le tabac. Ils chassaient le chevreuil, le lion de montagne, l'antilope, l'ours, les lapins. Les hommes allaient parfois chasser le bison dans les plaines, les femmes récoltaient des graines sauvages, des noix, des baies.
Les espagnols apportent avec d'eux d'autres ressources alimentaires qui seront rapidement intégrées par les pueblos : luzerne, blé, moutons, bétail.
Ils pratiquent l'irrigation avec des barrages et des terrasses.
Ils faisaient partie d'un vaste réseau de communication allant dans toutes les directions, échangeaient avec les hispanophones et les commerçants américains. Ils échangeaient des objets en coquillage et du cuivre, de la turquoise.
L'artisanat
By BPL - Flickr: Pueblo Indians of San Ildefonso making pottery without pottery's wheel, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16121064
L'artisanat dans le monde Pueblo est inséparable de la vie.
La poterie traditionnelle exprimait des croyances profondes , elle sera très appréciée dès le 20e siècle par un large public extérieur aux Pueblos. Ils élargissent leur design au 20e siècle et s'adaptent au marché international.
Leur artisanat comprenait également les paniers, les rambours, les ornements en coquillages et turquoises, les chansons, les danses, les drames qui faisaient aussi partie de l'art traditionnel.
By BPL - Flickr: Pueblo Indians of San Ildefonso making pottery without pottery's wheel, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16121064
De nos jours
San Ildefonso est dirigé par un gouvernement civil composé d'un pouvoir exécutif et d'une branche législative (conseil tribal).
En 2012 le pueblo adopte une nouvelle constitution par des élections générales supervisées par le BIA (bureau des affaires indiennes). Pour la première fois les femmes sont autorisées à occuper des postes de conseils tribaux.
L'économie est assurée par Pueblo Enterprise Corporation (SIPEC) une société à responsabilité limitée fédérale de l'article 17 et détenue par le pueblo. Elle est chargée de travailler avec des entreprises partageant une vision de l'emplacement stratégique du pueblo pour favoriser la croissance économique et professionnelle du pueblo.
La fête de San Ildefonson est le 23 janvier, elle est publique ainsi que celle du maïs en septembre et la danse de pâques.
Le mouvement artistique qui s'est développe autour d'un groupe d'auto-apprentissage de San Ildefonso comprend des artistes remarquables comme Awa Tsireh, peintre (connu comme Alfonso Roybal), Tonita Peña (Quah Ah) aquarelliste, Pocano (Julian Martinez) patriarche d'une des plus importantes familles d'artisans amérindiens, Blue Corn (Crucita Calabazza) potière.
voir ci-dessous une vidéo sur Maria Montoya Martinez
source + wikipedia
Etats-Unis : Les Puebloans ou Pueblos - coco Magnanville
pueblos et la statue de Popé leader de la révolte des pueblos- By Carptrash at the English language Wikipedia, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5121254 Les Puebloans ou
http://cocomagnanville.over-blog.com/2017/09/etats-unis-les-puebloans-ou-pueblos.html
Habitat amérindien : Les pueblos - coco Magnanville
Habitat amérindien : Les pueblos Cliff Palace dans Mesa verde Les pueblos (de l'espagnol pueblo= village) sont des villages aux maisons juxtaposées de pierre ou d'adobe. Par extension on désigne...
http://cocomagnanville.over-blog.com/article-habitat-amerindien-les-pueblos-114239936.html