Etats-Unis : La nation Ohkay Owingeh

Publié le 22 Octobre 2017

From the threshing-floor San Juan Curtis

Peuple autochtone des Etats-Unis, faisant partie des Pueblos et vivant dans le comté de Rio Arriba au Nouveau-Mexique au nord de Santa Fe, ancien Pueblo San Juan.

Le peuple a repris le nom de son autodésignation en 2005. La nation Okay Owingeh est une entité tribale reconnue par le gouvernement fédéral.

Population : 3357 personnes

Le village a été fondé autour de 1200 après JC.

Langue : dialecte tewa des langues kiowa-tanoanes

Le village est le siège du conseil des 8 Peublos du nord.

C'est l'un des plus grands pueblos de langue tewa.

La fête annuelle San Juan a lieu le 24 juin.

La réputation de San Juan comme centre commercial commence dès l'ouverture d'un magasin général  qui ouvre sur le pueblo en 1863 sous l'action du commerçant Samuel Eldodt. Jusqu'à ce qu'il brûle en 1973 c'était le plus ancien magasin exploité en continu au Nouveau-Mexique . C'est lui qui a apporté la notoriété au village de San Juan.

L'agriculture et l'élevage sont les piliers économiques du village à cette période.


 

Histoire et origine

On pense que les Pueblos descendent des cultures Anasazi et peut-être Mogollon ainsi que d'autres peuples historiques.

Ils ont appris d'eux l'architecture, l'agriculture, la poterie et la vannerie.

Dans un contexte de stabilité ils ont eu du temps à consacrer à la religion , aux arts et à l'artisanat.

Au début de la colonisation dans les années 1540 les habitants de San Juan Pueblo vivaient dans le village actuel ainsi que dans un village plus à l'ouest.

Le premier contact avec des européens a lieu en 1591 avec l'espagnol Gaspar Castano de Sosa.

Les espagnols renomment le village San Juan Bautista, il était appelé également San Juan de los Caballeros.

En 1539 Estevan explore la région avec l'expédition de Coronado et visite les Acomas. L'année suivant ils accueillent Hernando de Alvarado membre de la même expédition.

expéditions coronado et hernando de alarcon 1540/1542- Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=146759

En 1598 Juan de Oñate est chargé de conquérir et installer une colonie au nord du Rio Grande. La découverte de mines d'argent attire l'attention de México qui a des projets de colonisation également. L'Espagne et le Mexique ne sont pas attirés par cette région aride et d'apparente pauvreté et ils s'en prennent aux Pueblos en 1599.

statue de Popé - By Carptrash at English Wikipedia, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8901787

Le popé de San Juan et d'autres chefs religieux planifient la révolte des pueblos en 1680.

Les guerriers Pueblos et 800 Acomas sont massacrés par Oñate, les prisonniers de sexe masculin de plus de 25 ans sont réduits en esclavage. Ils détruisent le village des Acoma, les survivants reconstruisent et consolident plusieurs sites agricoles.

En 1601 le Nouveau-Mexique est en proie à une sanglante répression sous le joug de l'Espagne.

Santa Fe est construite en 1610 pour devenir la capitale de la colonie naissante.

 

santa fe en 1846 - Par http://arcweb.archives.gov ARC Identifier: 530944, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=865501

La colonisation se fait sur l'exploitation des peuples indigènes et devient légale au Nouveau-Mexique.

Le système de l'encomienda arrive dans les colonies dès le début, permettant aux colons espagnols d'avoir de l'autorité sur un groupe d'indigènes devant travailler pour eux sous une forme d'esclavage. Les colons bénéficient ainsi qu'une main d'œuvre gratuite. Ils devaient en contrepartie éduquer et christianiser les indigènes.

encomienda

Au XVIe siècle les espagnols explorent le Nouveau-Mexique actuel avec de le coloniser au XVIIe siècle.

La région sera faiblement colonisée, l'immigration reste inférieure à celle du Mexique. Une économie d'élevage se met en place sous les incursions et les pillages des Comanches et des Apaches.

Les espagnols amènent avec eux des maladies inconnues par les autochtones qui sont vite décimés par la variole et la population du Nouveau-Mexique chute.

En 1629 les colonies passent dans les mains des franciscains qui instaurent la théocratie pour évangéliser les amérindiens. Les espagnols renomment les villages du nom de leurs saints, commencent à construire des églises, introduisent de nouvelles cultures comme les pêchers, les poivrons dans la région.

Une série de catastrophes naturelles, d'épidémies s'abat sur la région en 1636/1640 et les franciscains qui se sont fait passer pour les chamanes puissants auprès des amérindiens semblent impuissants face à cela. De plus ils sont impuissants pour repousser les raids des Apaches. Des abus sexuels semblent fréquents de leur part y compris l'exploitation des travailleurs (forme d'esclavage). D'autant plus que le pâturage du bétail a semé la désolation sur les terres agricoles provoquant sécheresse, érosion et famine.

Les Pueblos reprennent alors foi en leurs rituels mais en cachette car on leur interdit et ils sont soumis à des mesures de répression quand les franciscains s'en aperçoivent.

Les révoltes des Pueblos

Une première révolte éclate en 1639 à Taos et à Jemez, franciscains et soldats sont tués.

En 1680 a lieu une seconde révolte des Pueblos qui va être très violente. Le 10 août ils massacrent des franciscains en pleine messe, volent des chevaux et du bétail dans le nord de la colonie.

L'insurrection gagne vite tout le Nouveau-Mexique.

Le 13 août Santa Fe est prise d'assaut par les Pueblos qui reçoivent l'aide des Apaches. Les espagnols battent en retraite le 20 août, les colons se réfugient à Ciudad Juarez actuel.

La domination des Pueblos est de courte durée, émiettement de la fédération Pueblo permet la reconquête du Nouveau-Mexique par les espagnols. Les Pueblos seront attaqués en 1692, leur résistance sera anéantie. Plus de 400 d'entre eux seront faits prisonniers et vendus comme esclaves aux Antilles.

En 1696 un nouveau soulèvement a lieu de la part des San Ildefonso qui tuent 2 prêtres. Ce sera leur dernière résistance armée après la révolte des pueblos. Ils déménagent ensuite vers le nord.

En 1696 le Nouveau-Mexique est sous contrôle colonial, les Pueblos ne se révolteront plus..

Au cours du 18e siècle s'abattent des épidémies de varioles, des raids des Apaches et des Comanches, des Utes, ils se battent encore parfois avec les espagnols contre les tribus nomades.

église San Juan Bautista- By Davidhc9 - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28066925

Religion

Dans la cosmovision des Pueblos, religion et vie sont inséparables. Etre en harmonie avec la nature est un idéal et un mode de vie. Le soleil est le représentant du créateur, les montagnes sacrées présentes dans chaque direction cardinale, le soleil est au-dessus et en-dessous la terre ce qui domine l'équilibre du monde.

Il y a des cérémonies religieuses autour du temps ou pour favoriser les pluies.

Le pouvoir des kachinas est important, ce sont des êtres sacrés vivant dans les montagnes et dans des lieux saints, auxquelles ont organisent des danses et des chants.

 

Les kivas

Ce sont des pièces qui sont en général de plan circulaire et semi-enterrées utilisées par les pueblos pour les rituels religieux.

Sur le sol se trouve au centre un petit trou bouché ( sipaapu) par une pièce de bois ouverte durant les rituels.

Ouvrir le sipaapu, c’est communiquer avec ceux du dessous, ceux qui sont morts ou pas nés. La kiva a un trou dans le plafond qui débouche sur le sol du village. La descente se fait par une échelle. Les murs à l’intérieur sont assimilés aux parois du monde.

Les kivas servaient aux pueblos hopi, zuñi, zia et taos. Elles servent encore à certains d’entre eux entre autre de chambre de cérémonie, de retraite, de lieu de réunion etc…..

Il y a deux sociétés religieuses , la kiva de la courge et la kiva de la turquoise.

tewa war-god effigies Curtis

Organisation sociale

La société est divisée en 3 catégories, les gens ordinaires de la terre, les jeunes et les personnes éduquées religieusement (les prêtres entre autres).

Le milieu naturel était divisé également en 3 catégories : le village, les terres agricoles et les autres lieux proches accessibles à tous, surtout aux femmes et délimités par 4 sanctuaires dédiés aux ancêtres.

Les collines, les mesas et les lieux des jeunes, milieu médiateur en termes d'espaces sociaux sensuels, spirituels et de subsistance. Les montagnes étaient des lieux masculins dédiés à la chasse, aux pèlerinages et la religion..

Le chef du village est le chef religieux ou cacique. Sa responsabilité c'est regarder le soleil et déterminer les dates des cérémonies. le capitaine de guerre est choisi à vie tout comme le chef du village. Un groupe de fonctionnaires moins puissant agit également.

Le cacique supervise les questions religieuses et politiques  et nomme les leaders gouvernementaux.

Le rôle des femmes dans le gouvernement du peuple et les affaires religieuses est circonscrit sévèrement. Il y a un tribunal tribal

Un mécanisme qui maintient la cohérence des sociétés pueblos est l'aversion pour le comportement individualiste.

Les enfants sont élevés avec douceur, et un minimum de discipline.

Les pueblos sont généralement monogames, le divorce est rare.

Il existait 20 clans matrilinéaires chez les Pueblos.

L'économie du village était basée sur le travail partagé, les produits étant partagés en parts égales.

gossiping- San Juan - Curtis- 

Le village (pueblo)

a San juan farm house- curtis

L'habitat était constitué de logements de type multi-étages.Les villages pueblos sont souvent constitués d'étages et d'appartements faisant face au sud, au-dessus d'une table (mesa) de 350 pieds de haut. Le niveau inférieur sert au stockage. Les bâtiments sont construits en adobe (terre et paille) avec des poutres sur le toit couvert de poteaux, d'herbes et de plâtre. Le toit d'un niveau est le plancher d'un autre.

Les niveaux sont interconnectés par des échelles.

Il n'y a pas de porte ni de fenêtre, l'entrée se fait à travers le toit par une échelle.

Des fours de cuisson se trouvent à l'extérieur des bâtiments. L'eau est obtenue par 2 citernes naturelles.

La place du village est le centre spirituel du villahe (c'est ici que toutes les forces équilibrées du monde se rejoignent.)

Les ressources

 

Washing wheat- San Juan- Curtis - Vanné au grand air, le blé est placé dans des paniers distendus et plongé dans les eaux d'un acequia (canal d'irrigation). Les particules de terre sont ensuite dissoutes, les morceaux de paille flottants et les balles sont retirés. Après avoir séché au soleil, le grain est stocké dans des sacs.

winnowing wheat- San Juan -Curtis

Avant la colonisation les pueblos étaient agriculteurs, leurs cultures étaient le maïs, les haricots, les courges, les citrouilles, et aussi le tournesol et le tabac. Ils chassaient le chevreuil, le lion de montagne, l'antilope, l'ours, les lapins. Les hommes allaient parfois chasser le bison dans les plaines, les femmes  récoltaient des graines sauvages, des noix, des baies.

Les espagnols apportent avec d'eux d'autres ressources alimentaires qui seront rapidement intégrées par les pueblos : luzerne, blé, moutons, bétail.

Ils pratiquent l'irrigation avec des barrages et des terrasses.

Ils faisaient partie d'un vaste réseau de communication allant dans toutes les directions, échangeaient avec les hispanophones et les commerçants américains. Ils échangeaient des objets en coquillage et du cuivre, de la turquoise.

L'artisanat

 

San juan pottery Curtis

L'artisanat dans le monde Pueblo est inséparable de la vie. 

L'artisanat est représenté par la poterie, le tissage, les masques en bois, les chants, les danses et les drames.

Ils ont suivi à partir de 1930 le grand renouveau artistique qui s'est créé à San Ildefonso en 1919.

L'artisanat est représenté par la poterie, le tissage, les chansons, les danses et les drames.

La poterie traditionnelle exprimait des croyances profondes , elle sera très appréciée dès le 20e siècle par un large public extérieur aux Pueblos. Ils élargissent leur design au 20e siècle et s'adaptent au marché international.

By Pomona Public Library, Fair use, https://en.wikipedia.org/w/index.php?curid=18904759

los matachines- By Larry Lamsa - Los Matachines, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27967635

De nos jours

Les habitants travaillent dans les villes proches.

L'artisanat surtout la poterie est une activité économique importante.

Le pueblo accueille une coopérative autonome Oke Oweenge pour les artistes.

Des revenus proviennent de la location de bâtiments et de terrains, d'une station service, d'une opération de bingo de ressources en gaz et en pétrole.

La langue est encore parlée, mais le taux croissant de mariages mixtes avec des non -amérindiens et d'autres peuples menace la culture. Les couples vivent souvent loin du village.

Les problèmes de santé actuels sont l'alcoolisme et la consommation de drogues.

Les hôpitaux du service de santé indien coopèrent souvent avec des guérisseurs autochtones.

La famille nucléaire est l'unité sociale de base.

Des recours juridiques pour les droits à l'eau sont en cours.

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Nouveau Mexique, #Peuples originaires, #Okay owingeh

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