Brésil- La lutte Guarani pour les terres de Jaraguá

Publié le 6 Septembre 2017

Sao Paulo, Brésil Les indigènes guarani de Jaraguá sont dépouillés de leur territoire et ils ont installé un piquet de grève en face du Ministère de la Justice du Brésil et ont fait irruption dans le bureau de la présidence de la République à Sao Paulo pour exiger qu'il leur soit rendu

Dans la lutte pour la démarcation de leurs terres, les Guaranis ont réalisé l'occupation de l'édifice du Secrétariat de la Présidence de la République ces derniers jours et ont pris les rues de l'avenue Paulista lors d'une manifestation qui a compté avec le soutien des indigènes Guaranís kaiowá du Mato Grosso do Sul et d'autres ethnies de Sao Paulo.

Par un ordre judiciaire du 21 août 2017 le ministre de la justice,Torcuato Jardin, a fait marche arrière sur le 1er Article de la déclaration n° 581 décrété en mai 2015 et qui octroyait la possession permanente à des indigènes Guaranis du territoire de Jaraguá avec une surface de 532 hectares.

En 1987, le gouvernement fédéral a approuvé une superficie pour les indigènes de 1.7 hectares, qui est un espace plus petit que l'équivalent de deux terrains de football, le plus petit territoire d'un groupe indigène. Après beaucoup de pression, presque trente ans après, la communauté guarani a obtenu les 532 hectares, ce terrain même que deux ans plus tard ils cherchent à leur enlever en argumentant “une erreur administrative” en 2015.

L'exigence du campement en face du Ministère de la Justice consiste en ce que soit révoquée la détermination  683/2017 publiée le 21 août 2017 dans le Quotidien de la Fédération , dans laquelle le ministre annule la démarcation de ce territoire ancestral ce à quoi le Ministère de la Justice répond à la commission guarani que la loi est claire et sa détermination à des fondements clairs. “C'est un parc d'état et on ne peut pas envahir des terres de l'État ou de la municipalité”.

Le village appartient à la municipalité de Sao Paulo et Osasco. Sur les flancs du parc Jaraguá on peut apprécier l'avancée de l'industrie immobilière et ces terres, ils les prétendent à eux pour une plus grande expansion de cette industrie. Le même sort peuvent attendre les autres peuples autochtones de ce pays à qui on a déjà reconnu leurs terres, surtout où il y a des projets extractifs, la monoculture, l'élevage et le secteur touristique - immobilier. La Constitution du Brésil considère seulement deux modalités de possession de la terre, les terres publiques et les terres privées, il n'y a pas de possession collective de la terre, en tout cas, “les indigènes sont les seuls utilisateurs de leur terre, mais celles-ci appartiennent à l'État”.

Le leader David Karai Popyguá signale dans un entretien avec Brésil de Fato, l'importance que la société comprenne la situation : “Notre lutte est la perception de l'État, de la dette historique pour le retrait de notre territoire, mais les gens vont résister, les gens ne vont pas renoncer à notre mode de vie et accepter que l'on nous impose de passer le reste de notre vie dans ces 1.7 hectares, sans le droit d'apprendre à nos enfants la plantation et la récolte, la manière d'apprendre à travailler avec la terre”.

La question du territoire affecte différentes formes de la vie des indigènes. Par exemple, la pêche a dû à s'adapter. Maria de los Santos, guarani Arapotu qui vit dans la communauté depuis 26 ans, nous dit qu'ils ont dû créer des étangs et faire de l'aquaculture.

Tandis que les menaces du ministre montent de ton : "Vous pouvez être accusés à tout moment devant la justice pour rendre les terres. Il est nécessaire de posséder une sécurité juridique et vous n'avez pas cette sécurité juridique de terre de Jaraguá (…). La terre est à vous, mais aujourd'hui elle est juridiquement à l'État. J'ai affronté des pressions immenses des fractions du parlement qui ne sont pas de votre côté”, s'en  est-il pris.

Karai Popyguá, porte-parole et professeur indigène Guarani, sachant qu'il n'est pas un spécialiste en droit agraire, répond au ministre, “depuis bien avant la constitution de cet État nous étions déjà ici et vous nous dite à ce sujet, qu'un parc est plus ancien que notre existence (…) vous nous avez pris le droit de continuer par la voie légale”.

“Nous allons lutter avec notre vie, Ministre. Parce que, au lieu d'annuler la démarcation, vous devrez envoyer un tracteur là (au village), creuser un trou et nous enterrer, mais nous n'allons pas sortir de nos terres“, a remarqué avec rage le porte-parole indigène du village Jaraguá.

traduction carolita d'un article paru dans Desinformémonos le 3 septembre 2017 : 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Guaranis, #pilleurs et pollueurs

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