Poésie amérindienne : Louise Erdrich

Publié le 23 Septembre 2017

Par slowking4 — Travail personnel, GFDL 1.2, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42944833

Karen Louise Erdrich est née en 1954 à Little Falls dans le Minnesota (EU).

Elle écrit des romans, des poésies, des livres pour la jeunesse et les enfants.

C'est une figure emblématique de la littérature américaine, appartenant au mouvement de la renaissance amérindienne.

Sa mère est Ojibwé (Chippewa) et son père germano-américain, elle grandit dans le Dakota du nord, ses parents travaillaient au bureau des affaires indiennes (BIA).

Elle vit à présent dans le Minnesota où elle est propriétaire d'une librairie indépendante qui porte le nom de Birchbak books.

Elle a obtenu de nombreuses récompenses et prix pour son travail, son roman L'amour sorcier (Love medecine) a reçu plusieurs prix dont celui du meilleur roman.

LA PETITE MAISON DE BOULEAU

On l'appelait Omakayas, ou Petite Grenouille, parce que son premier pas avait été un saut. C'était une petite fille alerte de sept hivers, une fille réfléchie aux yeux bruns et brillants, et au grand sourire, auquel il ne manquait que les deux dents de devant. Elle toucha sa lèvre supérieure. Elle ne s'était pas encore habituée à ce trou dans sa bouche et avait hâte que de nouvelles dents d'adulte viennent compléter son sourire. Fidèle à son nom, Omakayas observa un long moment l'étendue marécageuse qui scintillait à ses pieds, prit son élan et sauta. Un monticule. Sauvée. Omakayas bondit de nouveau. Cette fois, elle atterrit en haut, tout en haut d'une vieille souche pointue. Elle demeura en équilibre et regarda autour d'elle. L'eau du lagon dessinait des croissants chatoyants. D'épaisses touffes d'herbes ondoyaient. Les tortues de vase faisaient la sieste au soleil. Le monde était si calme qu'Omakayas s'entendait cligner des yeux. A peine le chant doux et solitaire d'un bruant à gorge blanche qui perçait la fraîcheur des bois qui les entouraient.
Tout d'un coup, Grand-mère s'exclama :
- Je l'ai trouvé !
Cela fit sursauter Omakayas, qui glissa, fit de grands moulinets avec les bras, tituba mais parvint à retrouver l'équilibre. Deux grands bonds, un petit saut et la voilà sur la terre ferme. Posant les pieds sur les feuilles et la mousse gorgées d'eau, elle pénétra dans les bois où les chants des moineaux en train d'installer leurs nids se relayaient en canons délicats.
- Où es-tu ? appela Nokomis de nouveau. J'ai trouvé l'arbre !
- J'arrive, répondit Omakayas à sa grand-mère.
On était au printemps et il était temps de couper l'écorce du bouleau.

Omakayas de Louise Erdrich

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