Mexique - C'est l'heure des peuples indigènes

Publié le 21 Mars 2017

CDH De La Montaña Tlachinollan

Dans la ville de México des membres des peuples autochtones rarámuri, nahua, purhépecha, totonaco, me’phaa, na savi, zapoteca, mixe, mixteco, chinanteco, chocholteco, ikjoot, ñañú, chontal, tzeltal, lacandón, chol, chuj, maya, de 87 communautés et des organisations de 14 états, nous nous sommes réunis pour analyser le nouveau contexte dans lequel se trouve le pays face à l'arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis et devant l'épuisement du modèle néolibéral basé sur le libre-échange.

Nous analysons les menaces distinctes de nos territoires : industrie minière, exploitation pétrolière, fracking, gazoducs, barrages hydroélectriques, petites installations hydroélectriques, parcs éoliens, aires naturelles protégées et programmes de conservation officielle de la nature, cultures transgéniques, projets immobiliers et des mégaprojets d'infrastructure, de routes, de complexes touristiques, de la criminalité organisée et nous partageons les stratégies distinctes de la défense que nous avons utilisée depuis nos communautés, ejidos et villages.

Nous analysons aussi les menaces sur notre identité en tant que peuples autochtones, sur notre culture, sur notre langue, sur notre système de droits, de systèmes normatifs, de fêtes et d'institutions.

Nous soutenons que le modèle néolibéral impulsé pendant les trente dernières années a provoqué la dévastation de la nature, et la destruction de la plantation industrielle et agricole, la surexploitation de la force de travail, la contamination environnementale, a augmenté la pauvreté dans les campagnes, a forcé à la migration aux États-Unis, a provoqué d'énormes dommages sur la santé humaine et a généré une ambiance de crime et de violence dans les zones rurales.

L'État mexicain, en concubinage avec les corporations nationales et transnationales a réformé des lois pour dépouiller les peuples autochtones et les paysans de leurs territoires : les réformes de l'article 27 Constitutionnel, à la loi minière, à la loi des eaux et dans les dernières années les lois énergétiques et extractives, la loi forestière, les propositions de lois de sécurité intérieure, entre autres.

Les tentatives de spoliation de nos territoires en faveur des corporations se sont accompagnées de l'augmentation de la violence et de la criminalité organisée, qui agit souvent liée tant aux appareils de gouvernement, de l'armée, de la marine, qu'aux corporations patronales.

Nous exigeons de l'État mexicain :

Le respect pour nos territoires et pour les décisions sur l'usage de nos biens naturels.

Arrêter la répression et la violence contre les peuples et les communautés qui défendent leurs territoires; que cesse le harcèlement contre les nôtres et nos leaders; respecter nos instruments et nos formes d'organisation pour la défense de nos formes de vie et de territoires.

Nous exigeons la liberté de toutes les prisonnières et de tous les prisonniers politiques. Nous exigeons la justice  face à l'impunité et des crimes de l'État sur nos communautés et dans nos régions. L'arrêt des disparitions, des assassinats, des emprisonnements, des détournements et des séquestrations.

Nous repoussons catégoriquement la militarisation du pays et la suspension des garanties individuelles qui cherche à être légalisée par la Loi de Sécurité Intérieure actuellement en discussion au Congrès.

Nous nous opposons aux nouvelles attributions de la gendarmerie qui cherche à usurper le contrôle de nos territoires.

Nous concluons que :

C'est le temps des peuples indigènes!

Les peuples autochtones nous défendons la vie pour tous.

Aujourd'hui plus que jamais nous ne permettrons pas qu'ils nous dépouillent de nos terres et de nos biens naturels.

Les terres ne se vendent pas.

Nous reconnaissons

La participation précieuse des femmes indigènes dans la défense de nos territoires et de nos biens communs. Nous reconnaissons la responsabilité des jeunes femmes et jeunes hommes pour continuer avec les luttes des peuples

Le modèle néolibéral qui a poussé l'État mexicain les trente dernières années prend l'eau grâce aux changements dans le contexte international. Ce modèle a sacrifié les peuples autochtones et la majorité de la population pour faire du bien aux corporations et à ses Forces Alliées. La destruction qu'ils ont provoquée ne peut pas continuer au risque de raser ce qu'il reste encore des territoires, des peuples autochtones, de la nature, de l' atmosphère, des biens naturels, de la vie paysanne, des vestiges archéologiques, de l'histoire, de la culture. C'est pourquoi les peuples autochtones nous sommes déterminés à ne pas permettre qu'il continue la destruction.

Nous nous engageons à :

Défendre nos territoires. Nous ne permettrons pas l'invasion et la destruction de nos terres, des biens naturels, de l'eau, des forêts, des rivières, de la biodiversité et de l'histoire.

Maintenir le contrôle des territoires de nos communautés, de ejidos et des villages, en révisant la situation de nos documents et en parcourant nos frontières, en évitant la vente ou la rente des terres à des personnes étrangères à la communauté.

Fortifier notre organisation conformément à nos structures communautaires et nos institutions comme peuples autochtones. Garantir nos assemblées comme autorité maximale, élaborer nos statuts communs et règles ejidales pour qu'elles fortifient nos accords et nos normes. Utiliser tous les instruments organisationnels que nous croyons utiles pour défendre notre territoire et pour garantir sa sécurité.

Exercer l'autonomie et la libre détermination sur nos territoires, pousser l'esprit communal, éviter que nos langues soient perdues en les utilisant, en les apprenant à nos filles et à nos fils et essayer de les revitaliser dans les communautés dans lesquelles elles ont été perdues.

Soigner et respecter la nature en évitant la contamination et la destruction de nos biens naturels, utiliser notre territoire conformément à l'enseignement de nos ancêtres en cherchant à ne pas faire mal, à ne pas détruire la nature.

Utiliser les stratégies distinctes organisationnelles, politiques, juridiques, de mobilisation sociale pour maintenir l'intégrité de nos territoires et pour éviter leur usurpation et leur spoliation.

Nous nous solidarisons activement avec les luttes de nos soeurs et de nos frères indigènes dans les régions distinctes du pays.

Chercher les façons de nous relier et d'établir des alliances et des liens avec d'autres communautés et mouvements pour nous appuyer et pour créer les réseaux qui permettent de fortifier chacune de nos luttes.

C'est l'heure des peuples indigènes !

Oaxaca de Juárez, Cuilapan de Guerrero, Santa María Zapotitlán, Guadalupe Victoria Yautepec, San Miguel Chongos, Santa Lucía Mecaltepec, Paso de la Reyna Yautepec, Nativitas Coatlán, San Cristóbal Suchixtlahuaca, Nochixtlán, Santa María Matamoros, Buenavista, Guanacastle, Chicava, Santiago Yosondúa, San Juan Jaltepec de Candayoc, María Lombardo de Caso, San Juan Petlapa, San Juan Bosco Chuxnaba, San Pedro Ocotepec, San Pedro Yaneri, Nativitas Coatlán, Santiago Lachiguiri, San Miguel Tiltepec, Asunción Lachixila, San Gaspar Yagalaxi, San Isidro Reforma, San Juan Yagila, Guelatao de Juárez, San Dionisio del Mar, Santiago Tlatepusco, Yalalag, Villa Hidalgo, Oaxaca; Atlapulco, Estado de México; Cherán, Pátzcuaro, Santa María Ostula, Michoacán; Nueva Vida, Calakmul, Hopelchén, Campeche; Zoatecpan, Xochitlán, Puebla; Tehuerichi, Huitosachi, Chihuahua, Chihuahua; Chicoasén, Candelaria el Alto, San Francisco Teopisca, San Cristóbal de las Casas, Monterrey Villa de Corzo, Gabriel Espino San Fernando, Nueva Palestina, Tziscao, Lacanja Chansayab, Ocosingo, Bachajón, Chilón, Chiapas; Zacualpan, Colima; Nuevo Jerusalén, La Buena Fe, Blanca Flor, Bacalar, Quintana Roo; Tlapa, Zitlaltepec, San Miguel del Progreso, La Parota, Guerrero; Chablekal, Mérida, Yucatán; Huayacocotla, Veracruz; Tepoztlán, Morelos.

 

Assemblée Nationale des Affectés Environnementaux (Asamblea Nacional de Afectados Ambientales)

Centre d'Etudes pour le Changement dans la Campagne Mexicaine (Centro de Estudios para el Cambio en el Campo Mexicano)

Centre National d'Aide aux Missions Indigènes (Centro Nacional de Ayuda a las Misiones Indígenas)

Conseil des Peuples Unis en défense du Rio Verde (Consejo de Pueblos Unidos en Defensa del Río Verde)

Conseil Indigène pour la Défense du Territoire de Zacualpan (Consejo Indígena por la Defensa del Territorio de Zacualpan)

Conseil Régional des Autorités Agraires en défense du Territoire de la Costa Chica et de la Montagne de Guerrero (Consejo Regional de Autoridades Agrarias en Defensa del Territorio de la Costa Chica y Montaña de Guerrero)

Consultoria Ttécnica Comunitaria

Développement Economique et Social des Mexicains Indigènes (Desarrollo Económico y Social de los Mexicanos Indígenas)

Education, Cuturel et Ecologie (Educación Cultura y Ecología)

Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de las Casas (CDH Fray Bartolomé de las Casas)

GRAIN

Groupe ETC (Grupo ETC)

Institut de Formation Continue Paysanne ( Instituto de Formación y Capacitación Campesina)

Indignation (Indignación)

Jeunes face à l'Urgence Nationale (Jóvenes ante la Emergencia Nacional)

La Via Campesina

Radio Zapote

Services du peuple Mixe ( Servicios del Pueblo Mixe)

Tequio Jurídico

Centre des Droits Humains de la Montagne Tlachinollan (Centro de Derechos Humanos de La Montaña Tlachinollan)

Unité Indigène Totonaque /Nahuatl ( Unidad Indígena Totonaca Náhuatl)

Union Nationale des Organisations Régionales Paysannes Autonomes Chiapas (Unión Nacional de Organizaciones Regionales Campesinas Autónomas-Chiapas)

Union Nationale des Organisations de la Sierra Juarez de Oaxaca (Unión Nacional de Organizaciones de la Sierra Juárez de Oaxaca.)

Traduction carolita d'un article paru dans Desinformémonos le 20 mars 2017 :

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #indigènes et indiens, #Mexique, #pilleurs et pollueurs

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