Le troublant passé judiciaire du commissaire d'Aulnay-sous-Bois
Publié le 14 Février 2017
Cet ancien chef adjoint de la brigade anticriminalité de nuit à Paris a été condamné, en 2008, pour «non-empêchement d'un délit» dans une sordide affaire de violences policières.
Les quatre policiers mis en examen, l'un pour viol et les autres pour violences volontaires en réunion après la violente interpellation de Théo, appartiennent à une brigade de sécurité de terrain (BST), rattachée au commissariat d'Aulnay-sous-Bois. Coïncidence troublante, l'actuel commissaire divisionnaire, qui règne aussi sur tout le district nord-est de la Seine-Saint-Denis, a déjà été mis en cause dans un scandale de violences policières. L'affaire remonte au 19 février 2004. Le commissaire Vincent Lafon est alors chef adjoint de la brigade anticriminalité de nuit à Paris (BAC 75N). Au petit matin, à Barbès, ses hommes repèrent un conducteur en état d'ébriété qui brutalise la jeune femme assise à ses côtés dans une Opel Corsa qui file à toute allure. Débute alors une «chasse», comme on dit dans le jargon policier, avec des pointes à 150 km/h. Des renforts sont appelés. La coursepoursuite se termine 30 kilomètres plus loin, lorsque le chauffard heurte le muret d'une bretelle d'autoroute, à hauteur de Créteil. Il refuse toujours d'obtempérer, redémarre, renverse et blesse des policiers. Finalement extrait de l'habitacle et tabassé, il finit sur le goudron, pantalon et slip baissés, un cerceau d'enjoliveur entre les fesses. Bilan : un nez cassé, sept jours d'ITT. Les policiers, accuse-t-il, l'ont « menacé de sodomie ». La scène a bien été filmée, mais l'inspection générale des services (IGS), immédiatement saisie, ne parvient pas à mettre la main sur les images, détruites.
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Le troublant passé judiciaire du commissaire d'Aulnay-sous-Bois
Cet ancien chef adjoint de la brigade anticriminalité de nuit à Paris a été condamné, en 2008, pour "non-empêchement d'un délit" dans une sordide affaire de violences policières.
http://www.humanite.fr/le-troublant-passe-judiciaire-du-commissaire-daulnay-sous-bois-632010
A propos de cet article de la journaliste Rosa Moussaoui pour le journal l'Humanité, cette dernière communique sur sa page fb les faits suivants :
Je n'aime pas les "faits alternatifs", je déteste la pression et je ne supporte pas la menace. Ce matin, sur France Inter, à propos de mon enquête sur le commissaire d'Aulnay-sous-bois, Céline Berthon, la secrétaire générale du syndicat national des commissaires de police, reproche à l'Humanité de dresser un parallèle entre la condamnation de ce policier en 2008 et les faits survenus à Aulnay. Je ne dresse aucun parallèle. Je rapporte des faits, que j'estime devoir être connus du public.
"Parfois on doit rendre compte de faits ou d'événements pour lesquels nous ne sommes malheureusement pas là mais parce que nous sommes les chefs, nous sommes responsables", dit-elle encore. C'est faux. Le policier en question a été condamné pour des faits auxquels il a assisté en 2004. Les décisions de justice en témoignent.
Enfin, après le mensonge, la menace. Furieuse de voir circuler l'identité du commissaire d'Aulnay, la secrétaire générale du syndicat policier laisse entendre que des poursuites pénales pourraient être envisagées : "Nous mettons en garde ceux qui se livrent à ce type de procédés aujourd'hui sur le fait qu'ils sont dans une mise en danger de la vie d'autrui".
Si j'ai choisi de mentionner son identité, c'est que ce policier lui-même se met en scène dans des médias locaux, dans des vidéos postées sur le web, visibles par tous. Les médias relatant l'affaire de 2004 et le jugement de 2008 mentionnent tous son nom. Par ailleurs, c'est aujourd'hui un important cadre policier de Seine-Saint-Denis, dont le nom est mentionné dans les organigrammes. J'ai en revanche choisi de ne pas mentionner les noms des autres policiers condamnés dans "l'affaire de l'enjoliveur", publics eux aussi.
L'accusation de mise en danger de la vie d'autrui est très grave et dans le contexte, elle est chargée de sens. Elle ne vise rien moins qu'à intimider les journalistes, à les dissuader d'enquêter sur les pratiques policières. J'y vois une insupportable mise en cause de la liberté de la presse, du libre exercice du métier de journaliste.
Quand les journalistes font le travail qu'ils doivent faire c'est à dire enquêter et informer sur des faits, il faut le dire et les soutenir.