Le chien laineux des peuples Salish de la côte

Publié le 13 Décembre 2016

By Paul Kane - http://images.rom.on.ca/public/index.php?function=image&action=simpledetail&image_name=ROM2005_5163_1, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48089577

 

Les peuples du groupe de langues salish qui vivaient (et vivent encore pour la plupart) sur un vaste territoire de la Colombie britannique au Canada et au nord de l'état de Washington aux Etats-Unis ont développé un mode de vie très riche en arts et en domaines différents.

Ils étaient les seuls peuples il me semble d’Amérique du nord à élever des chiens pour leurs poils ou fourrure, pour les tisser et en faire des couvertures ou des habits.

Les chiens n’étaient pas tués contrairement à ce que l’on peut voir avec le xolotzcuintle des Aztèques et  même ils recevaient des soins particuliers.

Cette race de chien ne porte pas de nom précis, on les appelle chien laineux ou Salish wood dog.

Cette race est éteinte de nos jours.

C’était une sorte de spitz ou loulou élevé uniquement sur le territoire des Salish. Certainement ce chien a du sang en commun avec des races de chiens nordiques pour posséder une fourrure adaptée au froid.

C’est la seule race préhistorique d’Amérique du nord ayant été élevée avec le chien coyote qui servait de gardien des villages chez les Salish également.

Ils étaient nourris avec des restes de saumon frais ou cuit. Parfois les Salish ajoutaient du foie ou du suif à leur ration afin de permettre d’obtenir un poil bien brillant.

Pour garder la race pure avec son abondant et blanc pelage, les Salish les gardaient en petits troupeaux de 12 à 20, séparés des autres chiens sauvages et confinés dans des fosses clôturées ou des grottes fermées pour les faire reproduire une fois dans l’année au moment de l’œstrus.

pour situer les peuples Salish sur la carte - Par Arct — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3339927

pour situer les peuples Salish sur la carte - Par Arct — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3339927

Les couvertures des Salish

Elles étaient célèbres dans la région du nord de l’Amérique, uniques dans leur composition et le savoir-faire développé par les femmes à ce sujet.

On trouve sur le site archéologique de Milliken en Colombie Britannique un fuseau de pierre vieux de plus de 700 ans. Des sites datés de 4500 ans fournissent la preuve du tissage également.

Le matériau constitué par le poil des chiens était un matériau difficile à recueillir. Les chiens étaient tondus comme des moutons en mai/juin, la fourrure était très épaisse.

La fourrure était lavée, nettoyée en battant avec de la terre de diatomée ou des argiles blanches du type kaolin comme cela est fait avec la laine des moutons elle était cardée en utilisant des peignes en bois puis filées sur un bâton de  3 ou4 pieds avec un fuseau whorl attaché. La longue extrémité du bâton était frottée sur la cuisse pour faire un fil fin, doublé et tordu en 2 fils.

Les couvertures ensuite étaient tissées sur un métier à 2 barres, de 4 à 5 pieds de haut appuyé contre un mur.

Les couvertures étaient frangées aux extrémités.

Les dessins comportaient des rayures, des zigzags, il y avait aussi des plaids.

Les femmes ajoutaient des fibres végétales, des poils de chèvres des montagnes, des plumes, du chanvre indien, des orties, des gousses d’asclépiade, de la peluche de coton, du fil de cèdre pour changer la qualité du fil et  ainsi l’étendre.

Les couleurs

Plusieurs plantes et matières permettaient de teinter la laine :

Racine de raisin d’Oregon (mahonia aquifolium) : teinture vert/ jaune (racine toxique)

Argiles bleues et vertes

Lichen rouge échangé ou tiré des falaises de basalte : rouge

Ecorce d'aulne : rouge/marron

Les couvertures de cérémonie étaient très recherchées dans les potaltch, le système économique de redistribution des richesses que pratiquaient les Salish, les couvertures étaient aussi précieuses que les esclaves. 8 couvertures pouvaient acheter un esclave.

Lors des visites d’étrangers, le chef d’une maison longue empilait le long des toits les couvertures, preuves du prestige d’un homme qui pouvait commander cette compétence parmi sa famille élargie

Les femmes qui avaient les connaissances essentielles pour cet art n’étaient pas très nombreuses, cela leur permettait également d’obtenir le respect et de s’émanciper plus ou moins. Elles transmettaient leurs connaissances à certaines initiés mais aussi elles employaient les esclaves.

Souvent seuls les gens nobles pouvaient posséder les chiens et les outils pour le tissage.

ci-dessous un lien pour voir une couverture ainsi que les ustensiles utilisés : 

Savoir perdu, race éteinte, peu d’objets encore existant dans le monde

 

Avec les premiers contacts avec des européens, les peuples autochtones sont presque décimés, avec eux leurs savoirs ancestraux.

Le croisement de leur petit chien blanc avec d’autres races de chiens importées par les colons va diluer la race et provoquer son extinction irréversible.

Le dernier chien à laine est mort en 1940.

 De même avec la colonisation, le commerce de fourrures débute et en 1850, la compagnie de la baie d’Hudson vend des couvertures en laine de mouton qui sont plus imperméables, plus chaudes que celles des Salish et deviennent vite populaires.

Les moutons sont introduits sur le territoire plus tard.

Les couvertures Salish uniques ont quasiment disparu, il n’en resterait qu’une dizaine dans le monde.

Une photo de 2 filles Salish récemment découverte dans les archives du musée de Chilliweck, prise dans les années 1895/1987 montre un chien semblable aux artéfacts, je pense que c’est cette photo ci-dessous : 

 

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