" Déclaration de guerre pour le Mexique et les mexicains, le triomphe de Trump" : Laura Carlsen

Publié le 11 Novembre 2016

Ville de México | Desinformémonos. Le Mexique est sans doute le pays le plus affecté du monde par le triomphe du républicain Donald Trump lors des élections pour la présidence des États-Unis. Sa victoire, analyse Laura Carlsen, enquêteuse et analyste experte dans les relations Mexique - États-Unis, “est une déclaration de guerre contre le Mexique et les Mexicains, en raison de tout ce qu'il a dit contre ce pays dans sa campagne”. Il peut ne pas accomplir ses menaces, ajoute-t'elle, “mais tout ce qu'il a dit contre le Mexique a été le sujet central de sa campagne et a été ce qui a eu le plus de résonance, il  ne sera donc pas si facile de changer ces propositions"..

Interviewée par téléphone depuis l'aéroport de Washington, où elle a observé et couvert les élections les plus polémiques de l'histoire des États-Unis, la directrice du Programme des Amériques et aussi chroniqueuse de Desinformémonos, prévient que dès que Trump assumera le poste, il n'aura pas besoin de l'approbation du congrès.

il peut commencer avec la déportation d'environ 11 millions de personnes sans papiers d'identité, la plupart d'entre eux mexicains, il peut aussi révoquer le droit de rester dans le pays aux enfants de Mexicains, et de geler les envois de fond, comme il a menacé qu'il le ferait si le Mexique ne payait pas le mur.

Geler les envois de fond, explique celle qui est aussi collaboratrice du New York Times, de The Nation, New Internationalist, Latin Trade, “ce serait une catastrophe pour les économies, puisque nous parlons de plus de 24 milliards de dollars par an qui sont dirigés vers les familles les plus pauvres du Mexique qui dépendent de ces envois pour leur survie”.

En ce qui concerne la construction du mur polémique à la frontière avec le Mexique (l'autre) que Trump a promis qu'il serait financé par les Mexicains, Carlsen éclaircit qu'il ne pourra pas le construire sans l'approbation du Congrès, mais l'inquiétant consiste en ce que cette proposition était validée par des secteurs importants de la citoyenneté nord-américaine.

Une autre préoccupation importante que remarque l'analyste qui a obtenu son diplôme à l'Université de Stanford est la campagne de haine et l'augmentation de la violence contre les Latinos et les gens de couleur aux États-Unis. Il y a des rapports d'avant les élections, remarque -t-elle, “dont une augmentation des crimes de haine et le fait que Trump en campagne a revendiqué le racisme dans ses formes les plus brutales", ce qui amènera plus de violence contre les migrants, qui en ce moment sont le secteur le plus concerné.

Devant ce panorama, Laura Carlsen, qui est aussi experte dans le Plan Mérida, attend “une réponse organisationnelle des migrants, bien qu'aujourd'hui ils soient dans une situation de vulnérabilité maximale."

D'autre part, elle souligne que le triomphe de Trump lui a donné “un vote misogyne”, dans un contexte dans lequel beaucoup d'hommes et de femmes considèrent qu'une femme ne peut pas gouverner ni être président. “Trump a gagné par dix points le vote des femmes blanches. Comment cela s'explique t-il si nous parlons d'un homme qui n'a même pas mentionné le nom d'une femme pour son cabinet, ce qui est simplement un indicateur du dédain qu'il a envers la femme ?, s'interroge l'interviewée .

Trump “est un homme accusé d'attaques et de violations sexuelles et cependant un secteur important de femmes blanches a voté pour lui, mais non les femmes latines et de couleur. Dans beaucoup d'états c'était le vote des femmes qui a décidé de sa victoire, ce qui est très rare parce que cela veut dire que toutes les enquêtes d'opinion étaient mauvaises, que les gens ou n'ont pas répondu avec honnêteté ou ont changé leur décision au dernier moment”.

Carlsen a été témoin de la journée électorale dans les rues de Washington, où toute la matinée du mardi 8 novembre “les gens participaient avec un bon esprit et donnaient l'impression que tout allait bien pour Clinton, mais au cours des heures la situation a changé et les états antérieurement industrialisés qui ont souffert de la transition économique et qui sont traditionnellement démocrates, comme le Michigan, l'Ohio et le Wisconsin, se sont incroyablement retournés pour Trump."

Connaisseuse du système politique américain de partis,l'enquêteuse souligne qu'Hilary Clinton a gagné le vote populaire, ce qui représente  “ la cinquième fois dans l'histoire dans laquelle le Bureau de vote arrache le triomphe de la personne qui a gagné le plus grand nombre de votes”. Cette donnée, rapporte Carlsen, fait comprendre qu'aux États-Unis “il n'y a pas de système démocratique dans lequel la majorité décide de la présidence du pays, de cette façon Hillary a les votes, mais elle ne peut pas gouverner”.

Le discours mesuré de Clinton qui a reconnu son échec le matin de ce 9 novembre, s'inscrit dans l'urgence “d'essayer de donner une sécurité aux marchés internationaux et aux autres gouvernements du monde, bien que ceci soit très difficile parce que tous savent que Donald Trump n'est pas capable de gouverner. C'est donc la chute”,
rapporte l'interviewée sur le point de prendre l'avion qui la ramènera au Mexique.

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
G
Pourtant si Trump détruit l'ALENA il détruira le carcan néocolonial dans lequel le Mexique est tombé depuis 1994 ... Trump ne le sait pas mais il est en fait un ami du Mexique !
C
Ce serait bien en effet qu'il détruise l'alena.....