La poésie s’écrit avec l’alphabet des vagabonds (Radovan Ivsic)
Publié le 30 Août 2016
Je vais partir sur les terres
Oui
Je n’ai pas le choix
J’ai plié dans une feuille de rhubarbe
Deux larmes d’obsidienne
Deux lamelles de pensée
Et une crosse de fougère-aigle
Un quignon de pain rassis
Deux gouttes d’eau récoltée dans une gouttière
Je voyage léger
Le chemin de traverse est mon compagnon
Sur le quai j’ai laissé une valise avec mon nom
C’est au cas où l’on aimerait me suivre
Se rappeler qui j’étais qui je suis qui je fus ici bas.
L’alphabet est comme une canne en bois précieux
Chaque jour il dicte la ponctuation
C’est parce que je suis poète vous savez
Je vagabonde j’erre je tourne et vire
Je n’ai jamais de but
L’horizon est ma télévision
Les oiseaux sont de merveilleux acteurs
Les nuages mes couvre-chef
Et mes oreillers douillets.
Je vais vous conter ma façon de voir les choses
Je vais vous faire l’alphabet à ma façon
Un zeste de rien
Une poignée de tout
Enroulés dans le ruban d’iris de la poésie
Je vous ferais un paquet bien ficelé
Et hop !
A vous de lire de vibrer de rêver.
Moi,
Mes lacets défaits
Mes souliers troués
Ma mémoire toujours vive
Je vais mon chemin
Une ballade en tête
Un petit aperçu d’écrit
Une muse aussi tendre qu’elle est lourde à porter
Un aigle toujours dans l’entre-porte
Je vais-je vais-je vais
Jamais ne revient
Toujours l’aventure
Ma compagne ma douillette
La mouillette de quignon
Dans un œuf de caille frais pondu.
Carole Radureau (30/08/2016)