Nanny ou la liberté pour les marrons jamaïcains
Publié le 30 Juillet 2016
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Gravure représentant la guerre entre l'armée britannique et les marrons, en Jamaïque
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Les noirs marrons ont leurs héros et parfois leur héroïne.
Nanny est celle de la Jamaïque, une grande figure emblématique de la résistance des noirs marrons au cours du XVIIIe siècle, tout comme le fut Zumbi dos Palmares au Brésil.
Le marronnage
Marron est le nom que l'on donne à une personne en fuite pour échapper à sa condition d'esclave, qu'il soit noir ou indigène car en Jamaïque, des indiens Taïnos aussi ont fui en marronnage avant d'être décimés des suites de la colonisation.
Les marrons sont les descendants d'afro caribéens qui ont connu l'esclavage, s'en sont libérés pour partir dans les montagnes ou dans des lieux difficiles d'accès pour y bâtir des communautés en s'inspirant de leurs traditions ancestrales. Souvent ces noirs marrons aux Caraïbes retrouvent des autochtones en fuite également et s'unissent à eux.
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Nanny
L'histoire de Nanny a été véhiculée par la voix orale mais des documents historiques attestent d'une vieille dame rebelle nommée Obeah et garantissent légalement que Nanny et ses compagnons ainsi que ses héritiers ont hérité d'une parcelle de terre de 500 acres dans la communauté de Portland où fut fondée la ville de Nanny town.
Nanny venait d'Afrique de l'ouest, du Ghana où elle était née aux alentours de l'année 1686 dans une tribu Ashanti. Elle est enlevée à sa terre et aux siens avec d'autres compagnons qui seront considérés comme ses frères pour aller vivre en condition d'esclavage en Jamaïque. Elle et les autres ont été vendus en tant qu'esclaves par des membres de leur famille impliqués dans des conflits inter-tribus.
Dès son arrivée en Jamaïque elle est vendue dans une plantation de St Thomas où se cultive la canne à sucre.
Nanny a été influencée durant son enfance par les récits des noirs marrons aussi elle et ses frères ne tardent pas à s'échapper de leurs plantations pour aller se cacher dans les Blue montains au nord de St Thomas.
La région des Blue montains est une région montagneuse accidentée et très boisée qui offrait un refuge aux marrons, aux Taïnos également réduits en esclavage. Grâce à un réseau de pistes, de repaires et d'établissements, les marrons pouvaient se sentir libres. Ils ont développé de fortes associations spirituelles avec ces montagnes exprimées encore de nos jours à travers des expressions culturelles immatérielles.
Nanny et ses frères se séparent pour organiser plusieurs communautés en résistance de part et d'autre de l'île. L'un d'eux fonde le village qui deviendra plus tard la ville de Cudjoe town, un autre Accompong town, Nanny et son frère Quao fondent les communautés de Portland. Nanny se marie à un noir nommé Adou.
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Attaques anglaises
Le village de Nanny subira maintes attaques des anglais. Selon les plans bien conçus de l'édification du village avec une seule entrée et une seule sortie, les noirs marrons peuvent lutter efficacement contre les soldats. Cudjoe mène en parallèle une rébellion d'esclaves en Jamaïque.
Vers 1720, Nanny et Quao contrôlent une aire dans les Blue montains nommé Nanny town s'étendant sur 500 acres (soit 2.5 km2) accordé aux esclaves en fuite.
La situation du village est stratégique et permet d'avoir une vue plongeante depuis les hauteurs et dominer facilement tout intrusion.
Des guetteurs étaient postés à des endroit stratégiques et donnaient l'alerte au moyen d'une corne nommée abeng.
Ils organisaient également des tours de surveillance.
Cette organisation était celle qui existe dans les tribus Ashanti en Afrique.
Moyen de subsistance
Les marrons organisaient également des raids dans les plantations pour récupérer les biens des esclavagistes et chercher des armes et de la nourriture.
Ils incendiaient les plantations et ramenaient avec eux des esclaves.
Pendant une période de 30 ans, Nanny aurait permis la libération de plus de 800 esclaves et les a aidés à installer une communauté marron.
Ils pratiquaient un commerce basé sur le troc de nourriture, d'armes et de vêtements permettant de faire vivre la communauté.
Ils vivaient également d'élevage de bétail et d'agriculture. Le climat de la Jamaïque s'adaptait en effet fort bien aux cultures que connaissaient Nanny en Afrique
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Jamaïque : Les montagnes bleues et monts John Crow - coco Magnanville
Par Wolmadrian - Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4124962 **** Il s'agit du premier site jamaïcain inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et non
http://cocomagnanville.over-blog.com/2016/07/jamaique-les-montagnes-bleues-et-monts-john-crow.html
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Obeah
Les marrons attribuaient à Nanny les talents de leadership à ses pouvoirs obeah.
Obeah est une dérivation de la religion africaine, de la magie occulte dans laquelle celui qui détient les pouvoirs est un soigneur et un conseiller, aide également les personnes possédées par un esprit. On rencontre cette forme de religion dans les Caraïbes (Jamaïque, Trinité et Tobago, Barbade) en Guyane, au Suriname, au Belize. C'est un mélange entre la magie blanche et la magie noire. Nanny avait malgré tout hérité le don de leader et son pouvoir de résistance de sa tribu d'origine Ashanti qui ont été de grands résistants face aux européens en Afrique de l'ouest et dans le Nouveau monde.
Nanny a des pouvoirs de guérisseuse et connaissait les herbes curatives ce qui lui permettait de pallier aux soins de sa communauté et explique aussi l'estime que celle-ci avait d'elle.
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image Les structures verticales symbolisent Nanny, entourée de ses guerriers marrons. Ce monument est également pensé de façon à produire un effet sonore, grâce aux cornes notamment, reproduisant le son de la corne abeng, utilisée par Nanny.
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La mort
La mort de Nanny est revendiquée en 1733 par un le capitaine Sambo ou William Cuffee, un "esclave loyal "qui l'aurait tuée au cours d'une attaque avec les forces briatnniques.
En effet, des esclaves nommés black shots ou Tirs noirs étaient recrutés dans les plantations pour faire ce boulot et ils étaient certainement motivés par des récompenses ce qui permettait aux planteurs de décourager les esclaves en fuite.
Quand Nanny disparaît en 1733, 300 marrons voyagent à pied à travers l'île pour rejoindre des marrons du gang Leeward dans une longue marche connue comme le grand trek de Portland à St James.
En 1734, un capitaine attaque ce qu'il reste de Nanny town et indique que le lieu est vraiment difficile d'accès et qu'il n'y a qu'une seule voie de disponible.
Pourtant c'est en 1739 que la parcelle de 500 acres est accordée à ses descendants dans la ville de Nanny town. Certains disent que Nanny est devenue une vieille femme morte de mort naturelle en 1760. La date de son décès reste un mystère en raison du terme de Nanny qui va être utilisé pour dénommer des personnalités d'importance.
Une tombe, Bump grave dans la ville de Moore town détient ses restes.
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Mémoire
Considérée de nos jours comme l'une des plus importants leaders de la résistance marronne en Caraïbe et une des rares femmes ayant eu cette fonction.
C'est aussi la seule femme à avoir trouvé une place au panthéon jamaïcain en 1975.
Son "portrait" orne le billet de 500 dollars jamaïcains.
Pour autant aucune image contemporaine n'existe d'elle.
Source : wikipédia et sur le net
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La Jamaïque avec Léonora Miano du 20 août 2014 - France Inter
La Jamaïque avec Léonora Miano du 20 août 2014 par Dorothée Barba en replay sur France Inter. Retrouvez l'émission en réécoute gratuite et abonnez-vous au podcast !
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