Lutte mondiale contre Chevron
Publié le 30 Mai 2016
Le Centre Europe-Tiers Monde (CETIM) lutte depuis de nombreuses années contre le pouvoir et l’impunité des multinationales. Il s’engage pour l’adoption de normes contraignantes afin de mettre fin aux violations des droits humains commises par ces entités. Dans ce cadre, le CETIM travaille en étroite collaboration avec l’Union des populations affectées par les activités de l’entreprise pétrolière Texaco-Chevron en Équateur (UDAPT). L’organisation équatorienne dénoncera les dommages causés par Chevron lors de son Assemblée annuelle, le 25 mai 2016.
La 3e journée d’action internationale contre Chevron a eu lieu le 21 mai 2016. A cette occasion, l’UDAPT a lancé plusieurs actions de sensibilisation concernant les violations des droits humains et environnementaux commises par la multinationale dans le monde. Les communautés affectées ont déclaré que le jour AntiChevron représente pour elles : « L’occasion de montrer la réalité vécue par les communautés qui subissent les abus du pouvoir des multinationales et l’impuissance des Etats face à ce pouvoir. »
A cette occasion, une nouvelle carte concernant les conflits environnementaux causés par la compagnie pétrolière est lancée sur le site l’Atlas de la Justice environnementale (EJAtlas). Cette carte met en lumière les luttes menées par plus de 30 communautés affectées, leurs avocats, les organisations et les militants qui les soutiennent.
La lutte emblématique des communautés autochtones et paysannes de l’Amazonie équatorienne montre combien il est difficile d’obtenir justice et réparation. Pendant 22 ans, elles se sont battues dans plusieurs juridictions, aux Etats-Unis, en Equateur, en Argentine, au Brésil, au Canada. Et même devant la Cour pénale internationale. Pourtant, aucune juridiction nationale n’a réussi à ce jour à obtenir le versement de la condamnation s’élevant à 9,5 milliards de dollars émise par la Cour Suprême de l’Equateur envers Chevron. Cette somme a pour but d’indemniser le pays pour les dommages causés en Amazonie équatorienne. Jusqu’à aujourd’hui, les codes concernant la responsabilité des multinationales adoptés sur une base volontaire se sont avérés inefficaces. Pour Pablo Fajardo, l’avocat principal de l’UDAPT: « Les multinationales ont le pouvoir d’établir les règles du jeu. Elles jouissent d’une impunité totale dans le monde entier. Elles empêchent également la mise en place de règles claires. Notre combat s’intègre dans les systèmes juridiques mondiaux. Ils sont injustes et inadaptés, mais nous devons lutter dans ce cadre-là. »
Humberto Piaguaje, leader indigène et coordinateur de l’UDAPT, présentera la carte mondiale des conflits environnementaux de Chevron à ses actionnaires. D’autres documents seront également remis lors l’Assemblée annuelle de la multinationale, le 25 mai 2016, au siège de l’entreprise, à San Ramon, Californie, aux États-Unis.
Nécessité de disposer d’un cadre juridique contraignant pour les multinationales
Face à l’impuissance des Etats, la société civile, les communautés affectées et les ONGs du monde entier doivent s’unir. Le combat commencé il y a des années dénonce les violations commises par les multinationales, demande réparation et se bat pour l’accès des victimes à la justice. Il est très important d’établir un cadre juridique contraignant qui demandera des comptes aux entreprises pour les dommages causés à la terre et aux populations. C’est pourquoi le CETIM se bat dans ce sens depuis plus de 20 ans à l’ONU. Le but est d’établir un mécanisme qui contribuera à mettre fin à l’impunité des multinationales. Cet instrument permettra d’améliorer la protection et le respect des droits humains à long terme et au niveau mondial.
Les multinationales comme Chevron représentent un danger pour la planète. Sans accès à la justice et à la réparation, les populations affectées continueront à souffrir de la maladie et de la mort. Les terres devenues infertiles et contaminées seront abandonnées. Humberto Piaguaje, dirigeant indigène et coordonnateur de UDAPT, affirme: « Nous n’avons qu’une terre, nous allons vivre et mourir ici, nous devons être conscients de nos actes».
Pour plus d’informations sur le sujet, consultez les documents suivants :
Violations des droits humains et accès à la justice pour les victimes de Chevron en Équateur