Les afro argentins

Publié le 23 Mars 2016

Les noirs d’Argentine ont subi le même processus d’invisibilisation que les indigènes dans un pays qui se voulait essentiellement de couleur blanche.

Pour autant, on ne peut nier que la traite négrière passa bien par-là, que ce soit avec l’Espagne et la Vice royauté du Pérou, que ce soit sous la Vice-Royauté du Rio de la Plata.

Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, les afro argentins constituaient même la moitié de la population de certaines provinces du pays et furent déterminants sur la culture nationale.

C’est vrai que comparée aux pays frontaliers comme l’Uruguay et le Brésil, la présence de personnes noires dans les rues argentines semble plus rare. La communauté afrodescendante s’est métissée au fil des générations et représente de nos jours entre 3 et 5% de la population du pays (1.5 à 1.8 millions de personnes).

La traite

Les populations autochtones furent vite démises par les contraintes du travail forcé auquel les soumettent les colons. S’ajoutent aux conditions de vie terribles les épidémies des premiers contacts qui font périre chaque fois un grand pourcentage de la population des pays colonisés. Il faut donc que les colons se tournent vers l’Afrique pour trouver une main d’œuvre à exploiter. En Argentine, les africains sont destinés à travailler dans l’activité minière et l’agriculture. Ils ont cet avantage d’avoir été déjà soumis aux maladies des blancs et d’être adaptés au climat tropical. A Rio de la Plata, la traite des esclaves débute dès 1588 par le biais de la contrebande. Le trafic continue en gravitant par le port de Buenos Aires.

La majorité des esclaves africains viennent des actuels états de l’Angola, de la république démocratique du Congo, de Guinée, de la république du Congo. Ils sont donc d’origine bantoue. Le chiffre de 60.000.000 d’africains transportés en Amérique pour la traite est avancé.

Sur ce chiffre, seuls 12.000.000 parviennent vivants à bon port.

En Amérique du sud, les principaux ports négriers sont Buenos Aires, Montevideo, Valparaiso et Rio de Janeiro.

Dans le Rio de la Plata, les esclaves partaient travailler dans l’agriculture et l’élevage, les tâches domestiques et un peu dans l’artisanat.

Dans les zones urbaines, les esclaves travaillaient à l’artisanat qui était revendu par leurs maîtres.

Le recensement de 1778 par Juan José de Vertiz y Salcado fait état d’effectifs très élevés dans les provinces à production agricole :

54% dans la province de Santiago del Estero

52% dans la province de Catamarca

46% dans la province de Salta

44% dans la province de Córdoba

42% dans la province de Tucumán

L’un des bas quartiers de la ville de Corrientes porte toujours le nom de Camba Cuá, un mot dérivé du guarani qui veut dire « grotte aux noirs ». A Buenos Aires à la même époque la zone la plus peuplée d’africains se situait dans le quartier de Montserrat, le quartier du Tambour.

illustration du métissage au fil des générations

Par Modesto Brocos — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3535604

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Les naciones (nations)

Les noirs argentins se groupaient en sociétés nommés naciones dont les nations Conga, Cabunda, Africana Argentina, Mozambique.

Leurs sièges étaient des lieux ouverts, artificiellement recouverts de terre battue pour la danse ou des endroits fermés avec un espace intérieur libre.

Les naciones avaient leur roi et leur reine, avec un trône dans un endroit en vue et orné d’un drapeau.

Les métis

Le métissage était classé à l’aide de termes par les autorités espagnoles selon les différents croisements. On trouvait les :

  • Mulato – mot dérivé de mule qui désigne le mariage d’un noir ou d’une noire avec un blanc ou une blanche.
  • Tercerón (terceron) : métis de blanc et de mulato.
  • Cuarterón (quarteron) : métis de blanc et de tercerón.
  • Quinterón (quinteron) : métis de blanc et de cuarterón.
  • Zambo : métis de noir et d’indigène.
  • Zambo prieto : d’une couleur noire prononcée.
  • Salto atrás (saut en arrière) : terme utilisé quand un enfant avait une couleur plus prononcée que celle de ses parents.

Pour la société argentine, avoir une cruza (croisement) dans son arbre généalogique était un défaut. Ceci empêchait l’ascension sociale ou discriminait certaines personnes.

Les témoignages à l’époque semblent admettre que les esclaves étaient néanmoins traités avec moins de cruauté à Buenos Aires et à Montevideo qu’ailleurs.

Au début des années 1800, c’est l’époque de la guerre d’indépendance de l’Argentine. Un corps d’esclaves était destiné à défendre Buenos Aires en cas extrême mais celui-ci n’avait pas d’armes pour se faire !!

Alors que se déroulent les offensives britanniques contre le Rio de la Plata, à Buenos Aires, les esclaves se soulèvent, encouragés par l’espoir du mouvement abolitionniste en Angleterre et croyant que le corps expéditionnaire britannique était venu pour leur offrir la liberté !

Cela n’est pas du tout dans son intention et un arrêté est édicté disant aux esclaves que leur condition ne changera surtout pas. Cette mesure contribue à la défaite des anglais car les esclaves se retournent alors contre eux.

Après la capitulation des anglais, la cabildo de Buenos Aires déclara que son principal objectif était de trouver les moyens d’éradiquer l’esclavage de son sol.

Jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1853, la loi d’affranchissement oblige les propriétaires d’esclaves à céder 40% de leurs effectifs pour qu’ils accomplissent leur service militaire. Ceux qui effectuaient 5 années complètes de service pouvaient obtenir la liberté. Cela ne se présenta pas souvent.

L’esclavage, sculpture de Francisco Cafferata, à Buenos Aires.

Par Roberto Fiadone — Self-published work by Roberto Fiadone, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8956502

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Sous la direction de Rosas, la proportion de noirs dans la population de Buenos Aires alla jusqu’à 30%. C’est à cette période que les carnavals apparaissent ainsi que des rythmes comme le candombé et la milonga qui feront partie par la suite du folklore argentin.

En 1837, Rosas promulgue une loi interdisant l’achat et la vente d’esclaves sur le territoire national et en 1840 il rend publique une déclaration pour l’abolition intégrale sous toutes ses formes de l'esclavage du Rio de la Plata.

Une fois l’esclavage abolit, les afro-argentins continuent de vivre dans une grande misère et à être discriminés.

Dans les 14 collèges de Buenos Aires en 1857, seuls deux admettaient les enfants noirs.

Si la constitution de 1853 abolit l’esclavage, l’abolition en elle-même devient effective avec la réforme de la constitution de 1860 qui établit la liberté pour les esclaves de maîtres étrangers.

Par la suite deux évènements de l’histoire du pays sont cités comme cause de la mortalité de masse des afro argentins : la guerre de la triple alliance en 1864/1870 et l’épidémie de fièvre jaune à Buenos Aires en 1871.

Les afro-argentins s’organisent une fois libres pour lutter et défendre leurs droits.

Au XXe siècle, la presse noire argentine compte les journaux suivants : la Razza africana, O seal el democrata negro, El proletario.

En 1887, la population noire était officiellement estimée à 1.8% de la population totale. Ce taux ne sera plus déterminé dans les recensements ultérieurs.

A l’issue du recensement national de 1895, les responsables de l’état déclarent :

« La population ne tardera plus à être unifiée tout à fait, en forment une nouvelle et belle race blanche ».

A partir de cette date et pendant presque un siècle, aucune étude sur les afro-argentins ne sera effectuée dans le pays.

Dans la tradition argentine, on affirme que la population noire commence à décliner au début du XIXe siècle pour disparaître complètement par la suite.

En 2005, le recensement pilote dans deux quartiers d’Argentine établit pourtant que 3% de la population argentine déclare avoir un ascendant africain.

Reconnaissance de l’héritage afro descendant

Les dernières années ont vu un regain croissant de la part des afro descendants pour s’approprier leur héritage culturel. Vers la fin des années 90, un collectif afro argentin, Africa Vive dirigé par Maria Magdalena Lamadrid se constitue avec pour missions de mettre en lumière la véritable histoire de l’Argentine et celle des afro argentins, de valoriser leur culture, de prendre conscience de leur place dans l’histoire du pays et du respect des anciens, de combattre la discrimination et de promouvoir l’égalité, de faire prendre conscience de la situation de la communauté afro argentine, de renforcer l’estime de soi de ces derniers.

L’héritage culture argentin est pourtant redevable à la communauté afro descendante car certains effets culturels ont largement contribué à sa la notoriété du pays.

Un exemple ?

Le tango.

Source : wikipédia

Sources supplémentaires (traduites par moi-même)

Rédigé par caroleone

Publié dans #indigènes et indiens, #ABYA YALA, #Argentine, #Afro descendants

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Commenter cet article
P
Bonjour, ton propos serait plus appuyé si tu donnais tes sources plutot que simplement wiki. C'est un sujet intéressant, pourtant si méconnu. Si je suis passé par là c'est que beaucoup de monde est surement passé par cette page pour se renseigner ; ce petit détail compte alors beaucoup à mon avis !<br /> Merci pour cet article.
C
Bonjour Pierre, en l’occurrence à l'époque où j'ai écris cet article, j'ai dû me rabattre sur cette unique source parce que lorsque j'ai l'occasion d'en avoir d'autres, je le fais, je n'aime pas me contenter d'une seule source. Maintenant, 4 ans ont passé et depuis je maîtrise mieux la langue espagnole, aussi, je pourrais approfondir cet article avec d'autres sources, enfin, c'est un vœu uniquement, les sources en général concernant les afrodescendants ne sont pas légion, c'est d'ailleurs difficile d'écrire sur eux mais je ne renonce pas. Tu vois sans cet article il n'y aurait pas ton commentaire et cela peut me donner l'idée de creuser à nouveau. Merci de ta visite.
E
Qué dolor que no se describa la situación actual (s.XXI) de los negros en Argentina. Y el uso despectivo de la palabra "negro" como insulto.
C
este artículo está allí justamente para denunciar la situación de los argentinos afros que sufrieron un fenómeno de invisibilisation por parte de los gobiernos.