Chamadisme

Publié le 25 Mars 2016

Au début ça va piano, piano
C’est une aile d’hirondelle qui dépose
Légère
Son baiser de pétale
Sur une bouche de cristal
Puis ça bat plus fort
Ça joue un petit tempo de temps perdu
Comme autrefois un coucou dans son nid
Appelait l’autre pour lui donner l’heure.

En marchant entre des murets de pierres sèches
Le coucou jaune celui-là qui fleurit
Dépose un halo de soleil
Sur l’artère qui est peu fière
La fibre s’emballe émerveillée
Par ce jaune vibrant de vérité
Le buis appelle de son odeur féconde
La narine
Lui enivre d’un seul coup les cloisons
Lui cloue l’odorat le met en pamoison
Un battement plus vif
C’est le jaune d’œuf évident des buissons
De genêts
Qui crient par tous les monts
Comme nous sentons bons !
Comme nous sentons fort !
Comme nous sentons cœur !
Et battons battons battons
L’air pour en faire du carton.

Chamade premier temps :
Il bat. Il bat.
Il bat. Il bat.
Il bat. Il attend.

Puis en suivant le lit
Peu douillet
Du ruisseau
Essouflé
Chamade cherche le murmure du coquelicot
Qui brûlera pour lui les calories de la transcendance
Un iris d’eau
Jaune lui aussi
Lui fait de l’œil et l’interpelle
De sa couleur de chapelle
Ardente
Veine impatiente de briser
Un cœur
En deux
En faire un fétu de paille d’iris
Pour qu’une cane
Y ponde ses œufs.

Chamade a chaud a soif a une petite lueur au fond du cœur
Un je ne sais quoi de picotement
Qui lui gèle un bras un moment.

C’est l’océan qui brise un pan de son bras sur les falaises
C’est l’océan qui appelle lance un SOS
Et qui du haut d’un phare
Lui fait de l’œil
Cet outrancier
Comme pour lui dire de se mouiller
De venir à lui
Sans un cri
De se jeter dans ses veines blanches d’écume
Et d’y puiser des bras vierges d’étoiles de mer
Pour nager
A contre-courant.

Chamade y va :
Il bout. Il bout.
Il bout. Il bout.
Il bouillonne
Marmite évanescente de pensées édulcorées
Et de sucre candi empêché de nuire.

Un uppercut semble vouloir sortir de sa poitrine
Pour aller se figer dans une cible
Un mur un ballot de paille
Une figure humaine
Y glisser deux mille baisers
Puis revenir tel un boomerang
Dans sa bogue fraîche et accueillante
Y dormir jusqu’à demain.

Ca brûle. Ca brûle.
Ca brûle. Ca brûle.
C’est un volcan, Stromboli qui s’enflamme
Il a perdu tellement de flammèches
Qu’il pouvait en faire des brochettes
C’est un concentré de feu qui a grandi des siècles durant
Pour un jour
Trouver un nid
Dans un cœur tout aguerri
C’est un multiple de siècles errants
Un diviseur de cellules-mères
C’est un embryon de quatre vents
Un étalon qui court, libre
Pour embrasser sa jument
Lui dire comme il l’a attendue
La couvrir de son sel aimant
Ne plus faire qu’un ne plus faire qu’une
Ne plus faire que la chamade qui dirige les quatre vents
Brise la girouette
En fasse un tapis de souris
Ne plus faire que la chamade sois seule maîtresse du temps
Du vent et puis des caresses
Des promesses qui oublient le vent
Et se calme
Le battement en attente
L’effusion qui a bu sa camomille
Qui rentre dans sa bogue y chausse ses pantoufles de tendresse
Et s’endort
Fleur éphémère de la vie
Jusqu’au siècle suivant
Pour refleurir de chamade et de sucre
La vie qui ne demande que cela.

Bat doucement. Bat doucement.
Bat doucement. Bat doucement.
Dors entre mes bras. Dors entre mes bras.
Tête contre épaule. Bras enlacés.
Souffle contre souffle. Cheveux emmêlés.
Cœur en papillotes. Lianes tressées.
Vies emmitouflées. Cœurs entremêlés.
Pierres et fougères. Genêts et grenat.
Ardoise et mélancolie. Pensée et rosa.

Carole Radureau (24/03/2016)






Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
C'est le printemps qui jaillit impétueux de tes mots et les coeurs qui battent plus fort devant la nature en éveil. Superbe!
C
Oui, c'est le coeur du printemps qui bat la chamade avec toute cette promesse de vie en opposition avec ce que nous font vivre les hommes qui ne songent qu'aux profits de toute sorte.