Le cantu in paghjella
Publié le 11 Janvier 2016
image Nita Bertaudière
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(paghjelle au pluriel)
Chant polyphonique corse, profane et non sacré, court (il dure souvent moins de deux minutes) avec des textes inspirés de la vie quotidienne de l'époque de leur création.
Ce chant a été inscrit en urgence au patrimoine culturel et immatériel de l'unesco le 1er octobre 2009 sous le titre Le Cantu in paghjella profane et liturgique de Corse tradition orale.
Trois voix
Si le nom "paghju" veut dire paire, c'est bien trois voix qui l’interprètent.
L'entrée des chanteurs se fait de façon précise :
La Seconda porte le chant
Ensuite vient le Bassu qui vient soutenir la Seconda
Et intervient en dernier la Terza qui ajoute des ornements (ribuccati).
Ce chant est l'un des plus représentatifs de la musicalité Corse.
Parfois l'ordre est bousculé, le versu aschese (la façon de chanter à Ascu) voit le Bassu débuter le chant.
Les rôles des trois chanteurs , toujours des hommes est prédéfini :
U Bassu représente la force, il a la voix la plus grave.
A Seconda représente la sagesse, il est le chanteur principal de la polyphonie, celui qui entonne le chant
A Terza représente la beauté c'est le chanteur avec la voix la plus haute qui apporte les ornements.
"Lamentu di Spanettu". Santu Casanova, 1850 -1936. Vuleria chì la mio voce Trapanessi ogni muntagna Ch'ella cullessi in Niolu Ribumbà per la Balagna Ch'ella franchessi lu mare é le fruntiere di Spagna
Transmission orale
La transmission de la culture corse est orale, ce qui démontre sa possible fragilité.
La transmission se base sur l'observation, l'écoute, l'immersion lors des offices liturgiques quotidiens auxquels les garçons assistent puis à leur adolescence au sein de la chorale paroissiale locale.
Malgré les efforts des offices liturgiques et des praticiens pour réactiver le répertoire la paghjella a perdu sa vitalité à cause du déclin brutal de la transmission intergénérationnelle dues à l'émigration des jeunes et de l'appauvrissement du répertoire qui a suivi.
Autrefois, la poésie se chantait et vivrait au rythme du coeur des hommes.
Le chant se fait a cappella comme pour mieux faire résonner l'écho qui vient de l'âme.
Chanter à plusieurs voix est une façon de continuer la tradition des bergers entonnant leurs chants en pleine montagne, à trois voix, les paghjelle mais la paghjella , elle, accorde plus d'importance aux voix qu'aux paroles.
Chants âpres, rugueux, forts soutenus par de puissantes voix.
Diverses occasions festives permettent à la paghjella de s'exprimer : sur la place du village, au bar, pendant les messes ou les processions, pendant les foires agricoles.
Certaines façons de chanter les paghjelles sont propres à certains villages comme la paghjella de Tagliu, de Sermanu, et Rusiu, de Boziu et de Bustanicu.
Sources : wikipédia et unesco