Conte du meilleur vœu
Publié le 1 Janvier 2016
J’ai voulu rimer en vœu
C’était déjà fait et puis c’était vieux
J’ai voulu rimer en seize
Mais vraiment il faut être balèze
J’ai donc décidé de rimer pour le meilleur
Car le meilleur ça inspire ça se fête ça se beurre
Pour une nouvelle année que l’on a hâte de voir arriver
Pour une nouvelle année : mais que va-t-il encore se passer ?
Je vous souhaite le meilleur
Un qui rime avec bonheur
Avec cœur
Avec douceur
Avec bonne humeur et puis qui édulcore
Les moments trop salés et à nous imposés.
J’enferme dans la boîte que j’enterre dix pieds sous terre
Les mots qui riment malheureusement avec le meilleur
Comme pour le salir lui ternir sa parure
Comme pour le faire passer pour un qu’il n’est pas
Je ne les citerais pas car cela n’est pas le propos de mon conte :
Un jour le meilleur décida de rompre la chaîne
Qui détenait les gens au centre d’un salmigondis
Elle était invisible cette chaîne aussi lui fallait-il trouver
Des ciseaux d’invisibilité qui n’avaient pas encore
Eté créés.
Au milieu c’était la tristesse, le renoncement, le ras-le-bol
Le tomber de bras et de masse
L’attente du chaos
Celui qui seul fait réagir
Qui fait prendre la fleur l’accrocher à son fusil
Et se bouger pour aller dans la rue
La reprendre cette rue et son avenir en prime.
Un jour le meilleur réussit à couper la chaîne
Qui tomba avec un bruit inhabituel pour une chaîne invisible.
C’était comme un bouleversement
Un avion qui passe le mur du son
Une avalanche qui entraîne dans sa chute les petites pierres innocentes
Un raz-de-marée qui brasse jusqu’au plus profond de son sable d’argent.
Les gens
Libérés
Ne savaient où aller, comment faire, ils avaient perdu le sens de la vie
C’était comme s’ils naissaient
Ou comme s’ils renaissaient
Il leur fallait
S’organiser.
Le meilleur n’était pas un leader
Il était un vœu, il était une lumière, il était une étoile
Il ne pouvait que briller le temps d’un moment
Eclairer une route
Remettre du plomb dans la tête
Inspirer des pensées nouvelles
Et belles.
Son rôle de meilleur était de chauffer dans les cœurs
Dix mille gouttes de bonheur
De faire briller les sourires, de leur rendre la fleur
Qui embaume et signe les feuilles de route
Son rôle à lui c’était de caresser dans le sens de la douceur
D’en faire la promotion, d’en faire un commandement :
Soyez doux, soyez douces, aimez-vous en douceur
Comme un bonbon au miel.
Son rôle de meilleur était de susciter le meilleur.
Le conte est terminé.
Qui le lira, le comprendra, en tirera une graine, la fera germer ?
Qui aimera ce vœu du meilleur, ce vœu qui part sur les chemins
Pour glisser le cil de la poésie dans la robe de la révolution ?
Le meilleur est à la douceur
Ce que la tendresse est à la révolte :
Une liberté fondamentale qui demande à ne pas être perdue.
Je vous souhaite le meilleur, un grand, gros, gras meilleur
Pour vous, et les vôtres
Pour que 2016 commence dans la vie et non dans son contraire
Que 2016 trouve des promesses de beau et non leur contraire
Que 2016 soit l’année de la révolte de ceux qui ne se résignent pas.
Carole Radureau (31/12/2015)
mural de Diego Rivera