J'ai peur

Une chanson dont la musique est signée Jean Ferrat en 1986.

Les paroles sont du grand Allain Leprest.

Merci Pierre pour les précisions.

J'ai peur des rues des quais du sang
Des croix de l'eau du feu des becs
D'un printemps fragile et cassant
Comme les pattes d'un insecte

J'ai peur de vous de moi j'ai peur
Des yeux terribles des enfants
Du ciel des fleurs du jour de l'heure
D'aimer de vieillir et du vent

J'ai peur de l'aile des oiseaux
Du noir des silences et des cris
J'ai peur des chiens j'ai peur des mots
Et de l'ongle qui les écrit

J'ai peur des notes qui se chantent
J'ai peur des sourires qui se pleurent
Du loup qui hurle dans mon ventre
Quand on parle de lui j'ai peur

J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur
J'ai peur

J'ai peur du cœur des pleurs de tout
La trouille des fois la pétoche
Des dents qui claquent et des genoux
Qui tremblent dans le fond des poches

J'ai peur de deux et deux font quatre
De n'importe quand n'importe où
De la maladie délicate
Qui plante ses crocs sur tes joues

J'ai peur du souvenir des voix
Tremblant dans les magnétophones
J'ai peur de l'ombre qui convoie
Des poignées de feu vers l'automne

J'ai peur des généraux du froid
Qui foudroient l'épi sur les champs
Et de l'orchestre du Norrois
Sur la barque des pauvre gens

J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur
J'ai peur

J'ai peur de tout seul et d'ensemble
Et de l'archet du violoncelle
J'ai peur de là-haut dans tes jambes
Et d'une étoile qui ruisselle

J'ai peur de l'âge qui dépèce
De la pointe de son canif
Le manteau bleu de la jeunesse
La chair et les baisers à vif

J'ai peur d'une pipe qui fume
J'ai peur de ta peur dans ma main
L'oiseau-lyre et le poisson-lune
Eclairent pierres du chemin

J'ai peur de l'acier qui hérisse
Le mur des lendemains qui chantent
Du ventre lisse où je me hisse
Et du drap glacé où je rentre

J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur
J'ai peur

J'ai peur de pousser la barrière
De la maison des églantines
Où le souvenir de ma mère
Berce sans cesse un berceau vide

J'ai peur du silence des feuilles
Qui prophétise le terreau
La nuit ouverte comme un oeil
Retourné au fond du cerveau

J'ai peur de l'odeur des marais
Palpitante dans l'ombre douce
J'ai peur de l'aube qui paraît
Et de mille autres qui la poussent

J'ai peur de tout ce que je serre
Inutilement dans mes bras
Face à l'horloge nécessaire
Du temps qui me les reprendra

J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur
J'ai peur
J'ai peur

Allain Lleprest /Jean Ferrat 1986

Reprise par Leprest lui-même en 1988 dans le CD Leprest n02

En 1995 dans le CD Ton cul est rond

En 2002 dans le CD Je viens vous voir

Panic J1 » par Jamain — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

Comments

[Michèle des bois]

Très beau texte de Leprest, même si les paroles trouvées sur le net ne correspondent pas toujours à ce qu'il dit dans cette vidéo. Idem pour d'autres interprètes qui n'utilisent pas les mêmes paroles que lui ... Mais il est fort possible que l'auteur lui-même chante selon son humeur ...
Nous n'avons pas ce disque malheureusement, mais si l'un de tes fidèles lecteurs connaît les véritables paroles, ce serait sympa de nous en faire profiter.
Pour ma part, mis à part des détails, j'ai relevé : "La trouille, les foies, la pétoche" - "Les claires pierres du chemin" - "J'ai peur pour tout ce que je serre" - "Contre l'horloge nécessaire".
Et puis, après tout, les puristes peuvent toujours se faire leur propre opinion en écoutant cette vidéo.
Merci Caro encore une fois.

[caroleone]

Oui c'est un beau texte mais je crois bien qu'ils le sont tous ! J'ai regardé et mis en ligne d'autres paroles venant d'un site qui en a pas mal, je crois que ce sont les mêmes Je me renseigne sinon .C'est possible qu'il improvisait d'autres paroles comme il était créatif, ça ne devait pas lui poser de problème .