Brésil/ Guyane : Le peuple Palikur

Publié le 18 Décembre 2015

 

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Il s'agit de l'un des 6 peuples autochtones de Guyane française. Peuple autrefois semi-nomade de part et d'autre de l'Oyapock, vivant de chasse, pêche, cueillette, agriculture.

Famille linguistique : arawak (lokono)

Autodésignation : aukwa-yène = les gens de la rivière du milieu ou encore parikwene.

Ils se considèrent comme originaires d'un affluent du rio Naça (la rivière Aukwa pour les brésiliens et Mokawa pour les franco-guyanais) Cette rivière pour eux est le centre du monde.

Ils seraient dans la région depuis le début du XVIe siècle. D'après Grenand et Grenand (1987) ils pourraient être rattachés à la civilisation archéologique Aristé du bas Amazone.

Ils ont d'ailleurs été vus à cette époque et dans ce lieu par le navigateur Vicente Yanez Pinzon.

Localisation

Guyane française

Macouria, Régina, Roura, St Georges de l'Oyapock

Population : 720 personnes (1994)

Brésil

Région de l'Amapa

  • Terre indigène UACA I et II. 470.164 hectares, 4462 personnes, réserve homologuée. 3 peuples y vivent : Galibi-Marworno (langue créole), Karipuna de l'Amapá (langue créole) et Palikur (langue arawak).

Population : 1712 personnes (2014)

 

image ISA

La nation Palikur comporte 6 grands clans exogames qui portent des noms attribués par les autorités portugaises, brésilienne et française.

Mais en langue palikur chaque clan a son propre nom renvoyant à un élément naturel :

Labonté = kawa-yène = ananas

Norino = wavo-yène = chenilles

Yapara = wadayu-yène = agratiches

Batiste = wakavu-yène = fourmis

Martin /Guyaumin = parayu-yène = couman couman

Félicio = wachi-yène = terre/peuple

La culture clanique historique comporte 17 clans mythologiques, 7 au Brésil 6 en Guyane.

Les villages

Ils comportaient de petites unités ouvertes sur pilotis, distant des autres unités.

Au début du XVIe siècle : ils sont localisés sur la côte sud de l'état actuel de l'Amapá par le capitaine de Cabo del Norte.

Au milieu du XVIIe siècle : ils migrent de force vers le nord de la capitainerie entre la côte et la région de Alagados. Les portugais les persécutent car ils craignent les relations commerciales entre les indiens et les autres européens voyageant à cette époque dans la région ( français, anglais et néerlandais).

Après les premiers contacts et les vagues d'épidémies et de répression, leur nombre est très diminué. En 1926 par exemple, l’anthropologue Kurt Nimuendaju recense 238 individus.

Au cours du XXe siècle, la croissance de la population reprend de 443 %.

Le peuple est divisé des deux côtés de la frontière entre le Brésil et la Guyane française mais il ne cesse pas de se visiter par bateau, de circuler d'un sens et l'autre pour raison familiale ou pour travailler.

Dans la région brésilienne de Uaca, quatre groupes ethniques vivent ensemble, les Palikur, les Karipuna, les Galibi-Marworno et les Galibi-Ka'lina

carbet palikur à St Georges de l'Oyapock

L'organisation sociale

Les villages choisissent un chef qui les représentent souvent le fondateur de la maison du village. Les décisions concernant le village sont prise avec l'ensemble de la communauté mais les hommes les plus âgés sont souvent les plus écoutés et représentatifs. Les leaders religieux ont également une grande influence.

L'organisation sociale était autrefois fondée sur l'endogamie villageoise. Avec l'absorption de nombreuses ethnies arawak moribondes, l'endogamie villageoise a fait place aux clans exogames actuels.

L'agriculture

Leur territoire est particulier et réunit plusieurs écosystèmes peu évidents : il est composé de mangroves, de forêts inondables de type varea, de savanes inondées une grande partie de l'année et de nombreuses îles de tailles variables.

Les terrains utilisés par les Palikur sont les savanes inondées et les îles.

Il y a deux saisons, la saison des pluies a lieu de décembre à juin(hiver).

La sison sèche de juillet à novembre (été).

Ces deux saisons définissent les activités économiques. En été, la pêche à l'hameçon, lance, arc et flèches pour capturer plusieurs types de poisson dont les tumuata, les piranhas.

En temps sec, ils chassent des espèces de tortues, des alligators, des caméléons, des singes, des cerfs pacas, des agoutis, avec des fusils. Les oiseaux sont aussi source de nourriture (héron, jaburu, toucan)

Leurs cultures se font sur des abattis, des parcelles de forêts qui sont abattues en juin et juillet et brûlées en octobre. La combustion des parcelles se fait avec des champs de roseaux secs.

La plantation a lieu l'été : banane, ananas, poivre, manioc, pomme de terre.

Ils y plantent tout d'abord les plantes annexes pour terminer par le manioc amer important dans leur alimentation.

Pour compenser l'érosion des terres ils ont mis au point des techniques de cultures sur buttes assez considérables autrefois puis au fur et à mesure que leur ethnie s'amenuisait, elles se sont réduites à des mottes circulaires imukwi hipatip de 80 cm de diamètre et 30/40 cm de haut ou à des billons de 2 mètres de long et 50 cm de large. La mise en culture était de plusieurs années.

Le manioc

Il est utilisé rôti, sous forme de galette, de farine et entre dans la préparation de boissons. C'est l'aliment de base des Palikur comme les autres peuples de l'Amazonie . La farine de manioc fournit 80% de la ville d'Oiapoque par les Palikur , les Karipuna et les Galibi Marworno.

D'autres cultures

Patate douce, canne à sucre, courges, poivrons, coton, papaye mais aussi mangue, café, agrumes.

Des relations commerciales avec les européens s'intensifient au début du XVIIIe siècle et ils échangent alors les produits de la pêche et de la cueillette contre des outils, des harpons, des vêtements et des perles de verre.

Artisanat

Leur artisanat est renommé surtout celui de la vannerie, activité masculine : hotte pour transporter les tubercules de manioc, ustensile essentiellement féminin que possède toutes les femmes des ethnies de la région, tamis à manioc, paniers ajourés utilisés comme récipients funéraires pour exposer les os des défunts et peints au roucou.

Les plantes utilisées sont nombreuses pour les tressages : plantes de la famille des aracées des cyclanthacées, palmiers, graminées, joncs, roseaux de la famille des marantacées, lianes.

Une thèse au sujet de la vannerie des peuples de Guyane ICI

Evangélisation

Les Palikur sont sous l'emprise depuis une trentaine d'années des évangélistes du summer institute of linguistics (SIL), de prosélytes témoins de Jéhova venus de Guyane et de pentecôtistes venus du Brésil.

Ils ont de ce fait abandonné certaines de leurs coutumes traditionnelles comme la confection de la bière de manioc ou cachiri contrairement à tous les autres peuples de Guyane ainsi que des danses et des musiques de leurs traditions.

Un article intéressant en français

Pharmacopées traditionnelles en Guyane, Les Palikur de IRD Edition

Conte palikur

sources

wikipédia, ISA

Agriculture sur brûlis et changements culturels : le cas des Indiens Wayapi et Palikur de Guyane Pierre Grenand

ISA

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Palikur, #Guyane, #Peuples originaires

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