Plume de fougère trempée dans l’encrier du temps perdu

J’aimerais poser sur la pierre plate
De la forêt amie
Mon écritoire d’ardoise et de temps perdu
Prendre délicatement la fougère
Crosse en main
La tremper dans l’encrier de la rivière
Partager avec toi
Le parchemin qui se déroule
Ruban de soie de verte ramure
De volute nouée dans sa feuillée ardente
Ecrire mot à mot
Le poème de la vie.

Un jour il était écrit
Que pour coucher sur l’humus encourageant
Le beau poème d’argent et de miel
Il y fallait une main et une autre associée
Car la terre aime les duos
Moitié-pierre pour la douceur minérale
Toute de granite conjuguée de quartz
Moitié-fougère amie des sous-bois cachottiers
Toute de spores évanescents
Attendant leur envol
Vers les buissons de l’entreprise.

Un jour il était écrit
Que le sentier ponctué de cailloux
Ferait trébucher les pas du berger
Qui avait pour canne un Chant général
Et pour souliers La pierre et le sel.
Sous son ombrelle, dame fougère
Attendait de recevoir les propos
Les rimes en vol, ailes d’aigles ou ailes
De tangara
Fusion de la feuille et de la complicité
Fusion des Hauteurs de Machu Picchu
Et du Cheval qui est tombé du poème.

Je pêcherais la truite arc-en-ciel
De la beauté régénérée
Je tisserais la toile de soie du
Chemin de vie
J’écrirais sur l’ardoise de l’ancien temps
Les mots neufs comme des souliers vernis
Pour conjuguer l’enfance et la vie qui s’écoule
Je nouerais
Le keffieh de la tolérance
Autour du cou à la veine gonflée de délicatesse
Qui battait trop fort pour l’écho
Je cultiverais le potager de demain
Dans l’abattis-brûlis de la connaissance
Avec les graines récoltées dans la feuille des traditions
Hydratées par la rosée de l’encrier du bonheur
Elles pousseront
Fruits d’or et d’amour
Gorgées de sucs poétiques
Gorgées de sucres révélateurs
De cette nature qui avait décidé un jour
La rencontre de ses enfants.

Carole Radureau (02/11/2015)