Nous avons perdu la beauté

Publié le 26 Octobre 2015


Nous avons perdu la beauté
L’œil de l’enfant qui s’émerveille
Dans une groseille il voit une toupie
Qui tourne
Vibrante
De ses émotions contenues
Comme dans un livre il devient géant
Savant ou cosmonaute
Saute les moutons du temps
Enfourche les volcans
Brise les barrières de barbelés
Juste en soufflant un air de liberté
Par les trous inégaux d’un pipeau.

Nous avons perdu la beauté
Celle qui fait trembler le cœur des fleurs
Dépose un baiser au creux des étamines
Bourdonne dans nos yeux
Et hume le pollen de nos pensées.

Nous avons perdu l’empathie
Celle qui a deux yeux
En face de leurs trous
Voyant l’être humain, être humain
Et c’est tout
S’indigne de l’injustice
Caresse de ses vœux la souffrance du monde
Pour la faire entrer dans une ronde
Où chacun à sa place.
Dans la ronde du monde
Le foulard au milieu
Il est à qui veut l’attraper
On se donne la main, noire, blanche, petite, grande
Sèche ou moite
Toujours avec cinq doigts ni plus ni moins
On tourne dans le même sens
La beauté accompagne cette danse
Qui mime la ronde de la vie,
Remplie
D’êtres tout épanouis.

Nous avons perdu le goût de l’effort
Celui de tendre un doigt pour le pointer
Quand ça fait mal
De le lever pour s’interroger
De faire suivre la main avec ses autres doigts
Pour serrer l’autre
Qui demande du pain ou une douce caresse
Nous avons perdu le goût de l’entreprise
Celui qui met dans les yeux la lumière du germe de vie
Illumine la journée qui débute comme un sel qui espère
Fait bruire si fort les sirènes de l’espoir.

Nous avons perdu les sens
Ce qui fait que des terminaisons enregistrent les vibrations
Si nous n’avons pas de moustaches comme les chats
Nos sens connaissent les sons du quotidien
Nous les transmettent via leur émetteur.
Nous avons tourné les boutons dans le sens du off.

Nous avons perdu la beauté
Celle qui rend heureux
Quand un enfant sourit
Quand on aime conjuguer le mot amour à tous les temps
Quand on puise dans le regard de l’autre une étincelle jumelle
Quand on se lève avec au cœur
L’envie de faire du bien.

Nous avons perdu tant de choses
Qui soutiennent nos vies telles des tuteurs de bois tendre.
Il aurait fallu peut-être
Des bois durs comme l’ébène
Ou des bâtons de pierre
Pour que jamais ne se courbent
Les tuteurs de l'humanisme.

Carole Radureau (25/10/2015)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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H
Nos enfants savent-ils mieux que nous, ou bien savons-nous mieux que nos enfants répondre aux questions de Pablo ?<br /> <br /> Dis-moi, la rose est-elle nue<br /> <br /> ou n'a-t-elle que cette robe?<br /> <br /> Les larmes qu'on ne verse pas<br /> <br /> attendent-elles en petits lacs?<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Ou seraient-elles des rivières<br /> <br /> coulant cachées vers la tristesse?<br /> <br /> <br /> Vas-t-en savoir tout ça ?<br /> <br /> bisouxxx<br /> <br /> Serge
C
Oui, va-t'en savoir ?<br /> <br /> Et ainsi je vais répondre à tes questions de Pablo par d'autres questions de Pablo. Tiens d'ailleurs, j'en ai pêché une au hasard que je me garde sous le coude pour la suite. C'est toujours bon de se refaire une petite série de questions de Pablo, poésie à l'état pur.<br /> <br /> Sait-elle, la beauté de Caracas,<br /> Combien la rose a de jupons ?<br /> <br /> Jusqu'à quand parleront les autres<br /> Si nous avons déjà parlé ?<br /> <br /> Pourquoi la terre est-elle triste<br /> Quand apparaissent les violettes ?<br /> <br /> Est-il vrai qu'il faut arroser<br /> L'espoir avec de la rosée ?<br /> <br /> Bisouxx<br /> <br /> caro qui part à la récolte de rosée........
A
Tout n'est pas perdu tant que des poètes comme toi gardent leurs yeux d'enfants, tant que des militants pugnaces comme toi aussi, veillent et pointent le doigt là où ça fait mal!
C
Je crois que je ne perdrais jamais mes yeux d'enfant. Je pense que cela n'est pas un défaut en fait, j'ai longtemps cru que si mais quand j'écris, même si parfois cela peut être enfantin dans mes expressions, je me sens alors plus proche des écrits indigènes et je m'assume bien mieux. Je vois les choses changer souvent dans l'indifférence mais que sommes -nous le temps d'une vie d'homme ?