L’homme de Kennewick

Publié le 19 Octobre 2015

L’homme de Kennewick

Journal.pone.0001596.g004 » par Buzzzsherman — doi:10.1371/journal.pone.0001596.g004. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

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Les théories concernant les premiers peuplements de l’Amérique font remonter l’occupation à environ 10.000 ans. Mais il n’y a pas beaucoup de preuves en l’occurrence.

Quand en 1996 est découvert un squelette d’hominidés bien conservé et qui sera connu par la suite sous le nom d’homme de Kennewick, les scientifiques pensent avoir matière à étude.

Mais c’est sans compter sur la présence des amérindiens dont 5 tribus réclament les droits sur cet ancien qu’ils reconnaissent comme le leur.

Ils n’ont pas besoin d’ADN et de recherches scientifiques pour savoir que leurs ancêtres occupaient ces terres sur lesquelles les ossements ont été découverts.

Mais entre la vérité scientifique et la sagesse amérindienne, deux mondes s’affrontent.

En fait, ce sont souvent ces deux mondes qui s’affrontent entre la reconnaissance d’un savoir écrit et prouvé et celui qui vient de l’intuition, de quelque chose que l’on ne nomme ni ne quantifie, quelque chose qui se véhicule par la pensée traditionnelle.

L’homme de Kennewick

La découverte

C’est à cause d’un éboulement de la rive de la Columbia (Washington) en 1996 pendant une course d’hydroglisseurs que des jeunes spectateurs trébuchent sur ce qu’ils pensent être un galet rond. C’est un crâne humain.

Le crâné vu par un paléoanthropologue présente des caractéristiques caucasoïdes comme ceux des européens. Il décide de fouiller plus à même et découvre 350 fragments du squelette plus ou moins complet du même individu. Dans l’os du bassin on retrouve même une pointe de lance fichée en pierre taillée presque entière, cause probable de la mort de l’individu.

La datation au carbone 14 permet d’évaluer l’âge de l’homme entre 9200 et 9600 ans. C’est donc l’un des plus vieux squelettes découverts en Amérique.

Selon les études l’homme avait à peu près quarante ans, la face étroite et le menton proéminent. Il ne devait pas avoir la vie paisible, crispait souvent la bouche et peut-être pleurait beaucoup. Ce qui semble évident à cette époque.

Les polémiques sur les origines du peuplement américain

Le fait que les caractères physiques de l’homme montraient des traits caucasoïdes et non amérindiens remet en cause pour certains la théorie d’un peuplement asiatique du continent américain.

Cela pourrait coïncider avec les traits de la femme de Peñon découverte au Mexique et qui pourrait être de descendance Aïnou.

Cette hypothèse est appuyée par les recherches sur l’ADN mitochondrial des amérindiens d’une tribu du nord-est des EU. Elle mettrait en évidence une souche ouest-européenne remontant à environ 15.000 ans provenant d’une vague migratoire d’humains en Amérique venus d’Europe.

Certains aimeraient que les peuples amérindiens ne soient plus considérés comme les premiers habitants du continent.

Cela leur enlèverait à fortiori le peu de droits qu’ils ont encore malgré les traités bafoués par l’homme blanc sur leurs territoires.

Je n’ose même pas imaginer que cela fut possible un jour d’envisager une telle hypothèse car pour moi l’antériorité est là, lors de la colonisation, il y avait des peuples autochtones sur le continent avant les colons. Permettre de mettre cela en doute ainsi que les origines des peuples amérindiens fait le jeu des adeptes de la « race blanche » et on sait de quoi il peut retourner quand on connaît les enjeux de ceux qui se sentent supérieurs en raison de leur couleur de peau.

L’homme de Kennewick

Clovis Point ». Sous licence Attribution via Wikimedia Commons.

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Les théories concernant le peuplement de l’Amérique

Il y a une théorie qui est celle de la chronologie courte, la plus entendue encore de nos jours :

Les premiers peuples du nouveau monde sont venus d’Asie via le détroit de Béring il y a de cela 11.500 ans.

La plus ancienne trace de cette occupation a été pendant longtemps le site de Clovis.

Blackwater locality n°1 dans l’état du Nouveau Mexique. Ce site donne son nom la la culture Clovis, une culture préhistorique paléoindienne apparue il y a 13.500 ans.

Une autre théorie provenant d’une datation plus longue veut démontrer que les premiers américains seraient arrivés dès -30.000 ans et peut-être même avant sur le continent.

Cette théorie se base sur les découvertes de plusieurs sites :

  • La grotte de Bluefish en Alaska
  • Le site de Monte Verde au Chili
  • Des sites de l’Alberta

Ces sites prouvent une occupation humaine il y a plus de 20.000 ans en Amérique du nord.

L’affaire de l’homme de Kennewick vient tout bouleverser. Il démontrerait que les premiers habitants du nouveau monde pourraient venir d’Europe voire d’Australie.

D’autres squelettes de type européen ont été découverts en Amérique :

  • Les ossements de la femme de Peñon (environ 13.000 ans) découverts au Mexique, caractéristiques europoïdes
  • Les restes d’un homme de type caucasien en partie momifiés dans la grotte des Esprits au Nevada (entre -11.000 et – 8000)

Loi fédérale Native American Protection and Repatriation act

En 1990, une loi fédérale américaine (loi fédérale sur la protection et le rapatriement des tombes des natifs américains) exige que les biens culturels amérindiens soient rendus aux peuples natifs quand ces biens ont été déterrés.

Loi devenue urgente suite aux profanations diverses et variées des sites amérindiens.

Cette loi autorise néanmoins les équipes d’archéologues à analyser les restes mais très rapidement.

Les restes humains en dehors des corps et ossements comprennent les objets funéraires et sacrés, tout objet ou artéfact du patrimoine amérindien.

Les chercheurs accusent cette loi de restreindre la recherche archéologique sur les origines des premiers habitants des EU.

Les batailles pour savoir si l’Ancien est aux amérindiens ou à la science

En 1998, le corps des ingénieurs de l’armée ensevelit l’emplacement où avait été découvert le squelette pendant que les indiens président la cérémonie, un hélicoptère déverse des tonnes de terre et de pierres sur le site, interdisant toute recherche future.

Les ossements, quand à eux sont mis sous séquestre au Burke Museum à Seattle.

Mais les scientifiques privés de leur objet d’étude font un procès au gouvernement afin de récupérer cette preuve incontournable et qu’ils jugent nécessaire pour faire avancer l’histoire du peuplement américain.

Les vestiges sont rendus aux scientifiques après plusieurs procès en appel.

En 2004, les cinq tribus Umatilla, Colville, Walla-Walla, Yakima et Nez-Percés, demandent le rapatriement de la dépouille pour une ré-inhumation en disant qu’il est leur ancêtre. Les procédures juridiques sont stoppées et en 2004, nouveau rebondissement avec une étude basée sur des mesures anatomiques laissant penser que le corps était plus lié aux populations polynésiennes et japonaises qu’à celle des amérindiens.

C’est alors qu’une nouvelle étude basée sur l’ADN ancien en mettant en pratique les dernières techniques d’isolement et de séquençage génétique ont permis d’obtenir des données précises et non contestables.

Aussi en 2015 à la fin des recherches, Morton Rasmussen, un des chercheurs de l'Université de Copenhague et de l'École de médecine de l'Université de Stanford déclare que les analyses démontrent que l’homme de Kennewick est plus étroitement lié aux amérindiens que n’importe quelle autre population au monde. Il ajoute que ses informations sont d’un grand intérêt pour les scientifiques mais également pour les peuples qui réclament le corps.

L'haplogroupe du chromosome Y (transmis de père en fils) de l'Homme de Kennewick est Q-M3 et son haplogroupe de l'ADN mitochondrial (transmis par la ligne maternelle) est X2a, deux marqueurs uni-parentaux qui se retrouvent pratiquement exclusivement chez les Amérindiens.

En comparant les données avec l’ADN des amérindiens actuels, il est impossible d’assigner l’homme de Kennewick à une tribu en particulier.

Des 5 groupes amérindiens de la région, un seul, la confédération des tribus de la réserve Colville a accepté de fournir des échantillons d’ADN aux chercheurs danois et a envoyé des représentants à Copenhague pour procéder à une cérémonie rituelle.

Les recherches nommées ci-dessus ont conclus que l’homme de Kennewick est apparenté génétiquement avec les membres des tribus confédérées de la réserve de Colville à Washington.

Sources : wikipédia

http://www.hominides.com/html/actualites/homme-kennewick-etude-adn-0934.php

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #indigènes et indiens

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