Précipite.

Publié le 3 Septembre 2015

Conversation avec moi-même.
Conversation avec un passeur de l’au-delà.

Je te tends une main.
Elle n’est pas la solution.
Juste un pont.

Arriver à bon port sans bouée
Sans précipitation
Sans heurt et sans gnon
La terre n’est pas douce pour tout le monde
Les épines hérissent leurs paroles
Sur des trottoirs aux bords acérés
La plage ne sait que recueillir,
Le fossé recevoir,
La route ramasser.

Et s’obscurcit le ciel de la connaissance
Quand les corps désordonnés
Troublent la quiétude
D’un été piquant nerveux et douloureux
Et se troublent les pensées
Quand un petit corps rejeté
Montre du doigt la réalité.

Nous sommes tous coupables
Disent-ils.
Je suis responsable de ta mort
Serinent-ils.

Mais je sais bien que non
Car, moi, des mains prêtent à se tendre
J’en ai deux et elles servent
Car, moi, un cœur qui sait pleurer et s’émouvoir
J’en ai un en bon état.

Ils sont tous coupables :
Les gouvernants,
Les chefs d’état des pays dits civilisés.
C’est à eux de trembler
De faire leur mea culpa
Et de trouver des solutions.

Les guerres sont allumées par leurs soins.
Entretenues par leurs soins.
Les fascismes nourris par leurs soins.
Les armées alimentées par leurs soins.
Les islamistes créés par leurs soins.

Ils ne demandent pas au peuple
Avant de partir en guerre.
Ils ne consultent pas le peuple
Avant d’intervenir dans des pays
Pour y allumer le feu
Le piller ensuite.

Quid d’un pays qui n’a pas sur les mains
Le sang des réfugiés ?
Quid d’un état qui peut s’enorgueillir
D’accueillir sans sourciller
D’ouvrir les frontières sans barguigner
De mettre en œuvre l’aide humanitaire
Sans lésiner ?

La plage aligne mot à mot
Corps à corps
Les insignes de l’horreur
Et nous, les larmes aux yeux
Pleurons et nous indignons
Nous craignons
Toujours plus d’images à pleurer
De corps à la dérive
De charniers découverts
D’inhumanité frappant au verre des bras tombants.

Le précipice est accueillant
Quand les parois sont lisses
Rien ne peut s’y accrocher
Leurs pouvoirs à eux
Les politiques
Sont aussi lisses de volonté
Que les précipices……
Ils laissent glisser les mains
Leur coupant l’air et le sein
Ils laissent trépasser
Des bateaux entiers.

Ensuite,
La fleur au fusil
La larme à l’œil
Ils viennent demander que l’on prenne pitié
Que l’on trouve des solutions
Sans pour autant ouvrir
Leurs maisons, leurs villes, leurs bourses.
Leurs capitaux ont les flux à sens unique.

Je te vois et te parle
Petite image prêtée de bon cœur
A la diffusion du malheur
Je te vois et te dis
Tout bas
Que ta mort serve à éclairer les consciences
Qu’elle allume une étoile dans le ciel
Qu’elle délave les fiels et rince les égoïsmes
Qu’elle fertilise les solidarités
Anéantisse les barbaries
Epuise à mort le capitalisme
Trompe le temps d’un moment
L’individualisme qui ne sait plus que faire
Pour aboutir à son apogée
Et qu’elle abatte le mur de l’intolérance.

Carole Radureau (03/09/2015)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes, #Migrants

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Bravo! Juste ceci: nous sommes tous coupables en ce sens que nous tous, le peuple européen, aurions dû descendre dans la rue pour éveiller les consciences d'"en haut". Tout comme lorsque un sans logis meurt de froid dans la rue, nous sommes coupables de ne pas nous indigner avec violence. Mais... serions-nous si nombreux que cela?
C
Oui on peut en effet se sentir coupables d'inaction appropriée mais à vrai dire je ne sais plus que penser en ce moment. J'ai les neurones en confiture et je patauge dans la semoule à tous les niveaux. Mobiliser à grande échelle et rapidement est toujours compliqué mais il faut avoir confiance en nos concitoyens car de saines réactions ont eu lieu avec la mort du petit garçon, tout n'est pas perdu.