Un caillou dans la glotte

Publié le 23 Juillet 2015

J’ai un caillou dans la glotte,
Coincé,
Calé entre une amygdale et le palais
De glace d’une bouche progressiste.

Il est mal passé.
Certainement il manquait d’eau
De la grande chute d’une cascade qui se jette
Fière
Du haut du tepuy de la reconnaissance.

Le caillou avait un goût amer :
Amertume d’une cigüe mal bue
Comme à contrecœur.
En finir avec la vie
Ça demande de la hauteur
Et parfois les hauts le cœur
Font resurgir ce qui lui était resté
Sur ce cœur mal dégrossi.

J’ai un caillou dans la glotte.
Il joue le petit clapotis de la fin
Des haricots,
De l’adieu aux assiettes bien remplies,
Aux estomacs qui se couchaient, repus
Des têtes qui s’endormaient sur l’oreiller
Sans-soucis,
Des pensées qui se portaient en avant
Avec le sourire complice des réveils la fleur au fusil.

J’ai un caillou coincé dans la glotte.
C’est le caillou de l’austérité.

**----**

J’aimerai bien leur envoyer
Mon caillou
Ferme et doux
Dans leur figure de gens-f…..,
Mal dégrossis,
Mal équarris,
Comme le sont les figures des malappris
Qui se moquent comme de l’an quarante
Des vies de ceux qui leur ont confié.

J’aimerais leur envoyer
Avec une belle poignée de ses confrères
Volée de mitraille populaire
Contre larbins du capital fiers et sans complexes
Traînée de poudre aux yeux
Pour malheureux qui s’apprêtent à reprendre le flambeau
D’une lutte crue gagnée, si peu de temps
Avant qu’ils ne sonnent l’hallali.

J’ai un caillou dans la glotte.
Prenez garde qu’il ne sorte un jour
Et fasse des petits
Sur les chemins caillouteux
De la révolte qui gronde.

Carole Radureau (23/07/2015)

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Voilà, ça fait du bien de recracher son caillou !!