Suriname / Guyane : Le peuple Saramaka

Publié le 7 Juillet 2015

Ils sont l’un des 6 peuples marrons du Suriname et de la Guyane française.

Ils étaient nommés autrefois Saamaka. Il me semble que c’est le nom qu’ils ont repris depuis 2010.

Population : 55.000 personnes

Langue : saramaccan

C’est une variante d’une langue créole, le saramacca.

50% de cette langue provient de langues africaines de l’ouest et du centre.

Depuis leur évasion de leurs conditions d’esclaves au 17e/18e siècle, ils ont vécu principalement le long de la rivière Suriname et de ses affluents, le Gaâlio et le Pikilio.

Des villages ont été construits par le gouvernement colonial et un projet hydroélectrique les a obligés à se déplacer.

Un tiers des Saramaka de nos jours, vivent en Guyane française où ils ont émigré depuis 1990 suite à la guerre civile au Suriname.

Ils seraient environ 8000 répartis entre St Laurent du Maroni, Kourou, mais aussi sur les rives de la rivière Tampox ou de l'Oyapock.

Leurs ancêtres étaient des africains vendus comme esclaves au Suriname de la fin du 17e siècle au début di 18e pour travailler dans les plantations de canne à sucre, de bois, de café.

Ils viennent de nombreuses ethnies africaines, différentes de par leurs coutumes et les langues.

Ils se sont échappés dans la forêt tropicale, seuls ou en petits groupes, parfois lors de révoltes collectives.

Depuis une centaine d’années, ils se battent pour leur indépendance et leur reconnaissance.

En 1762, un siècle avant l’émancipation des esclaves au Suriname, les marrons ont gagné leur liberté et signé un traité avec la couronne néerlandaise qui leur reconnaît leurs droits territoriaux et des privilèges commerciaux.

« Saramaka-1910 » par Johnston, Harry Hamilton, Sir, 1858-1927 — New York Public Library [1] from The Negro in the New World / by Sir Harry H. Johnston ; with one illustration in colour by the author and 390 black and white illustrations by the author and others ; maps by Mr. J. W. Addison, p. 118. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons - Ji-Elle

 

Mode de vie

Leur économie est basée depuis deux siècles sur l’exploitation de la forêt, les voyages des hommes sur la côte pour ramener des produits occidentaux.

Agriculture

Ils pratiquent une horticulture sur brûlis, les cultures sont le travail des femmes.

Les plantes cultivées : riz, manioc, taro, gombo, banane plantain, maïs ; canne à sucre, arachide, calebasses.

Arbres : noix de coco, oranger, fruit à pain, papaye.

Les hommes chassent et pêchent

La cueillette dans la forêt : noix de palmier.

"Quassia amara - Köhler–s Medizinal-Pflanzen-117" by Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen - List of Koehler Images. Licensed under Public Domain via Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Quassia_amara_-

 

Une plante médicinale : quassia amara

Elle est utilisée comme fébrifuge et peut servir à fabriquer la quinine de Cayenne ou une tisane pour lutter contre le paludisme. Elle contient en effet une molécule qui empêche le micro organisme responsable de la maladie de se multiplier

« Tropenmuseum Royal Tropical Institute Objectnumber 2345-26 Houten bootvormige bank met siersnijwe » par Tropenmuseum, part of the National Museum of World Cultures. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons - KITbot

 

Artisanat

Construction des maisons, objets à usage domestiques décorés, pirogues, selles, pagaies, peignes.

Les femmes réalisent des vêtements et des tissus en patchwork, des vêtements brodés, des calebasses sculptées, de la poterie.

La vannerie est l’affaire des hommes.

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Les Saramaka sont d'excellents piroguiers qui avaient dû louer leurs services aux orpailleurs lorsqu'ils ont trouvé refuge en Guyane.

Les canots (botos)

Ils représentant un élément essentiel dans la vie des noirs marrons, moyens de communication, d'échanges commerciaux, œuvre d'art qui est utilisée dans les cérémonies rituelles. Il y a de petites embarcations légères, les canots-pagaies manœuvrés à la pagaie ou à la perche. Elles sont répandues dans les villages car les femmes et les enfants peuvent s'en servir, les utiliser chaque jour par exemple pour se rendre à l'abattis. La longueur est de 6 mètres, on peut y transporter des marchandises légères, et aussi 4 à 5 adultes. L'une des extrémités du canot est ornée de motifs masculins et l'autre de symboles féminins.

La pagaie

Chez les Bushninenge elle constitue un cadeau de mariage important, reflétant le talent de l'homme en tant que sculpteur et détenteur de l'art tembé. Les pagaies ornées de motifs sculptés sont reconnaissables à celles des amérindiens qui n'ont pas de décors. Les pagaies des femmes sont plus courtes que celles des hommes.

En savoir plus sur les pirogues

Les villages

Ils comportent 100 à 200 habitants. Un noyau composé d’une famille à la parenté matrilinéaire.

Ils sont toujours situés près d’une rivière pour la fourniture en eau potable, le transport et la pêche.

Ils ont de petites maisons à pans ouverts qui servent de poulaillers et de sanctuaires.

Les villages construits par le gouvernement pour les déplacés suite à la construction du barrage hydroélectrique comprennent eux, 2000 personnes.

Les femmes, dans le village traditionnel peuvent avoir 3 maisons, une dans leur village d’origine, une dans le village de leur mari et une autre dans un champ horticole.

Mes hommes s’occupent entre les différentes maisons construites pour leurs épouses.

Ce sont des maisons compactes avec des piliers solides pour y accrocher les hamacs. Les murs sont de planches et les toits de chaume ou de tôle ondulée. Elles n’ont pas de fenêtres et leurs façades sont sculptées.

Principes matrilinéaires

Un clan est composé de descendants matrilinéaires venant d’une bande d’esclaves marrons.

Le clan est divisé en lignages de 50 à 150 personnes issues d’une aïeule récente.

Les hommes dirigent les villages.

La société est égalitaire et constitue l’épine dorsale de l’organisation sociale.

Il y a un chef suprême qui dirige avec des chefs assistants.

La divination tient une place importante dans tous les domaines de la vie sociale.

E nombreux rituels existent aussi bien pour la naissance que la mort et les rites de passages et la chasse.

25% des Saramaka de nos jours sont chrétiens.

Leur religion traditionnelle est peuplée d’esprits surnaturels localisés dans la forêt où résident dans les corps des animaux (serpents, vautours, jaguars) . il y a des esprits guerriers.

 

Dans les années 80, une guerre civile a lieu entre les marrons et le gouvernement militaire causant beaucoup de difficultés aux Saramaka mais aussi aux autres marrons.

En 1989, 3000 Saramaka et 8000 Ndjuka se sont réfugiés temporairement en Guyane française.

A la fin du conflit, le gouvernement du Surinam a largement négligé les revendications des Saramaka au sujet de leurs terres et par contre n’a pas oublié de donner des concessions minières aux multinationales étrangères (chinoise, indonésienne, Malaisienne) sur le territoire Saramaka.

A la même période, arrivent des bénévoles américains du corps de la paix, des chercheurs d’or brésiliens sur la rivière Suriname et se développent la prostitution, les jeux de casino, le trafic de drogue se développant sur la côte.

Au milieu des années 90, l’association des autorités Saramaka dépose une plainte devant la commission interaméricaine des droits de l’homme pour protéger leurs droits fonciers.

En novembre 2007, la cour interaméricaine statue en faveur du peuple Saramaka contre le gouvernement du Suriname.

C’est une décision historique qui établit un précédent pour tous les marrons et les peuples autochtones d’Amérique en leur reconnaissant des droits sur les terres originaires de leurs ancêtres, le droit de décider de l’exploitation des ressources naturelles (bois et or) du territoire.

Une pension leur est accordée de la part du gouvernement pour les dommages causés par les multinationales et les entreprises asiatiques.

Sources : GITPA, peuple Saramaka vs Suriname, wikipédia en anglais

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Saramaka, #Suriname, #Afro descendants, #Guyane, #Peuples originaires

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