Grèce : Les libertaires se sont-ils abstenus ?

Publié le 10 Juillet 2015

Grèce : Les libertaires se sont-ils abstenus ?

GRÈCE : RÉPONSES À VOS PRINCIPALES QUESTIONS (mise à jour de la réponse à la question 4).

4 - LES LIBERTAIRES SE SONT-ILS ABSTENUS ?

C’EST FAUX (confirmation avec détails).

Nous avons fait toutes les vérifications nécessaires et nous vous confirmons ce que nous avancions (même si cette information semble déplaire à certains de nos compagnons libertaires de France qui se trouvent en désaccord politique sur la participation ou pas à un référendum dans un contexte politique et social majeur) : la majorité des collectifs libertaires, communistes-libertaires, anti-autoritaires et anarchosyndicalistes, à Exarcheia comme ailleurs en Grèce, ont choisit de voter NON.

A) Soit de façon explicite :
- anarchosyndicalistes de Rosinante ;
- libertaires et gauche radicale du Réseau pour les droits politiques et sociaux
- antifascistes et communistes libertaires d’Orma ;
- libertaires et gauche radicale du Réseau de solidarité d'Exarcheia
- communistes libertaires et gauche radicale du centre social des migrants (steki metanaston) ;
- libertaires, anarchosyndicalistes et gauche radicale du Comité d'Exarcheia pour le NON
- de nombreux individus libertaires ont pris publiquement position
- etc.

B) Soit de façon implicite, en ajoutant que le NON est aussi une lutte dans la rue, par exemple à Exarcheia :
- antiautoritaires et anarchistes d’AK (vote massif confirmé par l’assemblée d’AK Athènes, qui s’est réunie ce lundi soir à l’espace social libre Nosotros) ;
- libertaires du K-VOX (affiché sur la porte de l’espace social libre et ailleurs dans le quartier) ;
- communistes libertaires du Red Line ;
- assemblée des communistes libertaires pour la contre-attaque contre les agressions des dirigeants de l’Union européenne.

C) Moins nombreux sont les anarchistes qui ont choisit d’appeler à l’abstention, même si de grands noms, comme Maziotis, se sont fait entendre, ainsi que deux collectifs, parmi les principaux d’Exarcheia* :
- anarchistes pour la révolution sociale ;
- coalition des anarchistes.

VOICI LES TROIS MOTIFS PRINCIPAUX DE CELLES/CEUX QUI ONT CHOISI DE VOTER NON :
1 – il s’agissait d’un référendum et non d’une élection ;
2 - répondre NON à la question posée ne signifiait pas dire OUI à quoi que ce soit d’autre, puisqu’il n’y avait pas de proposition alternative dans l’énoncé ;
3 - le contexte actuel était et continue à être une excellente occasion de troubler et faire évoluer « l’imaginaire social » (cf. Castoriadis, Latouche…), notamment tirer de la torpeur et de la peur des millions de résignés. Ensuite, à chacun de lutter à sa façon au quotidien et de viser plus ou moins radicalement vers l’utopie. L’un n’empêche pas l’autre.

Durant toute la semaine, les murs d’Exarcheia ont été tapissés de OXI. Et il n’est pas resté durablement une seule affiche pour le NAI dans les rues du centre du quartier (cf. photo).

Plusieurs tractages pour le OXI ont eu lieu sur la place Exarcheia, sans le moindre problème (cf. photo).

La plupart des personnages de "Ne vivons plus comme des esclaves" résidant à Exarcheia, et interrogés, ont voté NON. Pour trois d’entre eux, c’était la première fois qu’ils votaient. Pour deux autres, ils avaient voté pour la première fois le 25 janvier dernier. Au moins deux n’ont pas pu voter à cause de l’impossibilité de faire une procuration dans les délais (dont Vangelis).

Certains bureaux de vote d’Exarcheia ont donné de gros scores pour le NON**, surtout celui qui est proche du centre des initiatives autogérées (centre où il n’y a ni banque, ni commissariat, ni église), mais inversement les zones périphériques, très peuplées et plus réactionnaires, surtout du côté de Kolonaki (au sud-est) ont été plus favorables au OUI. En effet, le grand quartier qui jouxte Exarcheia et qui, selon les mesures, est parfois un peu mélangé avec le cœur des résistances à Athènes, s’appelle Kolonaki. C’est un quartier très bourgeois, au pied du Lycabète, qui vote massivement à droite, mais peu à l’extrême-droite (rappelons qu’Exarcheia se situe en plein cœur de l’hypercentre d’Athènes, appelé « A’ Athinon », tout près de l’Acropole et du parlement qui sont des zones immobilières très chères). A l’inverse, de l’autre côté, on arrive très rapidement dans les quartiers pauvres dans lesquels Aube dorée a réussi à s’implanter il y a trois ans, mais où la droite ne fait pas recette. Il suffit de traverser l’avenue du 28 octobre jusqu’à l’avenue Acharnon, puis de faire quelques pas jusqu’à l’église tristement célèbre Agios Panteleimonas, équivalent de celle des intégristes de Monseigneur Lefèvre, autrefois à Paris.

Signalons également au sujet d’Exarcheia que vient de paraître, il y a quelques jours, une magnifique bande-dessinée historique, aux Editions Ton Synadelfon. Le scénario est signé Nikos Koufopoulos*** et les dessins sont l’œuvre de Nikolas Alathos. Mais le livre n’existe pour l’instant qu’en grec. Nous allons nous charger de le faire paraître durant l’automne en version française et nous vous tiendrons au courant.

Ni dieu ni maître ni dogme ni conformisme. Puisque nous revendiquons la liberté et l’égalité, pensons par nous-mêmes.

A suivre...

Y.Y

http://blogyy.net
http://jeluttedoncjesuis.net

Merci à Paul, Litsa et Dimitris pour certains détails et, surtout, la vérification de tous les communiqués des collectifs.

* A Exarcheia, il y a une dizaine de centres sociaux autogérés d'importance et permanents, ainsi qu'une trentaine de collectifs très actifs.

** Jusqu’à 82% : un chiffre qu’on m’avait rapidement et gentiment donné (merci Dimitris), et que je vous avais aussitôt transmis, mais qui était incomplet puisqu’il ne touchait qu’un seul bureau de vote sur 7 à 11 environ, selon comment on conçoit la réalité géographique d’Exarcheia, puisque les avis divergent depuis 40 ans quant à savoir où s’arrête Exarcheia et où commence, par exemple, le grand quartier voisin de Kolonaki, historiquement bourgeois et réactionnaire (cf. introduction du livre « Exarcheia la noire » aux Editions Libertaires). On connaît également ces problèmes de découpage en France et ailleurs, avec des zones géographiques sans significations réelles, arrangées pour amplifier ou atténuer certaines opinions marquantes et remporter électoralement de nouvelles circonscriptions, par exemple.

*** Membre du groupe Alpha Bang qui a participé à la BO de Ne vivons plus comme des esclaves (musique d’ouverture sur les premiers cartons : « ce qui suit n’est pas du cinéma, etc. »).

Source : Yannis Youlountas sur Fb

Rédigé par caroleone

Publié dans #Europe, #Grèce

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