Épitaphe pour un atterissage

Publié le 20 Juillet 2015

Épitaphe pour un atterissage

19 juillet 1979.

Le front sandiniste de libération nationale entre à Managua la capitale du Nicaragua.

Le gros avions vole au-dessus des nuages rosés
du petit matin
survolant l'Atlantique, puis la mer Caraïbe,
toujours en direction du soleil, et toujours
dans le petite matin,
et maintenant la terre,
les montagnes libérées du Nicaragua
les montagnes tout juste alphabétisées
et toujours les nuages rosés, toujours dans le petit matin
et ensuite la descente vers l'aéroport
et maintenant nous allons toucher terre
et en regardant de près la terre
je pense, j'ignore pourquoi, aux morts,
pas à tous, mais à eux,
nos morts,
dans les montagnes, dans des fosses communes, dans une
tombe solitaire,
dans des cimetières, au bord des chemins,
près de cet aéroport, sur tout le territoire nationale,
sous des monuments, anonymes sans le moindre monument,
tous transmués en cette terre, rendant plus sacrée encore
cette terre,
Sandino, Carlos Fonseca, Jjulio Buitrago, Oscra Turcios,
Ricardo Morales, Avilés, Rugama, Eduardo Contreras,
Carlos Agüero, Claudia Chamorro, Luisa Amanda
Espinoza,
Luis Alfonso Vélazquez, Arlén Siú, Ernesto Castillo,
Pedro Joaquin, José Benito Escobar, David Tejada,
Pomares, Silvio Mayorga, Pablo Ubeda,
Gaspar,
le "Camus Medrano", Donald et Elvis, Felipe Peña,
et tant d'autres, et tant d'autres, et tant d'autres :
qu'on m'enterre dans cette terre à vos côtés, mes Camarades
Morts.
Les roues ne sont plus qu'à quelques mètres de la terre.
Et une voix devrait annoncer au micro : Mesdames et
Messieurs,
la terre que nous allons toucher est infiniment sacrée.
.....Les roues viennent juste de toucher, mesdames et
messieurs les passagers,
une grande tombe de martyrs.

Ernesto Cardenal, Poème de la révolution

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Nicaragua, #Devoir de mémoire, #La poésie que j'aime

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