Servitude moderne

Publié le 14 Juin 2015

Servitude moderne

Je ne boirai pas de ton eau

Disait la fontaine bien achalandée.

Je ne serai jamais esclave

Disait l’ouvrier en chaussant sur son nez

Les lunettes de la révolte syndicale

Habillées de so escorte locale.

Je ne resterai pas sous un ciel de compromis

Disait l’autochtone

Etabli

Depuis sa naissance dans un village

De paille et de riz

Brisé par la guerre coloniale.

Je ne finirai pas ma vie

D’une maigre retraite qui me briserai les os

Comme le fardeau de ma tâche accomplie

Dit le futur retraité de la vie.

Pourtant,

Nul ne t’a prédit que ton repos

Serait de tout repos

Et que celui-ci te proposerai

De vivre sans prise de tête

D’une maigre rente tout juste suffisante.

Ils ne sont pas fous.

Ils nous laissent juste de quoi survivre

Survivre d’un quignon de pain

Et de mille contraintes du quotidien.

Ils ne sont pas fous.

Ils sèment des guerres pour leurs fortunes

Et rejettent les réfugiés des colonies sauvegardées.

L’être humain ?

Que pèse-t-il au regard de leurs profits ?

Une plume de colibri

Rognée et puis encore rognée

Par mille tracas

Mille embuches

Semées sur les chemins de la reconnaissance.

Ils ne sont pas fous.

La masse les rend riches à millions

Elle se laisse faire :

Rien dans le ventre

Rien sur un compte

Juste une chaîne à ses pieds de marbre lourd.

La masse ne dit rien

Pourtant un atout

Dans sa manche éculée elle a :

Elle est une masse.

Lourde.

Lourde.

Lourde masse.

Faite de millions, de milliards

D’êtres en attente.

Contre une poignée,

Condescendante,

De peignes-culs pleins aux as

Pourris de fric à ne plus savoir qu’en faire.

Elle a un atout la masse :

Elle est elle-même composée,

Prête à fonctionner.

Qui appuiera sur son bouton ?

Servitude moderne

Carole Radureau (14/06/2015)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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D
beau poème dans l'attente du grand soir, mais on sait bien que les révolutions forment en leur sein une nouvelle classe d'exploiteurs, ah la Nomenclature!
C
Oui, dans l'attente du grand soir et avec la confiance en l'être humain malgré tout, envers et contre tout.
A
Promesses de vies anéanties, c'était programmé d'avance. Les masses prêtes à fonctionner? Hum...j'ai un doute hélas, mais ne perdons pas espoir.
C
Non, il ne faut jamais perdre espoir car parfois ça peut aller très vite. Je le dis toujours à mes enfants en me servant pour cela de l'inspiration de l'hymne des zapatistes il faut aller de l'avant , vamos adelante. C'est une bonne formule.