Le collier du rosier
Publié le 5 Mars 2015
« Acceptez-vous quelques piquants ?
A-t’on demandé au rosier. »
Le rosier inerme
A toutes les attaques
Donnait son flanc vert et tendre.
Picoré, piétiné, harcelé
Chacun voulait y goûter
À ce bon goût d’ivoire et de pêche.
Un jour il accepta :
Se dota de quelques aiguillons
Qui de suite trouvèrent
Chaussure à leurs pieds.
Qui s’y frotte s’y pique !
Récitait le rosier fier de sa réplique.
Du sang et des lambeaux de chair
Jonchaient parfois sa robe épineuse
Mais qu’importe !
Heureux il était
De ne plus subir les assauts.
Un jour il se retrouva épineux
Jusqu’au collet, jusqu’à son cou de nacre rosée.
Les aiguillons envahissants
Plus de limite à leur conquête
Le rosier se trouva vite bête
Un collier d’épines serrant sa glotte
Sa fleur était pâle laissant s’évader
Jusqu’à sa couleur de prune et de myrtille.
La liberté chérie dans les pics d’une chaîne
S’était prise dans une veine
Une prison d’aiguillons acérés
Lui coupait l’air et la beauté.
La morale de cette histoire florale
Est qu’à tout bien tout mal
Nul ne doit ériger de barrières
Autour d’un buisson qui en est dépourvu.
Car le premier aiguillon implanté
En appelle un deuxième
Et ainsi foule survit
Sur le dos de ce qui fut un jour
Un jardin secret embaumant la vie.
…..Seconde version et seconde morale…….
La liberté chérie
Si elle ne multiplie ses maillons
Un jour ou l’autre peut s’exprimer
Dans le pli vert et joli
D’un jardin secret bien gardé.
Sur son séant de pur coton
De ouate calfeutrée de tourbe légère
Un rosier bicolore poussait sa chansonnette
Les matins dès l’aurore.
Il avait sur son corps végétal
Accepté quelques aiguillons
Se disant que sa maison serait sans doute bien gardée,
Mais sans y croire.
Devant le désir d’expansion
Une petite barrière faite d’un NON !
Avait réglé la question
Et son buisson avait prospéré.
Au sein du jardin
Ses fleurs resplendissaient de leur double sentence :
Lait d’ivoire pur de l’innocence
Balayé et caressé d’un rouge carmin
Puisé dans le volcan passionné de l’amour.
Il était le plus beau des troubadours
Parfois qui s’y frottait s’y piquait
Parfois qui l’aimait
L’aimait à satiété.
A vous de choisir la version qui sied
A votre bon plaisir, à votre pensée.
La rose est la rose
Qu’elle soit équipée ou dépourvue
N’empêchera jamais son parfum capiteux
D’embaumer nos sens
D’aiguiser nos vertus.
Carole Radureau (04 et 05/03/2015)
Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons