Le collier du rosier

Publié le 5 Mars 2015

« Acceptez-vous quelques piquants ?
A-t’on demandé au rosier. »


Pablo Neruda (Le livre des questions)

Le rosier inerme

A toutes les attaques

Donnait son flanc vert et tendre.

Picoré, piétiné, harcelé

Chacun voulait y goûter

À ce bon goût d’ivoire et de pêche.

 

Un jour il accepta :

Se dota de quelques aiguillons

Qui de suite trouvèrent

Chaussure à leurs pieds.

 

Qui s’y frotte s’y pique !

Récitait le rosier fier de sa réplique.

Du sang et des lambeaux de chair

Jonchaient parfois sa robe épineuse

Mais qu’importe !

Heureux il était

De ne plus subir les assauts.

 

Un jour il se retrouva épineux

Jusqu’au collet, jusqu’à son cou de nacre rosée.

Les aiguillons envahissants

Plus de limite à leur conquête

Le rosier se trouva vite bête

Un collier d’épines serrant sa glotte

Sa fleur était pâle laissant s’évader

Jusqu’à sa couleur de prune et de myrtille.

 

La liberté chérie dans les pics d’une chaîne

S’était prise dans une veine

Une prison d’aiguillons acérés

Lui coupait l’air et la beauté.

 

La morale de cette histoire florale

Est qu’à tout bien tout mal

Nul ne doit ériger de barrières

Autour d’un buisson qui en est dépourvu.

Car le premier aiguillon implanté

En appelle un deuxième

Et ainsi foule survit

Sur le dos de ce qui fut un jour

Un jardin secret embaumant la vie.

 

Le collier du rosier

…..Seconde version et seconde morale…….

La liberté chérie

Si elle ne multiplie ses maillons

Un jour ou l’autre peut s’exprimer

Dans le pli vert et joli

D’un jardin secret bien gardé.

 

Sur son séant de pur coton

De ouate calfeutrée de tourbe légère

Un rosier bicolore poussait sa chansonnette

Les matins dès l’aurore.

 

Il avait sur son corps végétal

Accepté quelques aiguillons

Se disant que sa maison serait sans doute bien gardée,

Mais sans y croire.

Devant le désir d’expansion

Une petite barrière faite d’un NON !

Avait réglé la question

Et son buisson avait prospéré.

 

Au sein du jardin

Ses fleurs resplendissaient de leur double sentence :

Lait d’ivoire pur de l’innocence

Balayé et caressé d’un rouge carmin

Puisé dans le volcan passionné de l’amour.

Il était le plus beau des troubadours

Parfois qui s’y frottait s’y piquait

Parfois qui l’aimait

L’aimait à satiété.

 

A vous de choisir la version qui sied

A votre bon plaisir, à votre pensée.

La rose est la rose

Qu’elle soit équipée ou dépourvue

N’empêchera jamais son parfum capiteux

D’embaumer nos sens

D’aiguiser nos vertus.

 

 

 

Carole Radureau (04 et 05/03/2015)

 

Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons

 

Le collier du rosier

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes, #Fragments de Neruda, #Les fleurs

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A
Je prendrais bien les deux parce que composés du même talent, mais puisqu'il faut choisir, le second. J'aime beaucoup ces deux fables, pleines de sagesse et le ton volontairement léger que tu as adopté pour évoquer un problème finalement très philosophique et grave.
C
Oui, je crois que je prendrais aussi le second comme toi. C'est bizarre ce qui s'est passé avec ce texte, mais cela c'est déjà produit auparavant : j'écris avec une sorte de ligne de conduite de ma pensée et la muse me dépasse et brode son idée à elle. Alors en relisant, je me suis dit, mais cela ne reflète pas mes propos préalables mais comme c'était pas mal tourné, j'ai décidé ce matin de refaire une version plus conciliante. Oui, c'est philosophique évidemment. La rose s'y prête et Pablo sur une simple question ouvre encore une fois tout un débat. Merci beaucoup de ta visite, ça me fait du bien que l'on vienne me donner un peu de retour à mes textes.<br /> Bises<br /> <br /> caro