La danse du soleil des amérindiens
Publié le 20 Février 2015
Plus généralement connue sous le nom de la Danse du soleil, le véritable nom est Danse face au soleil.
« Notre corps est la seule chose qui nous appartienne vraiment, lorsque j’offre ma chair, j’offre le seul bien que je possède. »
Il s’agit d’un rituel religieux pratiqué par des tribus indiennes d’Amérique du nord et du Canada, l’un des plus importants et des plus spectaculaires des indiens des plaines.
C’est pendant la guerre des plaines que cette danse connaît son apogée.
Chaque tribu à ses propres règles, ses propres danses mais les cérémonies malgré tout ont de nombreux points communs (danse, chants, prières, tambour, visions, automutilation de la poitrine et du dos).
On retrouve la danse face au soleil chez les peuples suivants :
Arapaho, arikara, assiniboine, cheyenne, crow, gros ventre, hidatsa, lakota, cree des plaines, ojibway des plaines, ponca, omaha, ute, shoshone, kiowa, pieds-noirs.
Les tribus du Canada et la danse du soleil et les différents noms que porte la danse :
- Cree des plaines : danse de la soif
- Saulteaux (ojibway des plaines) : danse de la pluie
- Pieds-noirs (siksita, kainai, piikani) : danse médecine
Elle a été pratiquée également par les dakota, les dénés, les assiniboines canadiens, les nakota canadiens.
Les tribus qui tiraient leur existence de la chasse aux bisons avaient une cérémonie religieuse plus élaborée.
A quel moment a-t-elle lieu ?
La cérémonie se tient une fois par an pendant le solstice d’été, pendant la pleine lune, vers le fin juin ou début juillet. Elle dure de 4 à 8 jours.
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image ci-dessous « Fort Hall Reservation. Shoshone Indian Sun Dance - NARA - 298649 » par Inconnu ou non renseigné — U.S. National Archives and Records Administration. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons -
Les valeurs
Ce rite célèbre la renaissance des participants et de leurs familles, le renouveau du monde terrestre. Il était aussi destiné au retour des troupeaux de bisons.
Il s’agit de s’offrir en sacrifice au grand esprit et de prier tout en étant relié à l’arbre de vie pour communiquer directement avec Wakan Tanka.
Sensée représenter la continuité entre la vie et la mort et affirmer que la mort n’est pas une fin mais le début d’un nouveau cycle.
Les préparatifs
C’est le chaman qui s’occupe de l’organisation et donne ses instructions pour la construction de la loge et de la danse.
Les hommes les plus importants de la tribu doivent trouver un arbre (un peuplier de Virginie) avec une cime en forme de fourche.
La capture de l’arbre est la tâche des vieilles femmes qui conduisent une procession de jeunes filles habillées de leurs belles robes de peau brodées de perles. Les jeunes filles doivent abattre et élaguer l’arbre de ses branches les plus hautes. Cet arbre servira de mât central pour la danse.
Au signal d’un vieux guerrier, au lever du soleil, une troupe de guerriers à cheval s’élance au galop à l’assaut du tronc d’arbre, lui tirant des flèches et se servant de leurs lances.
On place ensuite dans la fourche de l’arbre un paquet contenant des broussailles, de la peau de bison, du tabac, des effigies de bison et d’homme, des bandes d’étoffes dont les couleurs symbolisent les points cardinaux.
Ensuite l’arbre est transporté sur le lieu de la cérémonie comme on porte le corps d’un ennemi vaincu.
Un bison est sacrifié et sa tête, la peau complète de l’animal sont attachés en haut du mât, la tête tournée vers l’est, soleil levant.
Le mât représente le centre du monde ou le Grand Esprit et relie le ciel à la terre.
Autour du poteau central sont plantés 28 autres troncs représentant les 28 jours du cycle lunaire et les 28 côtes du bison.
Sur les cimes sont reliées des perches au mât central. Le fourche du mât représente un nid d’aigle, un animal sacré pour les indiens car il vole haut et sert d’intermédiaire entre les hommes et les esprits. C’est celui qui vole le plus près du soleil, il facilite les contacts pendant la danse.
Le chaman touchera le mât avec une plume d’aigle qui a une vertu curative pour transférer au mât l’énergie. Les sifflets qui servent pendant les danses sont en os d’aigle également et évoquent la voix de Wakan Tanka. Les tambours, eux, évoquent « le souffle palpitant de l’univers ».
image « Sundance ». Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons - Dans du soleil des sioux par Georges Catlin, 1851
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Les danses
La première danse : regarder fixement le soleil
La seconde danse : regarder fixement le soleil au sommet du poteau. Pratique des incisions derrière les omoplates pour y passer des broches de bois auxquelles sont attachées le crâne de bison.
La troisième danse : regarder fixement le soleil, attaché au poteau. Incisions dans le dos et sur la poitrine pour être attaché au poteau.
La quatrième danse : regarder fixement le soleil en étant suspendu au mât. Incision pratiquée sous les pectoraux.
Les jeunes hommes qui participent au rituel sont préparés toute l’année qui précède l’évènement sous l’œil attentif de l’homme médecine. Ils s’engagent à danser pendant quatre années consécutives dans la direction des quatre points cardinaux.
Les femmes peuvent participer à la danse du soleil mais contrairement aux hommes, elles ne sont pas forcées de se transpercer la peau. Quand elles le souhaitent, elles se font inciser le haut du bras et on y glisse une plume d’aigle dans la plaie jusqu’à ce que celle-ci se déchire.
Le don du corps est le plus grand des sacrifices. Chaque participant doit se présenter devant l’homme médecine qui pince entre son index et son pouce une partie de la peau de la poitrine des volontaires et avec un couteau aiguisé il transperce la partie et y place une baguette en os ou en bois.
La broche est ensuite reliée à l’aide d’une lanière de cuir au mât sacré. Les lanières représentent les rayons de lumière émanant du Grand Esprit.
L’homme doit ensuite se libérer par tous les moyens en tirant sur la lanière, en se jetant sur le mât en arrière pour arracher son morceau de chair.
A la fin de l’épreuve, les danseurs sont allongés sur des lits de sauge et continuent le jeûne et ils racontent leurs visions au chaman.
Les récits feront naître de nouvelles chansons, des pas de danses et parfois des prophéties.
Avant de partir, les objets trop sacrés pour être emmenés restent stockés au pied du mât.
Le bison
Pendant la danse les visions faisaient souvent apparaître le bison aux danseurs. Un danseur qui défaillait durant la danse du soleil voulait dire qu’il avait eu peur d’affronter le bison.
Participer à la danse du soleil c’était aussi une façon de résoudre un conflit intérieur : respecter le bison, animal sage et puissant mais devoir le tuer pour survivre. L’adorer ainsi permettait de le traiter avec respect. C’était une façon de le remercier en ce qu’il donnait sa vie pour qu’eux, vivent.
Différentes versions selon les tribus :
Les cheyennes avaient décidé que tous les objets sacrés introduits dans la danse du soleil devaient être liées au bison. Ils remplissaient les cavités des yeux et du nez d’un crâne de bison avec de l’herbe représentant une nourriture abondante pour l’animal et par rebond une nourriture abondante pour les hommes.
Les lakotas plaçaient un pénis de bison contre le mât pour décupler la virilité des danseurs.
Les shoshones pensaient que c’était le bison qui avait enseigné à l’homme les rituels de la danse.
Les sioux dakota croyaient que les os se régénèrent en nouveau bison parce que pour eux, l’âme à son siège dans les os.
Interdictions
Vers 1880, le gouvernement canadien juge cette danse illégale et aux EU c’est en 1904. L’aspect « barbare » du rituel et des pratiques d’automutilation en sont les principales raisons mais cela dépossède, hélas, les indiens de leurs traditions et de leurs coutumes.
Les contrevenants étaient inculpés de « délit indien » et certains cas les cérémonies étaient organisés en secret sur des sites sacrés.
A présent la danse est à nouveau permise depuis la présidence de Carter aux EU et au Canada elle se déroule sur chaque réserve des plaines, parfois dans celle des villes.
Au Canada, en 1951 est abrogé l’indian act interdisant le sacrifice de la chair et les échanges de sang à sang.
Le témoignage de Leonard Peltier, emprisonné injustement depuis presque 40 ans dans les prisons yankees, son seul crime est d’être indien.
Sources : wikipédia, sur le net. livre de Leonard Peltier Ecrits de prison.
" La morosité peut parfois être accablante, surtout les jours où s’accumulent privations et frustrations de la vie carcérale.
Et encore, ces dernières années me suis-je senti de plus en plus détaché et étrangement libéré de tout ça, même entouré de murs et de clôtures.
J’attribue cela à la danse du Soleil, car un homme ayant pris part à cette cérémonie entretient un rapport particulier avec la douleur. Et il sera difficile de le briser.
La danse du Soleil me rend dort. Elle a eu lieu en moi et non à l’extérieur. Je perce la chair de mon être et je l’offre au Grand Esprit, au Grand Mystère et à Wakan Tanka. Donner votre chair à l’Esprit, c’est comme donner votre vie. Et vous ne pouvez plus perdre ce que vous avez déjà donné.
La danse du Soleil est notre religion, notre force. Nous tirons une grande force de cette danse qui permet de résister à la douleur, à la torture et à n’importe quel procès plutôt que de trahir le Peuple. C’est pourquoi nous étions capables autrefois de supporter la douleur lorsque nos ennemis nous torturaient. Quand vous donnez votre chair, que les broches la transpercent au cours de la danse du Soleil, vous ressentez chaque parcelle de cette douleur.
Aucune d’elles ne vous est épargnée et pourtant, il se produit un détachement, une séparation. Comme si vous devenez partie intégrante de quelque chose de plus grand et que vous ressentiez la douleur en vous voyant la ressentir. Ainsi, d’une certaine manière, la douleur devient contenue, limitée.
Tandis que le soleil ardent vous enflamme et que les broches déchirent votre chair, une étrange et puissante lucidité croit dans votre esprit. La douleur explose en une vive lumière blanche, en une révélation.
Vous recevez la vision silencieuse de ce que signifie communier avec tous les êtres surnaturels et naturels.
Ainsi la danse du Soleil m’a même rendu la vie carcérale soutenable.
Je n’ai pas été détruit.
Ma vie est ma danse du Soleil."
Leonard Peltier, Ecrits de prison, le combat d’un indien.