Ivan Rebroff, la Russie et quelques brèves d’enfance

Publié le 6 Février 2015

Hier, sur le blog du camarade Roger, une chanson du russe Ivan Rebroff fait émoustiller ma cervelle de moineau et retourner quelques heures en enfance.

Quand j’étais gamine, cela peut paraître bizarre et loufoque mais j’étais fan d’Ivan Rebroff.

Un disque 33 tours de lui traînait à la maison.

Pour moi, la belle Russie, son immensité, ses neiges étincelant sur les clochers à bulbes multicolore ne pouvait qu’être au-dessus du lot, portant sur son territoire des géants aux mains de fer et à la voix caverneuse.

C’était un mystère corroboré par les chants de l’Armée rouge qui parfois, avaient bien dû couler dans mes oreilles.

Vous allez rire !

On nous donnait souvent des vêtements car nous n’étions pas riches et ne connaissions pas les habits neufs (seuls ceux que ma mère confectionnait l’étaient et encore) et un jour dans un lot qui venait sûrement de ma famille suisse se trouvait une magnifique tunique russe et rose pâle avec la bande sur le côté comme celle que porte Ivan Rebroff.

Ni une, ni deux, je me l’approprie, elle était pile-poil à ma taille par une magie de la bienséance que j’ai toujours pu constater dans les vêtements venant de Suisse, une cousine était certainement mon clone.

Je devais avoir de petites bottines, un pantalon pour faire homme et comble de grand luxe mon grand-père Pierrot m’avait fabriqué un ceinturon avec des pièces percées.

Vous savez, il y en a un paquet des pièces de ce genre. En participant une année à la bourse toutes collections de ma ville, j'ai vu ses pièces et demandé de quoi elles provenaient, ce que l'on m'expliqua. Et moi qui croyait que mon grand-père les avait percées pour les mettre sur le ceinturon !!

Je peux vous dire que j’en jetais à l’école où tout le monde déjà me prenait pour une originale mais moi, je ne m’en rendais pas compte. J’ai toujours été heureuse de vivre selon mes idées et de les assumer.

Là, c’était le cas.

Quelle force se dégageait de cette tenue, comme je m’y sentais bien, comme j’aurais voulu ne jamais grandir !

Il faut dire que certainement, la Russie et ce qu’elle représente comme mystère n’était pas tombée par hasard dans l’escarcelle de mes oreilles.

Vous connaissez tous à présent le grand-père Pierrot et ses idées et lui, son rêve c’était de se rendre dans ce beau pays.

Ce qui fut fait dans les années 80 avec le parti il me semble et où il a pu se rendre sur la place rouge le 1er mai.

Il a fait un assez long périple, c’était le voyage de sa vie.

Nous autres avec ma grand-mère (qui n’était pas partie car elle ne voulait pas faire ses papiers d’identité) on suivait ça de loin avec toutes les cartes postales et les beaux timbres.

***

Sans m’en rendre compte, je crois bien que mes lectures suivirent cette certaine influence mais je n’en suis pas sûre.

Je me rends compte alors que je fais ce petit bilan russe, comme j’ai détaillé ce territoire dans mes choix de lecture.

Tout d’abord avec la découverte très jeune de l’auteur Henri Troyat qui accompagna une première partie de ma vie avant d’être remplacé par Pablo. En effet, quand j’avais 12 ans, ma mère avait acheté la biographie de Catherine la grande et c’est moi qui l’avait lue et ainsi j’ai enchaîné les lectures des biographies, que ce soit des tsars comme des auteurs. C’est ainsi que forcément je rencontrais Pouchkine, mon premier coup de foudre poétique.

De Pouchkine a Maïkovski que je rencontrais bien plus tard, quel grand écart poético-russe !!

Mais, si Pouchkine avait vécu plus tard et n’avait pas subi les censures, qui sait ce qu’il aurait pu écrire de révolutionnaire car il avait la fibre en lui !

Magnifique et émouvant poète.

Plus tard, après avoir lu les sagas de Troyat, j’hésitais à me lancer dans les séries romanesques sur la Russie, il y en avait pas mal et dotées de nombreux ouvrages.

Bah, je mis le doigt dans Tant qu’il y aura des hommes….un choc.

J’ai enchaîné toute la littérature Troyienne…..avec plaisir et grand intérêt car la véracité des faits historiques est un fait chez ce grand auteur. Et c'est ce que je recherche le plus souvent dans un livre. Je ne suis pas portée sur les fictions ou très peu.

Cela avait planté un décor de cette Russie.

Quand j’embrassais un jour à pleine bouche le communisme, j’en goûtais d’autres auteurs, non moins talenteux mais d’un tout autre style : Lénine et Trotsky.

Je crois que j’avais de quoi faire le tour de la question.

Sachant que j’ai lu également les auteurs classiques dont mon chouchou est Maxime Gorki, suivi de Dostoïevski , vous pourrez vous rendre compte que j’ai mis un pied sans le savoir sur ce pays des merveilles.

Oui, il est pays des merveilles.

Il est exotique et sur ses terres les gens souffrent comme nulle part ailleurs, d’une souffrance qui semble ne jamais vouloir se calmer.

Ils sont entiers, ils sont fiers et ne pas les respecter, c’est cruel et inhumain.

Ils sont imparfaits comme tous les êtres humains mais ils portent en eux une sève riche et dense qui s’exprime comme le thé lorsqu’il envahit le morceau de sucre caché sous la langue.

D’Ivan Rebroff à Maïakovsli, de Pouchkine à Lénine, de Gorki à Elsa Triolet et à Lili Brik, que d’idéaux différents qui compliquent le sens à donner à ce pays d’ombre et de lumière.

 

Je suis pro-poète -russes : Arrêtez-moi !!

 

Caroleone

 

 

une chanson pour ma Calinka...elle a la même fourrure que la toque mais sur tout le corps.

Rédigé par caroleone

Publié dans #Réflexions

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A
Un beau récit enthousiaste et touchant. Quoi de mieux que de découvrir un pays à travers sa littérature et ses artistes? Ils en sont l'âme, le véritable et profond reflet.<br /> Te connaissant un peu, tu ne pouvais que t'enflammer pour ce pays et ce peuple d'ombre et de lumière comme tu le dis, fougueux et mystérieux dans ses contradictions.
C
Bonjour Almanito,<br /> <br /> Je me suis rendue compte très tard de ce que m'avait transmis mon grand-père, je pense malgré lui. Les disques, ils étaient à mes parents, mais dans le peu que j'ai eu en matière musicale car nous avons eu assez tard un tourne-disque, c'est fou comme c'était de la musique folklorique en fait. El condor pasa, la cucaracha...ça marque pour la vie comme Ivan Rebroff et je pense qu'Elvis à côté dans ma mémoire à plus mal vieilli. A l'époque de mon enfance, on ne disait pas la Russie, on disait l'URSS et tout ce que cela comprenait comme idéaux derrière. C'est le territoire qui m'a le plus marqué dans tous les sens du terme avec Abya Yala....d'ailleurs depuis des années, j'alterne les écrits russes et latinos. J'y trouve une alternative mais en même temps beaucoup de points communs, c'est difficile à dire, dans ce que l'on apprend des petites gens, des peuples. Mais, hélas pour nous, point d'avancées progressistes comme on peut les voir en Amérique latine, pas beaucoup d'espoir que le peuple soit un jour mieux loti.<br /> Bises<br /> <br /> caro