Guatemala /Mexique : Le peuple Mam

Publié le 22 Décembre 2014

image Ekem

Peuple autochtone descendant de la civilisation maya qui vit dans les montagnes occidentales du Guatemala ainsi que dans le sud-ouest du Mexique.

Territoire

Au Guatemala ils vivent dans les départements de Huehuetenango, San Marcos et Quetzaltenango.

Population : 617.171 personnes

Au Mexique ils vivent dans la région de Soconusco du Chiapas.

Population : 23.632 personnes

Cette partie du Chiapas est la plus méridionale et s’étend au sud de la rivière Ulapa. Au XIX e siècle la région est contestée entre le Mexique et le Guatemala jusqu’à ce qu’un traité soit signé en 1882 fixant la frontière moderne qui divise l’extension historique de la région vers le Mexique et une petite partie qui reste au Guatemala.

L’humidité constante et le sol volcanique favorisent l’agriculture et l’on y trouve des plantations de café, de fruits tropicaux, de fleurs et récemment de ramboutan.

Langue : mam ou qyol mam, langue maya sous branche mamean.

Guatemala /Mexique : Le peuple Mam

image Zaculeu ci-dessus Wouterhagens

A l’époque précolombienne la capitale royale des mames était Zaculeu.

Zaculeu ou Saqulew se dit en langue mame Chinabajul.

C’est une cité précolombienne maya sur les hauts plateaux à 3.5 kilomètres de la ville moderne de Huehuetenango.

L’occupation remonte au début de la période classique. C’était donc la capitale du royaume mam qui a été conquise par le royaume quiché de Q’umarkaj. Le style est un mélange d’architecture quiché et mam.

En 1525 la ville est attaquée par les conquistadors espagnols lors d’un siège qui dure plusieurs mois.

Kayb’il B’alam le dernier souverain de la ville se rend aux espagnols en raison de la famine.

Le site contient des temples-pyramides avec talud-tablero, des escaliers doubles, un jeu de balle.

Le département de Huehuetenango

C’est l’un des départements guatémaltèques qui compte le plus de diversité ethnique. En effet, neuf peuples maya y vivent et parlent leur propre langue. Les mames sont prédominants et voisinent avec les q’anjob’al, les chuj, les jakaltek, les tektik, les awakatek, les chalchitek, les akatek et les quichés.

Sur les hauts plateaux sont cultivés le maïs, les pommes de terre, l’orge, la luzerne et les haricots. Sur les pentes basses , le café, la canne à sucre, le tabac, le chili, la yuca (manioc), l’achiote et des fruits.

Mode de vie

 

image Citalan m

Les mames vivent en grande partie autour de la ville de Huehuetenango mais d’autres vivent dans la montagne et ont gardé les traditions indigènes intactes.

Leur moyen de subsistance est l’agriculture avec les cultures traditionnelles ; haricots, maïs, café pour certains.

Des mam travaillent dans les plantations de café en tant que saisonniers.

Ils pratiquent un artisanat traditionnel, le tissage sur un métier de ceinture à l’ancienne, de la poterie, des meubles en bois.

Les maisons ont souvent un plancher en terre battue, pas d’eau courante, des murs en boue, un toit en tôles ondulées et de petites fenêtres avec des volets.

Les habits sont aussi traditionnels et les femmes portent de beaux huipils colorés et fleuris, une jupe de style portefeuille typiquement maya et des châles.

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Les multinationales et le combat des femmes

Les femmes sont organisées dans un processus de résistance pour la défense de la terre mère et contre les méga projets d’extraction minière des multinationales sur leurs territoires.

Les femmes du Guatemala et plus précisément les femmes indigènes vivent dans une situation d’exclusion et de pauvreté. Elles souffrent peut-être plus que les hommes des impacts de l’exploitation minière et leurs conditions de vie s’aggravent. Comme elles vivent une relation symbolique et étroite avec la terre mère, elles vivent cela comme une réelle agression. Les formes de résistance se basent sur l’héritage indigène et sur les lois et conventions nationales qui définissent leurs droits communautaires.

Deux territoires ont fait une déclaration en tant que territoires libres d’exploitation minière et de mégaprojets : la région nord en janvier 2010 et la région Huista en septembre 2008.

Article du gitpa        

La cérémonie de la Paach

Qui a été classée en urgence en 2013 au patrimoine mondial de l'Humanité, voir lien ci-dessous.

Magnifiques photos  ICI 

Source : wikipédia en espagnol, gitpa

MAMES

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Traduction carolita de l'article de l'INPI pour le Mexique

Auto-désignation et tronc linguistique

Ils sont officiellement identifiés comme Mam ou Mame ; cependant, les habitants désignent leur langue comme To Qyool, qui signifie "dans notre parole", et en tant que peuple indigène, ils se font appeler Winaq Qo', traduit par "notre peuple".
Cette langue est classée dans la famille linguistique maya, qui comporte cinq variantes linguistiques : Frontera, sud, nord, Sierra et Soconusco.

Langue

Le mam est un groupe linguistique qui appartient à la famille maya. La langue génétiquement la plus proche de ce groupe est le teko. Le mam est parlé dans les états du Chiapas, de Campeche et du Quintana Roo. Lors du dernier recensement effectué par l'INEGI en 2010, 10 467 locuteurs de Mam ont été enregistrés. Ce regroupement comprend cinq variantes :

Mam de la frontera/Qyool
Mam du nord/Qyool 
Mam du sud/ Qyool 
Mam de la Sierra/ Qyool 
Mam de Soconusco/ Qyool Mam/ B'anax Mam

Les variantes sud, Sierra et nord sont très menacées d'extinction, la variante Soconusco est très menacée d'extinction et la variante frontière est moyennement menacée d'extinction.

Localisation et zone écologique

Les Mames du Mexique sont situés dans différentes municipalités du Chiapas : Acacoyagua, Acapetahua, Amatenango de la Frontera, Bejucal de Ocampo, Bella Vista, Cacahoatán, Escuintla, Frontera Comalapa, Frontera Hidalgo, La Grandeza, Huehuetán, Mazapa de Madero, Mazatán, Metapa, Motozintla, El Porvenir, Villa Comaltitlán, Siltepec, Suchiate, Tapachula, Tuxtla Chico, Tuzantán, Unión Juárez, Maravilla Tenejapa et Las Margaritas ; et dans les municipalités de Campeche et Champotón de l'État de Campeche, ainsi que dans la municipalité d'Othón P. Blanco dans le Quintana Roo.
La majorité de la population vit dans des quartiers dispersés, des colonies et des rancherías. Cette grande dispersion entraîne leur installation dans diverses zones écologiques. Par exemple, au Chiapas, ils vivent dans des zones dont l'altitude varie de 40 mètres d'altitude dans les municipalités de Suchiate et Tapachula, où l'on enregistre un climat chaud, à des sites au climat tempéré avec des altitudes de plus de 1 000 mètres, comme les zones de culture du café de Union Juarez et Siltepec, à des régions froides qui dépassent 2 800 m, comme dans le cas de certaines localités de El Porvenir. C'est dans la région montagneuse où se concentre la majeure partie de la population, à la suite de la région de Soconusco, alors que dans les États de Campeche et Quintana Roo ce sont des groupes minoritaires.

Histoire

D'après les informations disponibles dans les chroniques coloniales, on sait que les espagnols ont pénétré sur le territoire à différents moments et endroits. Aux côtés des conquistadors, des représentants de différents ordres religieux sont également venus pour la conquête spirituelle de la population. Au début, ce furent les Dominicains et les Franciscains, puis, pendant la période coloniale, les Mercedariens sont arrivés.
La période coloniale a été caractérisée par le pillage des terres agricoles et d'autres biens, tant en nature qu'en argent, ainsi que par le recrutement d'une main-d'œuvre esclave basée sur le système du tribut au profit de la Couronne, de l'Église et des envahisseurs. La population indigène était concentrée dans des "républiques indiennes" par le biais du système encomienda, conçu pour le gouvernement, le contrôle et l'exploitation par les espagnols. Pendant plus de trois siècles, pratiquement depuis l'invasion jusqu'à l'indépendance de l'Espagne, les Mames, ainsi que l'État de Chiapas et Soconusco, ont été administrés politiquement depuis le Guatemala.
Au XIXe siècle, des désaccords sont apparus entre le Guatemala et le Mexique au sujet de ces territoires, un différend qui a duré jusqu'en 1882, lorsque les deux gouvernements ont signé un traité de délimitation définitif. Avec la signature de ce traité, les Mames ont été divisées entre les deux pays. Au Mexique, leurs terres ont été déclarées propriété de la nation et ils ont été naturalisés comme mexicains et soumiss à des politiques discriminatoires et intégrationnistes visant à éliminer leur identité ethnique.
Plusieurs événements de la fin du XIXe siècle marquent l'histoire actuelle de ce peuple, notamment la promotion de l'économie régionale par le biais des plantations de café aux mains des étrangers et des mexicains, l'expropriation des plantations de café dans la période post-révolutionnaire et la distribution des terres sous le gouvernement de Lázaro Cárdenas.

Organisation sociale

La famille est l'unité de base de leur organisation sociale, car c'est là que s'établissent les alliances conjugales, la relation avec la terre par le biais des activités agricoles, ainsi que les significations symboliques de l'environnement naturel liées à la reproduction sociale, relations dans lesquelles le sexe et l'âge des individus jouent un rôle important.
Entre-temps, dans leur organisation politico-administrative, le quartier est l'unité la plus importante. Les familles nucléaires et élargies de chacun des ejidos et des villes sont organisées autour de lui. Les quartiers sont donc identifiés en fonction des relations de parenté internes.

Autorités

Dans leurs communautés, le pouvoir politique est régi selon des critères d'âge, de prestige, de leadership et d'appartenance à la communauté, contrairement aux municipalités, où les candidats sont élus sur la base de leur appartenance à un groupe politique particulier. Les autorités ejidales sont composées du commissariat ejidoral, dont les membres sont élus par l'assemblée générale, qui est l'organe décisionnel suprême.
Dans certaines villes, comme El Porvenir, jusqu'à récemment, les autorités étaient élues au moyen du système de cargaison, dans lequel était intégré un conseil des anciens, organisé en mayordomías ou cofradías autour du patron de la ville, dont la responsabilité était d'élire les autorités locales en fonction du profil des candidats, où, dans le cadre de la procédure, l'ajq'iij, un sage ou prêtre Mam, donnait son approbation et effectuait la remise du bâton de commandement lors d'une cérémonie rituelle.

Religion et cosmovision

Pour les Mames, le monde a un horizon plat à quatre côtés couvert par un ciel où réside Qman, "notre père".
Pour eux, l'homme a été créé trois fois. D'abord, les anciens ont engendré des hommes anthropophages à partir de leurs propres enfants. La deuxième création est celle de l'ajq'iij, l'ajk'a, le tajaw watl, "propriétaire du sommeil", et le tajaw yab'il, "propriétaire des maladies". La troisième génération est le résultat du fait que les dieux ont sauvé un couple, homme et femme, du déluge que les fondateurs eux-mêmes ont provoqué pour laver la Terre, eux  qui étaient les grands-parents fondateurs. Au cours de ces événements ont été créés les ravins, les ravines, les collines, les rivières et les lagunes, entre autres sites d'aujourd'hui, dont certains sont des sites sacrés où l'homme établit un contact avec la nature et l'homme.
Les rituels du cycle de vie, du cycle agricole et ceux offerts aux saints patrons et même les festivités civiques, forment un tout dans la vie religieuse des  Mames, dans laquelle ils partagent les croyances du christianisme. De telle sorte que les tendances religieuses catholiques coexistent entre elles : traditionalistes, charismatiques, théologie de la libération et théologie indienne.

Activités productives

Le travail agricole est presque entièrement à la charge des hommes, qui sont responsables de tout le processus, puisque les femmes ne participent qu'aux activités de fertilisation des plantations, de la récolte et de décorticage des épis. Dans la culture du café, les femmes collaborent à la transplantation des caféiers et de la récolte.
Certains métiers exercés uniquement par les hommes sont la menuiserie, la maçonnerie, la coiffure et la couture, ainsi que le soin des chevaux et des vaches laitières ; d'autre part, les femmes s'occupent de l'élevage des moutons, de la préparation et de la vente des aliments, du soin des animaux domestiques, et certaines sont impliquées dans de petites entreprises.
Certains membres de ce peuple indigène ont une formation professionnelle qui leur permet de travailler dans leur spécialité.

Fêtes


Ils organisent des fêtes familiales liées aux différentes étapes du développement humain, dont certaines sont la cérémonie de naissance pour couper, brûler et enterrer le nombril du nouveau-né ; les rites de passage à l'âge adulte des hommes et des femmes ; celles du mariage et de la mort ; et certaines cérémonies liées à l'agriculture comme la coupe des premières feuilles de la milpa pour envelopper les tamales.
Parmi les fêtes collectives figurent les fêtes patronales consacrées aux saints catholiques, qui sont devenues des foires régionales, comme la célébration de San Francisco de Asis à Motozintla, la première semaine de mars, de San Nicolas, à Amatenango de la Frontera, le 16 septembre, et de San Martin Caballero, le 11 novembre. Parmi les autres célébrations collectives, citons la Semaine Sainte, le Jour des morts, Noël et le Jour de l'An. Pendant la semaine sainte, ils vénèrent San Simón, ou Maximón pour les Mames, pour demander de la chance.

Gastronomie

Il existe deux types de nourriture : quotidienne et rituelle. Dans le premier cas, ils préparent des haricots noirs avec du chili de árbol séché, des tortillas et de l'atole de maïs cuite. Ils font également cuire une sorte de haricot pinto, appelé xmaa'k, avec de l'oignon, de l'ail et du sel et le servent avec un mole de pâte de maïs mélangée à de l'achiote, du chili, de l'ail et de l'oignon, qui sont préalablement grillés. Cette même préparation est faite avec des haricots tendres, des petits pois et des champignons sauvages. Les repas sont accompagnés de tamales ou de tortillas à base de pâte de maïs.
Les aliments rituels sont constitués de ragoût de bœuf et de poitrine de bœuf, de moles de poulet et de porc, de barbecue de bœuf et d'agneau, ainsi que de tamales à la viande, enveloppés dans des feuilles de bananier.

Vêtements traditionnels

Le costume traditionnel est en train de disparaître, de nos jours, seules quelques femmes âgées le conservent. Et sa conception varie dans certaines communautés.
Les femmes des hauts plateaux portent des huipils de coton de différentes couleurs, avec des figures anthropomorphes et zoomorphes, avec une impression rectangulaire sur le bord du cou et des manches rondes. Bien qu'elles portent également des huipiles fabriqués à San Miguel Ixtahuacán, au Guatemala, qui consistent en un enchevêtrement tissé dans du coton de différentes couleurs, parmi lesquelles le vert prédomine. La ceinture est tissée sur un métier à tisser à la taille avec des rayures rouges et blanches. Ce vêtement est complété par un châle de différentes couleurs avec lequel ils se couvrent la tête et un ruban pour tresser leurs cheveux.

Activité artisanale

Différents types d'artisanat sont réalisés selon la communauté. Parmi eux, on trouve des paniers, des ustensiles de poterie, des mantillones de laine, des cotones, des pagnes et des arquillados ; des bâts pour les bêtes de somme, des chapeaux de palmier, des jouets en bois, des petates, des paniers et des tortilleros d'herbe, des jarcia toles ou bols pour les tortillas et bols  pozoleras ou décoratifs.

Musique ou danse

Pendant la fête patronale et les festivités civiques, ils jouent de la musique de marimba seuls ou avec des percussions et des instruments à vent, tels que la batterie, la trompette, le saxophone et l'accordéon.
Il y a des danses traditionnelles habituelles dans les célébrations familiales de naissance, de mariage, de décès et autres cérémonies religieuses, connues sous le nom de zapateado ; elles ne se dansent qu'entre hommes ou entre femmes avec une musique de guitare et de violon appelée shirin.

Médecine traditionnelle

D'une part, les maladies sont liées à l'idée de l'opposition entre le chaud et le froid. D'autre part, on les distingue selon leurs causes : celles provoquées par l'environnement ; celles liées aux saisons et au mouvement des étoiles ; celles provoquées par l'homme ou par des êtres surnaturels, suite à des transgressions des règles de comportement de l'individu, entre autres.
L'ajq'iij est celui qui assure le traitement de la maladie, qui peut être varié, selon l'origine du mal, allant des massages avec des herbes médicinales, des bains dans le temascal et des prières aux cérémonies de pétition au propriétaire de la maladie ou à la nature, avec dans certains cas le "semis" de croix.

PHOTOGRAPHIES

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Guatemala, #Mayas, #Peuples originaires, #Mames, #Mam

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