Pour dire NON à l'orpaillage illégal en Guyane

Publié le 9 Octobre 2014

Une ruée vers l’or, très majoritairement illégale


Depuis les années 1990, suite à des hausses importantes du cours de l’or qui
permettent l’exploitation rentable de gisements plus pauvres ou déjà écrémés, la
Guyane subit de plein fouet une nouvelle ruée vers l’or. Cette ruée est caractérisée
par la très forte proportion d’exploitation illégale : les estimations d’exfiltration
annuelle pour l’orpaillage illégal sont de l’ordre de 10 tonnes, tandis que la
production annuelle déclarée oscille entre 1 et 2 tonnes ! On est donc loin d’avoir
affaire à une activité illégale à la marge d’un secteur légal.


Des pratiques incontrôlables


L’activité des exploitants déclarés est encadrée par la législation française, parmi
les plus exigeantes à l’échelle de l’Amérique du Sud : interdiction de l’usage du
mercure, gestion de l’eau en circuit fermé, obligation de réhabilitation au fur et à
mesure de l’exploitation… En revanche, l’activité des orpailleurs illégaux est
soumise à la seule loi du profit à court terme. Ainsi, l’exploitation alluvionnaire a
lieu directement au fil de l’eau, détruisant les cours d’eau et créant une pollution
aux matières en suspension pouvant avoir un impact à plusieurs centaines de
kilomètres en aval. Les techniques utilisées pour déboiser détruisent les sols et
occasionnent une déforestation durable. L’emploi du mercure pour récupérer l’or
contamine les écosystèmes terrestres et aquatiques, et finalement les populations
locales. Les sites abandonnés sont de véritables décharges, sources de diverses
pollutions.


Le premier facteur de dégradation environnementale sur le Plateau des Guyanes
La forêt du Plateau des Guyanes, partie intégrante mais originale de l’Amazonie,
constitue le plus grand massif forestier tropical continu encore relativement intact.


En l’espace de 20 ans, l’orpaillage incontrôlé y est devenu le premier facteur de
dégradation environnementale. Les impacts environnementaux de l’orpaillage
illégal ne se limitent pas à la surface exploitée ni à la durée de l’exploitation.


• La déforestation occasionnée perdure longtemps après l’exploitation. En effet,
les sols sont décapés sur plusieurs mètres de profondeur. Abandonnés en l’état à
l’issue de l’exploitation, ces surfaces sont extrêmement pauvres et infertiles, et
permettent difficilement la régénération d’un écosystème naturel.
• Le mercure utilisé pour amalgamer l’or est un polluant dangereux qui
s’accumule dans les milieux naturels et se concentre le long des chaînes
alimentaires aquatiques, atteignant des concentrations particulièrement
importantes dans la chair des poissons carnivores. La contamination au mercure
peut perdurer des siècles et s’étendre plusieurs centaines de kilomètres en aval 2
des sites d’orpaillage.
• Les chantiers d’orpaillage clandestin sont le théâtre de pollutions variées, tant
pendant l’exploitation qu’après l’abandon des sites : déchets, carburants,
congélateurs…


De lourdes conséquences sociales


Structuré autour de réseaux clandestins d’immigration, l’orpaillage illégal traîne
un sillage d’activités néfastes (drogues, prostitution, armes, règlements de
comptes, etc.). Les populations locales de l’intérieur subissent au quotidien les
bouleversements induits par l’orpaillage illégal. L’insécurité en forêt est réelle, le
climat est tendu et le sentiment de « ne pas être chez soi » est très présent dans les
populations, notamment amérindiennes, pour lesquelles l’attachement au territoire
est essentiel.
Les vols de matériel, de carburant et de récoltes subis par les populations de
l’intérieur sont fréquents et réguliers, finissant par compromettre sérieusement les
modes de vie. Les vols de moteurs de bateau sont les plus recensés, ce qui pose
problème pour des populations largement dépendantes du transport fluvial pour
leur alimentation.
Les opérations de police, tout en s’avérant inefficace pour stopper ce fléau, font
trop souvent payer aux forces de l’ordre un lourd tribu.


Un fléau sanitaire


Le mode d’alimentation des populations de l’intérieur repose en grande partie sur
la consommation de poissons carnivores, les plus contaminés par le mercure. Les
études les plus récentes font état d’une contamination mercurielle humaine
supérieure aux taux acceptables selon l’OMS chez un tiers des individus pour les
populations du Haut-Maroni.
La présence massive de migrants, littéralement exploités et mal suivis d’un point
de vue sanitaire a également induit une recrudescence du paludisme dans les
secteurs touchés par l’orpaillage illégal. L’exemple le plus parlant est la commune
de Saül qui a connu un pic d’activité illégale entre 2008 et 2009, coïncidant avec
un pic de paludisme d’une intensité rare. Certains experts parlent aujourd’hui de la
Guyane comme d’une « bombe à retardement » pour l’émergence de résistance
aux anti-paludéens, du fait de l’orpaillage illégal.


Un pillage en règle


La quasi-totalité de l’or produit illégalement en Guyane est aujourd’hui exfiltré
vers les pays frontaliers (Brésil et Suriname) au moyen de transporteurs discrets et
performants. Cet or est donc un or fantôme pour la Guyane, qui n’en gardera
aucune trace si ce n’est le cortège des impacts désastreux qui ont accompagné son
extraction. Une coopération efficace dans cette lutte entre l’Etat français et les
pays frontaliers n’est toujours pas concrétisée à ce jour.


Face à ce fléau qui s’aggrave,


les HURLEURS de Guyane demandent le soutien de chacun afin de dire ensemble :


 Oui à l’instauration de l’Etat de droit.
 Non à l’exploitation humaine.
 Non à la violence, à l’insécurité, aux vols et aux trafics dont nous
sommes tous victimes !
 Non à la contamination au mercure, à l’atteinte à la santé des
habitants, à la pollution des cours d’eau et à la destruction de la forêt
amazonienne.
 Non à la destruction des modes de vie traditionnels
 Non au pillage des ressources de la Guyane
 Non à l’indifférence
 Oui à la mobilisation


Contacts presse (porte-paroles) :


Pierre Olivier PRADINAUD : 06 94 23 92 91
Marc BARRAT : 06 94 40 46 33
Guylaine BOURGUIGNON : 06 94 22 37 92
Stéphane LAMBERT : 06 94 38 52 57
Alexis TIOUKA : 06 94 43 21 55

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Guyane française, #pilleurs et pollueurs

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