Canada /Québec : Les algonquins

Publié le 5 Septembre 2014

Canada /Québec : Les algonquins

image Poisend-Ivy

La nation algonquine

Anishinabeg

Peuple autochtone du Québec et de l’Ontario qui vit réparti dans 9 communautés au Québec et deux en Ontario. Ils font partie des peuples algonquiens du nord ou du subarctique, le groupe des algonquiens étant le groupe le plus étendu et le plus nombreux des amérindiens du nord.

Langue : algonquine : omamiwininimowin

Un algonquin sur cinq sait s’exprimer dans sa langue.

Ils sont proches des ottawas (outaouais) et des ojibwé avec lesquels ils forment le groupe des anishinaabeg (les vrais hommes issus de cette terre).

C’était un peuple nomade chasseur/pêcheur/cueilleur.

Autodésignation : omamiwinini

Population totale : 12.700 personnes

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image Zorion

Les algonquins du Québec

82 % de la population

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image Kippawa P199

Ils vivent dans l’Abitibi-Témiscamingue

en algonquin « c’est fermé » (en raison du lac dont les baies constituent un vrai labyrinthe)

  • Hunter'spoint (Wolf lake first nation) 205 habitants
  • Kitcisakik : 339 habitants – au bord du grand lac Victoria, à l’intérieur de la réserve faunique La Vérendrye.
  • Kitigan Zibi – 1519 habitants
  • Simosagigan – 1287 habitants sur le lac Simon
  • Pikogan ou village Pikogan – 538 habitants. En 1964 les habitants vivaient encore dans les tentes d’origine d’où le nom.
  • Kitiganik – 530 habitants – sur le lac rapide
  • Timiskaming (Notre dame du nord) – 505 habitants
  • Winneway – 317 habitants – Long point first nation de Winneway
Algonquins en Ontario

18 % de la population

  • Wahgoshig first nation – 121 habitants
  • Pikwakanagan first nation – 527 habitants
Le territoire

Jusque 1650, ils vivaient sur un territoire sur le fleuve St laurent, du lac des deux montagnes aux grands lacs.

Les iroquois les repoussent vers la région des outaouais.

La colonisation les obligent à remonter vers le nord vers l’Abitibi –Temiscamingue.

Au milieu du XIXe siècle avec l’exploitation forestière et les barrages, ils seront obligés de se sédentariser dans des réserves.

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image PMG

Histoire
  • 25.000 ans avant notre ère : premières traces de vie sur le continent américain
  • 10.500 avant notre ère : en Abitibi Témiscamingue se libèrent les glaces qui permettent le début du peuplement. Les premiers algonquins s’établissent autour des lacs Abitibi et Témiscamingue.
  • Dès 1534 : les amérindiens aident et soignent les blancs contre les maladies qu’ils contractent (scorbut entre autre) sur leur territoire. Mais eux-mêmes succombent aux maladies importées par l’homme blanc dont ils n’ont aucun moyen de se défendre. Les maladies comme la coqueluche, la rougeole ou la variole en effet sont mortelles et inconnues des indiens.
  • 1760 à 1820 : la traite des fourrures est une activité féconde et bénéfique pour les indiens.
  • 1756 à 1763 : guerre de 7 ans : grande mortalité associée à la mortalité due aux épidémies.
  • XIXe siècle : colonisation de l’Abitibi Témiscamingue
  • 1840 : assimilation des indiens en vue de s’approprier leur territoire.
  • 1851 : création des deux premières réserves algonquines du territoire du Québec, Kitigan aibi et Timiskaming.
  • 1876 : la loi sur les indiens dont l’objectif caché vise l’abandon du statut d’indien par émancipation, c’est-à-dire le renoncement à vivre dans la communauté et à pratiquer ses coutumes danas le but de devenir un citoyen à part entière.
  • 1884 : les algonquins fréquentant le secteur de Winneway sont « invités » à participer aux activités du culte dans une mission établie par les oblats qui porte le nom de Longue pointe et avoisine le poste de traite de la compagnie de la baie d’Hudson.

1934 à 1970 : les pensionnats autochtones ayant pour but l’évangélisation et l’assimilation progressive des peuples autochtones, une expérience qui s’est révélée très néfaste pour une majorité d’enfants .

  • 1937/1938 : construction sur la rivière Winneway d’un barrage hydroélectrique pour alimenter la ville minière de Belleterre. Des algonquins viennent s’y installer.
  • 1940 à 1974 : plusieurs réserves voient le jour au Lac Simon, au Lac Rapide, Pikogan, kebaowek. Certaines communautés ne sont pas encore constituées en réserves : Kitcisakik et Hunter’s point.
  • Années 50 : les algonquins qui se sont sédentarisés créent l’agglomération de Winneway enclavée sur le territoire de Laforce.
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image ci-dessous réserve Lac Simon (simosagigan) P199

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Le territoire familial

Chaque famille possède un territoire de chasse d’une superficie de 1000 km2 nécessaires à sa survie. La structure familiale est celle de la famille élargie c’est-à-dire le grand-père, la grand-mère, les enfants et les petits enfants.

L’été ont lieu de grands rassemblements pour échanger, pour mettre en place des mariages entre famille n’ayant pas de liens consanguins.

L’été les femmes partent cueillir les plantes et fruits sauvages pour faire des provisions pour l’hiver. Elles sèchent la viande et préparent les plantes médicinales.

En automne, les familles se rendent sur les territoires de chasse.

Mode de vie

C’est une société patriarcale, les biens sont transmis de père en fils. A son mariage la femme part vivre dans la famille de son mari.

Le chef est chef par hérédité. Si ce dernier n’a pas de fils, le rôle revient à son premier gendre.

Malgré tout, dans la communauté il existe un processus de décision démocratique et chaque membre a la possibilité de s’exprimer et les décisions sont prises par consensus. Le chef a plutôt un rôle de porte-parole de la tribu.

Cosmovision

La base de leur cosmovision est constituée par la notion de respect : respect de l’animal, de l’âtre humain, de la roche et de l’eau, de la plante. Tout fait partie d’un cycle de la vie, chacun a sa raison d’être et mérite donc le respect. Seules les ressources nécessaires sont prélevées et en remerciement on fait des offrandes (tabac).

Leur cosmovision est basée sur le rapport au cercle, les saisons, le cercle de la vie.

Une grande importance est attribuée aux rêves et aux visions. Pour la chasse l’homme médecine avait des visions qui lui permettaient de savoir où se trouverait le gibier.

La religion fait partie de leur quotidien, la croyance spirituelle est forte.

Le chaman à des pouvoirs surnaturels qu’il a obtenu soit par hérédité soit par l’intermédiaire du rêve. Il peut guérir les maladies, les troubles psychiques, interpréter les rêves. La mort est considérée comme un voyage qu’il faut préparer avec soin. Tous les biens du mort sont enterrés avec lui au cas où il en aurait besoin dans l’au-delà.

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image amérindien avec une ceinture wampum Jeangagnon

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Objets rituels

La pipe

C’est un objet réalisé en stéatite et en bois dans lequel on met du tabac : la fumée de la pipe achemine les pensées de l’utilisateur vers le créateur. Elle rend grâce pour la création et les animaux. C’est un messager muet qui invite les gens à écouter les histoires et à y prendre intérêt. Elle servait à résumer le temps et la distance : Nijopwagan (deux pipes) signifie le temps requis pour fumer deux pipes (une heure environ).

Le bâton orateur

C’est un symbole de communion avec la terre qui sert à animer les rassemblements. Seul celui qui tient le bâton est invité à s’exprimer. Pour parler il faut lever la main et attendre son tour, ainsi chacun a droit à la parole et cela évite le chaos.

Les hochets étaient agités pour irriguer l’esprit de la vie.

Les tambours représentent le pouls de la nation et de l’univers. Il en existe de plusieurs tailles pour différents usages. Ce sont des objets sacrés et lors des rassemblements une personne les surveille afin que personne ne s’en approche.

La ceinture wampum

Elle est fabriquée à partir de petits coquillages poncés et percés. C’est un élément important de la mémoire. Plus la ceinture est longue plus il y a d’éléments de mémoire dessus. Il existe une ceinture d’alliance qui est utilisée pour enregistrer les traités et les alliances.

Il existe une ceinture de rançon qui sert à payer la libération d’un prisonnier. Plus la ceinture est longue, plus la rançon demandée est grande.

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image Jeangagnon

Habits

Le vêtement traditionnel est en peau d’orignal ou de chevreuil : tunique, robe longue avec manches amovibles, pagne, jambières, mocassins.

L’hiver les capes sont en fourrure, les tuques et mitaines sont en fourrure de rat musqué et castor.

Hommes et femmes portaient les cheveux tressés.

Certains hommes portaient un roach en poils de porc-épic, des peintures sur les bras et le visage pour les guerres ou les fêtes.

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image Durg78

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Habitat

WIKIWAN (wigwam) c’était la traditionnelle hutte circulaire ou allongée pouvant abriter 10 à 20 personnes. Sa structure était constituée d’un bâti de perches sur lesquelles ont mettait des écorces de bouleau. Les pièces étaient cousues entre elles avec des racines d’épinette. Le sol était recouvert de sapin ou d’épinette, changés régulièrement.

Ils avaient aussi l’usage de la hutte de sudation :

Le mariage

Les algonquins conçoivent deux concepts d’union maritale :

  • Le nîbâwîmin : un mariage qui se déroule dans un cadre cérémoniel et qui est de nos jours reconnu par les lois de l’église et de l’état.
  • Le wîdigemâdowin : camaraderie consensuelle reconnue par la communauté et qui signifie « qui est avec « ou « qui vit avec » quelqu’un. Ce n’est pas un évènement rituel donc le statut n’est pas marqué. C’est une forme d’engagement dynamique et réversible qui varie selon les couples et leur parenté. De nos jours le wîdigemâdowin précède très souvent le nîbâwîmin.
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image

Les chasseurs algonquins se resserrent pour abattre l'orignal après l'avoir poursuivi jusqu'à ce que les chiens le forcent à s'effondrer (oeuvre de Lewis Parker).

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Alimentation

L’été était une saison d’abondance car les plans d’eau étaient accessibles et la migration de plusieurs espèces d’oiseaux leur fournissait de la viande.

La chasse leur procurait la plus grande partie de leur alimentation traditionnelle. Ils chassaient l’orignal mais aussi le chevreuil et le caribou avec des arcs et des flèches.

Dans la communauté la nourriture était partagée avec ceux qui en avaient moins comme cela chacun avait de quoi manger.

La pêche

Elle se pratiquait dans les lacs, les rivières avec des harpons, des crochets, des filets ou des pièges. Ils utilisaient parfois des barrages.

Cueillette

Activité féminine.

Fruits sauvages, racines, noix, récolte du sirop d’érable.

Certains cultivaient du riz sauvage.

Héritage de la colonisation

Les autochtones sont contraints de vivre avec des deuils fréquents dans les communautés. C’est un héritage dû en partie aux pensionnats autochtones qui ont brisé à jamais des vies et des générations. C’est un héritage dû aux pratiques héritées des occidentaux dont l’alcoolisme et les dépendances dont les indiens dépourvus de repères sombrent irrémédiablement. Le taux de suicide est trois fois plus élevé que chez les non autochtones et ce sont les jeunes qui sont le plus touchés par cette réalité avec un taux de suicide de 5 à 8 fois supérieur à la moyenne canadienne. Chez les indiens pourtant ce geste est compris car il constitue une sorte de libération dans le but d’atteindre un monde meilleur. Il n’est pour autant pas acceptable car c’est une violence faite aux peuples premiers, violence créée par l’assimilation contrainte et la perte de territoire et de valeurs traditionnelles.

Le statut des femmes autochtones a bien changé depuis la loi sur les indiens en 1876.

Avant la colonisation, les femmes autochtones étaient bien traitées par les hommes de leurs tribus.

Depuis, leurs conditions de vie se sont dégradées à bien des niveaux. La loi leur enlève tout pouvoir politique, elles vivent dans des conditions bien plus difficiles que les femmes québécoises.

Par exemple une femme qui ne se marie pas avec un autochtone perd tous ses droits et tout ce qu’elle avait.

Les services sociaux et l’état leur a pris leurs enfants tout petits pour les mettre dans des pensionnats qui les ont bien souvent brisés. Leur santé est altérée car elle était de nature nomade avec des exercices physiques journaliers et une alimentation saine basée sur de la viande sauvage et des fruits issus de la cueillette. Leur mode de vie est devenu plus oisif et leur alimentation qui est celle des non autochtones est de moins bonne qualité, trop sucrée trop grasse elle provoque chez les femmes les maux hérités par les populations dites civilisée.

Au Canada, les femmes autochtones sont victimes de violences, de viols et de disparitions. Leur vie est loin d’être rose et la vie sauvage leur convenait certainement mieux.

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Pour voir de jolies photos d’enfants dans la réserve Kitsisakik sur le site deFrancis Vachon (et aussi d’autres photos des premières nations)

Source : wikipédia

Rédigé par caroleone

Publié dans #Canada, #indigènes et indiens, #ABYA YALA, #matrilinéarité

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