Canada : Les pensionnats autochtones, pensionnats de la honte
Publié le 14 Août 2014
image collection canada gc.ca
« Tuer l’indien chez l’enfant ».
Tout un programme justifia cela.
Il s’agissait bien d’une tentative de destruction des rites et coutumes autochtones par l’assimilation en plaçant de force les enfants dans les pensionnats afin de les faire entrer ensuite dans la société canado-européenne.
La tentative a échoué car les cultures ancestrales, bien ancrées resurgissent toujours.
Mais que de vies brisées, que de générations volées, sans parler de la transmission des traumatismes aux générations futures.
Il convient bien d’en sortir et d’en guérir.
Chacun s’y emploie, les bouches s’ouvrent et ce qu’elles ont à révéler n’est pas joli, joli.
Mais pour guérir il faut en parler et ensuite on peut oublier, les dégâts reconnus, les maux peuvent alors s’envoler et l’histoire, elle, fera le reste : son devoir de mémoire.
Qui sont les coupables ?
Le gouvernement du canada assisté des églises catholique, anglicane, méthodiste, unie et presbytérienne.
Des excuses certes, mais quand sont punis les coupables ?
Car il y en a, il doit en rester encore vivants qui vivent malgré le sang et la honte sur leurs mains.
Pour l’instant, rien n’a été fait en ce sens.
Où ?
Dans tous les états du Canada hormis Terre Neuve, le Labrador, le Nouveau Brunswick et l’Île du Prince Edouard.
Quels enfants ?
Les enfants autochtones : métis, inuit et des premières nations.
Un enseignement médiocre
La qualité de l’enseignement y était assez médiocre malgré quelques témoignages d’expériences positives. En 1930, trois élèves autochtones sur cent ont réussi à dépasser la sixième année. Jusqu’en 1950, 40 % du personnel enseignant n’a aucune formation professionnelle. Pourtant des personnes dévouées et compétentes faisaient partie du personnel mais ces personnes-là subissaient un réel système d’exploitation de la part des institutions.
Obligation pour les familles
Les pensionnats étaient obligatoires et les parents qui ne se conformaient pas à cette obligation étaient punis ou incarcérés. Les enfants ont souvent été arrachés de force à leurs familles.
Petite chronologie succincte
- 1831 : même s’il est fait mention d’établissements de ce genre déjà existants, le premier voit le jour à Brantford (Ontario) : le Mohawk indien residential school.
- Années 1830 : Le régime subventionné par le gouvernement et dirigé par les églises compte 80 pensionnats qui seront fréquentés par 17.000 élèves.
- En 1876, le Canada a adopté la Loi sur les Indiens, où il était stipulé que tous les enfants autochtones tombaient sous la tutelle de l'État.
- 1897 : des représentants du gouvernement remarquent des cas de sous-alimentation, de maladies et de surpopulation.
- 1907 : le médecin-chef des affaires indiennes, le docteur P.H. Bryce rend compte d’un taux de mortalité de 15 à 24 % chez les enfants des pensionnats. 42% dans les foyers autochtones chez qui les enfants mourants sont souvent envoyés.
- 1945 : le gouvernement fédéral cesse de verser une allocation familiale aux familles dont les enfants ne fréquentent pas l’école ce qui est une autre façon de rendre obligatoire la fréquentation scolaire et l’assimilation par défaut.
- Années 1990 : c’est seulement au cours de ces années que Phil Fontaine, un chef de l’assembly of Manitoba chiefs, un survivant des pensionnats brise le silence et révèle les mauvais traitements qu’il a subi ainsi que d’autres pensionnaires. D’autres victimes par la suite décident de témoigner.
- 1996 : fermeture du dernier pensionnat, Gordon à Punnichy (Saskatchewan).
- Le 7 janvier 1998 : le gouvernement fédéral du Canada a émis une déclaration de réconciliation et dévoilé une nouvelle initiative intitulée Rassembler nos forces (plan d’action du Canada pour les questions autochtones).
- Le 31 mars 1998 : création de la fondation autochtone de guérison (FADG) qui a pour mandat de favoriser l’aide aux survivants (es)et appuyer par des contributions financières et la recherche d’initiatives communautaires autochtones axées sur la guérison . De nombreux survivant(es) s’en sont remis àa la fondation pour leur cheminement de guérison grâce à des thérapies conventionnelles d’inspiration occidentale ou des méthodes traditionnelles autochtones : cercle de parole, les sueries, les récits, les cérémonies, les jeûnes, les festins, la recherche de la vision. Des activités en forêt sont organisées : piégeage, chasse, pêche, cueillette de plantes médicinales aident au renouveau de l’esprit. Ces pratiques visent à renforcer et célébrer l’identité autochtone.
- 2008 : la plus grande partie des églises qui ont administré les pensionnats autochtones du Canada se sont excusés publiquement pour les souffrances subies par les enfants.
- Juin 2008 : excuses du gouvernement fédéral du Canada. Harper en citant « Nous le regrettons » reconnaît donc bien le rôle du gouvernement canadien dans ce qui a isolé les enfants de leurs familles et leur a afit subir des traumatismes importants. Pour les survivants (es) qui sont alors témoins de cette déclaration, les excuses représentent une déclaration historique mais pour la plupart les réactions sont partagées.
Dans les pensionnats, tout est permis sur les enfants
- Agressions sexuelles
- Violences physiques
- Punitions pour avoir parlé la langue autochtone
- Etre forcés à manger des aliments pourris
- La séparation avec la fratrie
- Privation généralisée de nourriture et d’eau
- Ligotage et enfermement
- Travail forcé
- Violences psychologiques
- Surpopulation
- Utilisation d’élèves à des fins d’expériences médicales
- Maladies
- Mort
Mais sont relatés aussi des cas de :
- Nettoyage ethnique
- Stérilisations forcées
- Tortures médicales
- Charniers d’enfants dans des pensionnats tenus par l’église unie du Canada et de l’église catholique.
Stérilisation forcée
Deux provinces canadiennes, l’Alberta et la Colombie britannique se sont illustrées en mettant en place des programmes de stérilisation forcée à des fins eugéniques. L’Alberta en particulier en 1928 vote l’Alberta sexual sterilisation act et entre 1928 et 1972 il y aura environ 3000 stérilisations opérées de manière obligatoire ou soi-disant volontaire sur des individus d’âge et d’ethnies différentes. Les métis et les amérindiens ont été visé en priorité quels que soit leur âge en leur imposant le statut de déficient mental, les privant de leurs droits civiques.
Un témoignage poignant qui montre bien comme la vie des enfants devenus adultes a été gâché et comme ils ont pu alors aussi reproduire les traumatismes vécus avec leurs propres enfants : la guérison doit empêcher cela de se reproduire.
Les chiffres
- 1 siècle, voir plus : le temps qu’à duré cette honte : 1831 à 1996.
- 150.000 enfants de 6 à 16 ans ( mais cela n’était pas rare de voir des enfants y aller à partir de l’âge de 4 ans).
- 139 : le nombre de pensionnats subventionnés reconnus par le gouvernement fédéral (mais ce chiffre ne tient pas compte des pensionnats administrés par des gouvernements provinciaux ou territoriaux et par l’église. Voir liste de certains d’entre eux ICI
4134 :
le nombre de petits morts ( Alberta 901, Colombie Britannique 747, Manitoba 499, Territoires du nord-ouest 246, Nouvelle Ecosse 16, Nunavut 21, Ontario 769, Québec 35, Saskatchewan 844, Yukon 56. La première cause de mortalité était la maladie avec la tuberculose en tête puis des morts sont survenues lors de l’épidémie de grippe espagnole en 1918/1919. Les accidents représentaient la seconde cause, accidents survenus souvent lorsque les enfants cherchaient à s’enfuir. Les parents d’enfants décédés ne le savaient pas la plupart du temps. (source le devoir.com)
- 1996 : la date de la fermeture du dernier pensionnat !!!
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Témoignages
Depuis 2007, le Secrétariat d'adjudication des pensionnats indiens a sillonné le pays et rencontré des milliers de victimes des mauvais traitements qui y ont eu lieu, dans le but d'évaluer, pour chacun, d'une indemnisation. Jusqu'à maintenant, plus de 2,4 milliards de dollars ont été distribués à près de 30 000 personnes, et une dizaine de milliers d'évaluations restent à faire.
Dernier rebondissement au sujet des pensionnats autochtones :
Pensionnats autochtones : la Cour supérieure de l'Ontario ordonne la destruction de témoignages
La Cour supérieure de l'Ontario ordonne la destruction, après une période de 15 ans, des témoignages livrés par d'anciens pensionnaires autochtones dans le cadre d'un processus d'indemnisation...
Karen Chaboyer, une Autochtone, raconte les souvenirs de ses premiers jours dans un pensionnat. Transcription vidéo: J'avais remarqué qu'à une certaine période de l'année tout le monde était ...
Un témoignage
Fondation autochtone de l'espoir
Voyez comment la Fondation autochtone de l'espoir sensibilise les Canadiens à l'épisode des pensionnats indiens. Pour de plus amples renseignements sur Affaires autochtones et Développement du Nord
Les liens
Fondation autochtone de l'espoir
sources : fondation autochtone pour la guérison, wikipédia, le devoir, hufftington post, affaires autochtones et développement du nord Canada, radio-Canada
PC : ce serait bien que l’internet puisse avoir de la source libre de droit pour le bien public et la connaissance internationale.