Québec : Les Atikamekw

Publié le 23 Août 2014

Québec : Les Atikamekw

image enfants à Manawan Asclepias

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Peuple autochtone du Canada originaire de la rivière St Maurice au Québec et dont le territoire chevauche les régions de l’Abitibi, le lac St Jean, la Muricie et Lanaudière.

Ce territoire couvre 80.000 km2 et porte le nom de Nitaskinan qui veut dire Notre terre. Aski = terre, mit (préfixe) = notre, nan (suffixe) = le collectif.

C’est le territoire ancestral.

Il est bordé par les territoires traditionnels des wendats, des algonquins et des cris.

Le peuple était autrefois semi nomade chasseur/pêcheur/cueilleur.

L’autodésignation est : nehiraw-iriniw en langue atikamekw.

Ce nom d’attikamek désigne le grand corégone, un poisson blanc.

Québec : Les Atikamekw

image Manawan Asclepias

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Langue : atikamekw qui est un dialecte appartenant aux langues algonquiennes. La transmission de la langue se fait oralement et n’a jamais été interrompue jusqu’à présent.

Population : 6163 personnes (2004).

C’est un peuple qui est considéré comme plutôt pacifique au cours de son histoire malgré les luttes de territoire.

Leur allié historique est le peuple innu.

Le territoire

Le territoire ancestral était divisé en quatre territoires familiaux. Chaque famille avait son propre territoire dont il tirait l’essentiel de sa subsistance. Le système de territoires familiaux est encore utilisé pour des activités traditionnelles mais l’augmentation de la pression des touristes et la foresterie industrielle menacent fortement le mode de vie.

Les 4 réserves
  • Obedjiwan – 2019 habitants (2014) – 242 hab/km2
  • Wemotaci –1280 habitants (2014) – 39 hab/km2
  • Manawan – 1843 habitants (2006) - 235 hab/km2
  • Coucoucache – inhabitée et gérée par Wemotaci

Quelques minorités vivent en milieu urbain.

Wemotaci

« La montagne d’où l’on observe » en haute Mauricie.

C’est le lieu où les atikamekw se retrouvaient à la saison estivale. Le village se trouve entre ses deux voisins Manawan à 92 km au sud et Opiticiwan à 140 km au nord. Le territoire de 92 km est formé de collines, lacs, rivières et îles. La population y est très jeune : 60% de moins de 35 ans. Certains vivent en dehors de la réserve à Shawinigan, Trois-Rivières, La Tuque et Québec.

Chef : David Boivin

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Manawan

« Là où l’on trouve des œufs »

Située sur la rive du lac Metabaska dans la région de Lanaudière.

Territoire de 797.26 hectares.

Créé à la demande du chef Louis Newashish le 29 août 1906.

Dans la réserve on peut trouver des commerces et des industries, alimentation, art, artisanat, foresterie, piégeage, poste, machinerie, transport….

Vers 1850, les atikamekw commerçaient dans la traite des fourrures et travaillaient dans la foresterie.

Chef : Paul-Emile Ottawa

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Opiticiwan ou Obedjiwan

« Le courant du détroit »

La communauté située la plus au nord et la plus isolée des trois, enclavée dans le territoire de La Tuque dans larégion administrative de la Mauricie.

Chef : Christian Awashish

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Le conseil de la nation atikamekw CNA

C’est un conseil tribal représentant les trois communautés :

  • Conseil des atikamekw de Wemotaci (Wemotaci et Coucoucache)
  • Atikamekw de Manawa
  • Attikamekw d’Opiticiwan (Obedjiwan).
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village de Weymontachie en 1913 Cegepatkelsey

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Histoire
  • XVIIe siècle : premières mentions de l’ethnie en haute Mauricie dans la forêt boréale. Le territoire sera occupé par la suite par les têtes de boule, un peuple cri qui vivait dans le sud est de la Baie James et en Abitibi. Le territoire est sillonné par des voies navigables ce qui favorise les activités de troc. Cela complète le régime alimentaire en fournissant par exemple du maïs que ce peuple ne cultive pas. Au printemps la sève des érables sucriers est extraite pour en faire du sucre et du sirop.
  • 1670/1680 : épidémie de petite vérole qui anéantit la tribu. Les survivants sont massacrés par les iroquois, un peuple conquérant qui vient du nord des Etats-Unis.
  • Début XVIIIe siècle : un peuple nommé Tête de boule apparait dans la région, il succède aux attikamek d’autrefois.
  • 1774 : la compagnie de la baie d’Hudson installe des postes de traite dans la région
  • 1831 : installation de compagnies forestières dans la région = travail salarié dont les têtes de boule constituent la main d’œuvre car ils connaissent bien la forêt et son peu exigeants.
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​image Jeangagnon

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  • De 1831 à 1996 : les pensionnats autochtones – Ils étaient obligatoires pour les indiens et avaient pour but l’assimilation des enfants en leur interdisant de parler leur langue et en les isolant de leurs proches. 125 à 150 garçons, 150 filles atikamekw sont allés au pensionnat de Pointe bleue. Les enfants étaient maltraités et ont gardé pour la plupart des séquelles suite à l’expérience des pensionnats.
  • Jusqu’en 1900 : ils arrivent à éviter les contacts avec la colonisation et les canadiens. La construction du chemin de fer va bouleverser leur mode de vie. Un incendie de forêt provoqué par la construction du chemin de fer détruit plus de 25% de la forêt de haute Mauricie leur pays.
  • 1908 : c’est la fin de la construction du chemin de fer. Place à la construction des barrages sur les rivières St Maurice et la Gatineau.
  • 1917 : fin de la construction du barrage La loutre (réservoir Gouin) qui a inondé le vieux poste de Kikendash, les cimetières, les missions, les magasins….
  • 1918 : déforestation de la Mauricie au profit des grandes compagnies de pâte et papiers. Le pays atikamek disparait comme peau de chagrin.
  • 1925 : pour la première fois, le bureau des affaires indiennes d’Ottawa enregistre correctement le peuple sur le registre national des indiens. Ils commenceront à recevoir de l’argent à condition qu’ils se rallient à la réserve indienne et s’y installent pour ne déranger personne.
  • Années 70 : revendications politiques dy Canada et au Québec : rien n’est réglé pour autant.
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image

Mode de vie
Le nomadisme

La chasse était l’ultime raison qui poussait les peuples à nomadiser. Selon un anthropologue (Norman Clermont 1977) pour survivre une famille de 5 personnes devait tuer durant l’hiver en moyenne 2 orignaux (400 repas), un ours (70 repas), 500 lièvres (1000 repas), 150 perdrix (150 repas), 30 à 40 castors dont 160 étaient mangés (160 repas), 100 rats musqués (100 repas), 10 loups cerviers (100 repas) et 300 repas de poissons.

Il se termine avec l’apparition des postes de traite qui les rend sédentaires pour s’en rapprocher au niveau de la baie d’Hudson. Ils deviendront alors dépendants des bons d’achats que leur donne la compagnie en échange des fourrures et des peaux.

Artisanat

Les femmes confectionnaient des mitaines, des manteaux et des mocassins en peau d’orignal. Les ornements des vêtements qui diffèrent d’un peuple à un autre et les distinguent était constitué de clochettes fabriquées dans des os vidés de leur moelle et recouvraient les habits de cérémonie.

Fabrication de raquettes pour se déplacer sur la neige en observant les perdrix qui savent marcher sur la neige. Les raquettes étaient fabriquées avec des lanières de cuir de caribou ou d’orignal et du bouleau.

Fabrication d’équipement de chasse : arcs, traineaux à chiens.

Des paniers d’écorce de plusieurs formes étaient fabriqués en racines et écorces de bouleau pour y stocker les aliments.

VIDEO sur l'artisanat atikamekw

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Les canots d’écorce de bouleau

Le canot attikamek avait des extrémités élevées et servait à la traite des fourrures. C’étaient des canots légers et profilés.

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image corégone blanc Motopark

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Habitat traditionnel

Ils vivaient dans des maisons en forme de dôme recouvertes d’écorce. Le sol était tapissé de sapinage et les fourrures servaient de literie et de couverture. L’habitat temporaire lors des déplacements était une tente de forme conique faite avec des perches de bois et revêtue de peaux de caribou et d’écorce de bouleau. Le tapis est fat avec des branches odoriférantes de sapin ou d’épinette que l’on renouvelle souvent.

Alimentation

Le poisson blanc ou corégone constitue une part importante de leur alimentation.

Osekwan : pâte épaisse riche en vitamine C qui est consommée l’hiver.

Le bleuet ( qui est une myrtille et non le bleuet/centaurée que l'on connait)occupe également une place de choix dans leur alimentation. Il entre dans la composition des pemmicans.

Les aliments sont conservés par fumage ou séchage pour les viandes.

Les petits fruits de la cueillette sont transformés en pâte qui se conserve plusieurs semaines. Les canneberges (mickekominan ou fruit des tourbières) est cueilli au printemps alors qu’ils sont ramollis et ridés par l’hiver mais cela n’altère en rien leur goût agréable.

Le thé du Labrador (rhododendron gronelandicum) est devenu le thé par excellence des atikamekw et des autres nations.

Les 6 saisons

Leur vie est réglée selon le cycle de leurs 6 saisons. Chaque saison dure deux mois et à des activités spécifiques.

  1. Pré printemps- SIKON

(mars/avril) : début de la fonte des neiges. Récolte d’eau d’érable.

  1. Printemps - MIROSKAMIN

(mai/juin) : période du bourgeonnement des arbres et de la floraison. Chasse avec le retour des oiseaux migrateurs.

  1. Eté - NIPIN

(juillet/août) : fabrication de l’équipement de chasse (hommes) cueillette des fruits sauvages (femmes)

  1. Automne – TAKWAKIN

(septembre/octobre) les jours raccourcissent, les hommes sont prêts à partir sur leur territoire, les femmes fabriquent les équipements pour l’hiver. C’est la saison de la chasse à l’ours qui est utile pour faire les réserves de graisse pour l’hiver.

  1. Pré hiver – PITCIPIPON

(novembre/décembre) la neige recouvre le sol, derniers préparatifs avant l’hiver.

  1. Hiver – PIPON

(janvier/février) déplacements fréquents sur le territoire. Les femmes préparent les peaux.

Une légende attikamek...

Il y a très longtemps, lorsque la terre fut créée, les Anciens tinrent un grand conseil. L'un d'entre eux dit : « Je veux devenir un bouleau pour aider les humains. Je suis riche, je leur dirai de prendre ma robe pour faire tout ce dont ils ont besoin : canots, maisons, paniers... À travers moi, ils comprendront l'importance de communiquer avec la nature. »

Les cérémonies
Cérémonie du nouveau-né

Le nouveau-né est accueilli dans la communauté. C’est l’occasion de rappeler aux participants la responsabilité qui lui incombe vis-à-vis des enfants. La mère présente le bébé aux aînés qui forment un cercle. On offre des objets symboliques à l’enfant. Chants et prières ponctuent le tout. L’enfant aura un parrain et une marraine qui l’accompagneront tout au long de sa vie.

Cérémonie des premiers pas

Elle se déroule tôt le matin sous une tente dont la porte est orientée vars l’est pour y faire entrer la lumière. L’enfant d’un an accompagné de son parrain et de sa marraine doit marcher sur des branches de sapin.

Le petite garçon recevra une gibecière, un gibier, un petit arbre décoré de rubans, une hache. Il devra tirer son premier coup de fusil.

La petite fille reçoit un tikinakan symbolisant le fait qu’elle devra donner la vie

Les personnes qui assistent à la cérémonie s’engagent à aider l’enfant dans sa vie. plusieurs symboles découlent de cette cérémonie : respect du territoire et des aînés, rôle essentiel de l’homme et de la femme, valeurs de force, bravoure, entraide et esprit communautaire.

La tente à suer

MATOTOSOWIN

Elle est toujours en usage de nos jours. C’est un lieu d’hygiène ou de soins qui avait aussi vocation de divination. Lors des divination on pouvait repérer les gibiers grâce à des indices révélateurs de leur passage ou de leur présence.

Les transmissions, les traditions

La transmission des savoirs se fait par la parole des anciens selon le rythme et la volonté des enfants. Pas de forçing, chacun apprend à son rythme et seul le temps de l’année marque l’apprentissage.

Les valeurs les plus importantes portées par les atikamekw et encore de nos jours sont l’harmonie avec la nature, le partage libre, la satisfaction des besoins présents, le respect de l’être vivant et de la nature, la gestion du territoire.

Les punitions physiques sont rares au cours de l’éducation.

Les grands parents monuments

« Nos Kokom (grands-mères), nos Nimocom (grand-pères), sont les gardiens des traditions. Mes kokom représentent la sécurité, la continuité. Ce sont les reines de la transmission. Dans nos mythes de création, c’est une grand-mère qui donne la vie. Alors, elles sont comme des monuments, des pierres sur lesquelles construire, des rochers sur lesquels s’appuyer » La jeune femme qui résume ainsi le rôle des aînés n’a pas vingt ans et déjà deux bébés. C’est en partie parce que les femmes autochtones ont des enfants très jeunes, que les grands-mères ont un rôle très important. Ce sont elles qui montrent aux mamans la façon de s’occuper d’un bébé, de le soigner avec les herbes et les baies de la forêt, elles qui leur enseignent comment préparer les repas. Anciennement, les grands-parents vivaient avec les jeunes. Désormais, chacun a sa maison mais celle des aînés est toujours ouverte aux petits-enfants et les grands-mères se proclament très heureuses d’être ainsi entourées de leurs descendants. (source)

Sources : fr beiger.com, wikipédia , le jardin des premières nations ,

Rédigé par caroleone

Publié dans #indigènes et indiens, #Québec, #Atikamekw

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