Mexique : Des défenseurs du droit à la terre menacés
Publié le 24 Juillet 2014
AU 177/14 Toulouse, le 22 juillet 2014
Mexique : DES DÉFENSEURS DU DROIT À LA TERRE MENACÉS
Des membres du personnel d’une organisation de défense des droits humains dans l’État d’Oaxaca, dans le sud-ouest du Mexique, ont reçu deux appels téléphoniques de menace, semble-t-il en raison de leur action en faveur de communautés indigènes locales qui s’opposent à la construction d’un parc éolien sur leurs terres.
Le 8 juillet, les employés présents dans les locaux du Comité de défense globale des droits humains (CODIGO-DH) ont reçu deux appels téléphoniques de menace. Le premier interlocuteur les a avertis que les membres de CODIGO-DH seraient en butte à de graves représailles pour avoir soutenu une défenseure des droits humains, Carmen Ruiz, qui travaille avec l’Assemblée populaire de la communauté de Juchiteco (Asamblea Popular del Pueblo Juchiteco, APPJ). Carmen Ruiz apporte un soutien actif aux membres de la communauté qui portent plainte pour les violations des droits humains commises dans le cadre de la construction d’un projet de ferme éolienne dans la région de l'isthme de Tehuantepec, dans l'État d'Oaxaca. Le second appel, passé vers le portable d’un employé du CODIGO-DH, leur reprochait de soutenir la militante de l’APPJ et les prévenait qu’ils ne savaient pas dans quoi ils s’embarquaient.
On pense que ces deux appels téléphoniques de menace sont liés au travail du CODIGO-DH, qui représente les membres des communautés indigènes locales de la municipalité de Juchitán, dans la région de l'isthme de Tehuantepec, hostiles à la construction d’une ferme éolienne sur leurs terres. Ce projet, et le processus de consultation vis-à-vis des populations touchées, sont très controversés ; ceux qui s’y opposent sont harcelés et attaqués. Depuis quelques années, les membres du CODIGO-DH et de l’APPJ sont la cible de menaces répétées et d’actes de harcèlement.
ACTION RECOMMANDEE : lettre international / email / fax :
- exhortez les autorités à garantir la sécurité de tous les membres du CODIGO-DH et de l’APPJ, notamment de Carmen Ruiz, et des communautés qui protestent contre la construction du parc éolien dans la région de l'isthme de Tehuantepec, et demandez-leur de veiller à ce que les défenseurs des droits humains puissent faire leur travail sans crainte de représailles ;
- demandez-leur de mener rapidement une enquête exhaustive et impartiale sur les menaces téléphoniques qu’ont reçues les employés du CODIGO-DH le 8 juillet et de traduire les responsables présumés en justice ;
- incitez-les à veiller au respect du droit des communautés indigènes de la région de l'isthme de Tehuantepec touchées par les parcs éoliens de donner leur accord préalable, libre et éclairé, sur la base d’informations fiables, exactes et accessibles concernant les répercussions du projet.
MERCI D’ENVOYER VOS APPELS AVANT LE 21 AOÛT 2014 À :
Gouverneur de l’État d’Oaxaca
Lic. Gabino Cué Monteagudo
Plaza de la Constitución, Centro Histórico
Oaxaca de Juárez, Oaxaca, C.P. 68000
Fax : +52 95 1501 8100, poste 40068
Courriel : spagoboaxaca@gmail.com
Formule d’appel : Monsieur le Gouverneur,
Ministre de l’Intérieur
Miguel Ángel Osorio Chong
Secretaría de Gobernación
Bucareli 99, col. Juárez, Cuauhtémoc, Distrito Federal, México, C.P. 6600
Fax : +52 55 5093 3414
Courriel : secretario@segob.gob.mx
Formule d’appel : Monsieur le Gouverneur,
Copies à :
CODIGO-DH
Courriel : contacto@codigodh.org
Ambassade du Mexique
9 rue de Longchamp - 75116 Paris
Tél : 01 53 70 27 70 - Fax : 01 47 55 65 29
Courriel : embfrancia@sre.gob.mx
Tarifs postaux pour le Mexique :
Lettre internationale (20 g) : 0.98 €
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Certains membres des communautés indigènes qui vivent dans l’État d’Oaxaca s’opposent à la construction de parcs d’éoliennes sur leurs terres. Ils affirment que l’opération se déroule sans véritable processus de consultation, et donc sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, condition pourtant exigée par la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Ils craignent que ces constructions n’aient des répercussions négatives sur l’agriculture et sur leurs terres. Parce qu’ils s’opposent à ces projets, ils sont en butte aux menaces et aux actes d’intimidation depuis plusieurs mois. Le gouvernement a lancé un processus de consultation, sans en rendre public le déroulement, comme l’exigent les normes internationales, et sans révéler comment il allait éviter d’exacerber les tensions intercommunautaires.
Au Mexique, les défenseurs des droits humains et les journalistes sont souvent victimes d'agressions, de menaces, d'enlèvements et d'homicides en représailles au travail légitime et essentiel qu'ils effectuent. Les responsables de ces violences ne sont pratiquement jamais traduits en justice. Amnesty International a salué la création du Mécanisme pour la protection des défenseurs des droits humains et des journalistes en 2012. Cependant, beaucoup parmi la centaine de défenseurs et journalistes en danger ayant sollicité une protection n'ont pas bénéficié d'une réponse prompte ni efficace, ce qui a été source de frustration, d'insécurité et de désillusions. Bien que le gouvernement affirme que le mécanisme fonctionne correctement, il est loin d'être totalement opérationnel car il manque de personnels formés, de ressources et du soutien politique de haut niveau requis pour que ses mesures de protection soient mises en œuvre par les autorités à tous les niveaux. L'impunité dont bénéficient les auteurs d'agressions, en raison d'enquêtes inefficaces souvent menées par des autorités d'État soupçonnées d'être elles-mêmes impliquées dans les menaces, alimente une certaine tolérance à l'égard des attaques. Ce mécanisme devrait n'être qu'un aspect d'une stratégie globale visant à lutter contre les violences dont sont victimes les journalistes et les personnes qui défendent les droits humains. Jusqu'à présent, le gouvernement fédéral n'a pas réagi de manière convaincante au climat d'hostilité qui prévaut dans plusieurs États à l'égard des défenseurs et des journalistes.
Noms : membres du personnel de CODIGO-DH, Carmen Ruiz (f) et membres de l’APPJ
Hommes et femmes
source : JL