Espèces invasives : Vespa velutina (frelon asiatique)
Publié le 25 Juillet 2014
image Didier Descouens
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Je débute une nouvelle série à l’opposé de celle consacrée aux espèces menacées car sur cette terre la présence de l’homme a le chic pour perturber l’ordre des choses. Vous serez surpris je pense par le nombre et les espèces animales, végétales que je sélectionnerais ainsi que par les raisons de leur propagation.
Aujourd’hui je commence par ce vilain frelon qui avance telles les hordes des conquistadors en dévastant en particulier sur son passage nos amies les abeilles, ce pourquoi j’en parle en priorité.
On le connait sous le nom de frelon asiatique mais c’est un nom impropre car toutes les espèces de frelons sont d’origines asiatiques.
On le connait aussi sous le nom de frelon à pattes jaunes.
Mais son nom latin grâce auquel on le reconnait c’est vespa velutina.
C’est un hyménoptère de la famille des vespidés.
Il existe 7 sous-espèces et 6 variétés.
Il vit dans un milieu allant de tempéré à subtropical.
On le trouve à l’origine en Asie continentale jusqu’au nord de l’Inde, dans les montagnes de Chine et dans des zones géographiques au climat comparable à celui de la France. Il ne s’acclimate pas si bien dans notre pays pour rien.
image Djapipol
-2004 : première observation dans le Lot et Garonne. On pense que l’insecte provenait de conteneurs de poteries chinoises importées dans le Lot et Garonne via le port du Havre.
-Novembre 2005 : première détermination observée sur un fruit de kaki à Nérac dans le Lot et Garonne.
-Mai 2006 : 3 individus prélevés à Villeton (Lot et Garonne). Signalement officiel dans le bulletin de la société entomologique de France. En 2006, l’Aquitaine est certainement déjà colonisée. Il s’agit de la variété nigrithorax. Première mise en garde.
-Septembre 2009 : découverte d’un nid au Blanc-Mesnil (Ile de France), l’espèce a probablement déjà franchi la frontière franco-belge.
-Octobre 2011 : découverte d’un nid de 60 à 80 cm de diamètre à Somain dans le Nord.
-Octobre 2012 : découverte d’un nid à Jouy en Josas (Ile de France), un homme est mortellement piqué à Coron près de Saumur.
-Juillet 2013 : 3 nids primaires détruits dans l’Eure. Comme aucun nid secondaire n’est détecté, le département n’est pas considéré officiellement comme colonisé.
-Août 2013 : 2 nids détruits dans l’Eure et Loir.
-Arrêté du 22 janvier 2013 : interdit sur tout le territoire national français l’introduction volontaire dans le milieu naturel de spécimens vivants de vespa velutina (œuf, larve, nymphe ou animal vivant).
La progression du front d’invasion est de 100 kilomètres par an.
Le frelon asiatique est présent sur 50 % du territoire métropolitain (moitié sud-ouest en majorité) en 2012.
Sur le réseau daisie, des naturalistes volontaires signalent l’évolution et les déplacements de cette population à l’aide d’une fiche de signalisation.
Fondatrice finissant l'ébauche de son nid en fin de printemps Abrahami
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C’est un gros insecte marron foncé marqué de taches orange sur la tête et l’abdomen, ses ailes sont brunes.
Sa couleur sombre le fait paraître plus gros qu’il ne l’est réellement, le frelon européen, vespa crabo est plus gros que lui malgré ce que l’on pense.
Ils sont pendus un peu partout en fin d’été quand les arbres perdent leurs feuilles. Les nids sont volumineux en cellulose et papier mâché composés de plusieurs galettes de cellules entourées d’une enveloppe faite de larges écailles de papier. L’orifice de sortie est latéral alors qu’il est basal chez les nids des frelons d’Europe.
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image ci-dessous Quiricou
C’est à ce niveau-là que l’invasion devient préoccupante. L’abeille est le mets favori de vespa velutina. Il cherche des victimes faciles à trouver et peu résistantes et une colonie d’abeilles par ailleurs affaiblie par les pesticides ou des attaques de varoa représente alors une aubaine pour ce massacreur.
Il s’attaque en priorité aux ouvrières des ruches des espèces apis mellifera et apis cerana. Il se positionne en vol stationnaire à l’entrée des ruches et fonce sur l' abeille qui rentre chargée de pollen ou de nectar. Il lui coupe la tête avec ses mandibules puissantes et l’emporte dans un arbre pour la dépecer. Après lui avoir arraché les pattes et les ailes il en fait une boulette pour l’emmener ensuite dans son nid pour nourrir les larves. Le thorax de l’abeille conservée par le frelon est une partie abritant les muscles du vol qui sont riches en protéines. Une dizaine de frelons suffisent à condamner une ruche. Cette présence aux abords des ruches est également dangereuse car elle perturbe l’activité des butineuses.
Pour l’instant le frelon ne semble pas avoir d’impact sur les abeilles solitaires logées en groupe constitué d’une femelle, d’un mâle et de leur descendance.
Elles ont appris sur leur terrain à se défendre des frelons en formant une boule autour d’eux et en augmentant leur température par le frottement de leurs ailes. Le frelon meurt d’hyperthermie passé 45°. Mais nos abeilles françaises, elles les pauvrettes n’ont pas encore développé cette pratique ni par ailleurs de pratique défensive même si elles arrivent parfois en se regroupant à monopoliser un frelon mais au prix d’une lutte inégale et coûteuse en vies.
Même s’il existe un ou deux cas de décès suite à des piqûres de ce frelon, selon le centre antipoison et de toxicologie de Marseille, il est dangereux dans 3 cas précis :
- Piqûres multiples
- Piqûre simple mais localisée sur les muqueuses
- Piqûres sur des personnes allergiques au venin d’hyménoptère
il n’est pas attiré par la lumière comme le frelon d’Europe. Il n’attaque pas sin on se tient à une distance de ¾ mètres de son nid.
image TristramBrelstaff
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- Conops vesicularis : il s’agit d’une des dernières pistes actuelles pour lutter éventuellement contre l’envahisseur. Une équipe du CNRS de Tours à découvert qu’un insecte européen parasitoïde, conops vesicularis, ressemblant à une petite guêpe de 1 cm de long est capable de parasiter les reines du frelon asiatique en leur injectant un œuf dans l’abdomen. Après éclosion, la larve du parasitoïde dévore les organes de la reine causant la mort de celle-ci et de tout son nid. Il faut avant tout veiller à ce que cette espèce n’attaque pas également les bourdons et les abeilles solitaires.(source)
- L’appât régulateur : il sert à réguler la pression du frelon asiatique aux abords des ruchers. L’appât contenant un insecticide (fipronil ?) rapporté au nid par les ouvrières qui les régurgitent aux larves détruit l’activité du nid en quelques jours. Mais les insecticides peuvent laisser des traces dans l’environnement.
- Les portes d’entrées des ruches : il existe à présent des portes d’entrées spécialement prévues pour ne laisser entrer que les abeilles et les bourdons. Mais cela n’empêche pas le frelon d’attraper les abeilles en plein vol. ajouté à la pose de pièges, cela permet de limiter néanmoins les dégâts.
- Les poulets : prédateurs occasionnels du frelon, c’est une solution envisageable aux abords des ruches voire en installant les ruches dans le poulailler. Le frelon attire les poules car son vol est stationnaire et de plus il est bruyant. Les poulets en saisissant les adultes empêchent la construction de nids et permettent aux abeilles de circuler librement.
Les poules, une arme efficace pour lutter contre le frelon asiatique - coco Magnanville
Un apiculteur landais a eu l'idée d'utiliser des poulets pour lutter contre le frelon asiatique. Une technique d'une redoutable efficacité bénéfique aux abeilles, aux poules comme à l'apiculte...
- Les pièges : ils peuvent être une solution à condition de ne pas y attirer les abeilles. Il y faut un attractif protéiné et non sucré (c’est celui qui attire les abeilles évidemment) que l’on peut trouver dans les jardineries dans les rayons spécialisés. Le piégeage est de nos jours très controversé pour des raisons de plus grande connaissance de l’espèce.
Dernier lien sur le piégeage à la date du 31 mars 2017
Non il ne faut pas piéger les frelons asiatiques
Nul doute que des solutions efficaces et non toxiques verront le jour grâce à l’ingéniosité de nos apiculteurs qui ne laisseront pas les abeilles se faire anéantir par un fléau supplémentaire.
A toutes fins utiles, je vous mets le lien vers le site pour effectuer un signalement au cas où et j’invite mes amis lecteurs à me signaler les méthodes nouvelles ou les espoirs concernant la lutte contre cette colonisation de notre ancien monde.
Fiche de signalement de l’espèce au muséum national d’histoire naturelle
source : wikipédia