San Salvador Atenco : Le chemin vers la privatisation des terres d'Atenco est ouvert

Publié le 13 Juin 2014

San Salvador Atenco : Le chemin vers la privatisation des terres d'Atenco est ouvert

Foto: Eduardo Velasco

San Salvador Atenco, Etat de México. Mexique.

Ce 1er juin, a été approuvé le changement des chemins et des terres d'usage commun, en vue de leur parcellisation. C'est l'étape nécessaire avant l'acquisition de la « propriété pleine et entière », qui ouvre le chemin à la privatisation. Le changement a été approuvé durant la deuxième assemblée ejidale, bien que qualifié de décision « illégale » par le Front des Villages en Défense de la Terre (FPDT). Diverses organisations sociales ont formé à cette occasion le deuxième cordon de paix, en appui aux habitants qui s'opposent à la disparition du régime de gestion collective des terres – qui vont tenter de faire révoquer la décision, et se sont déclarés en campement permanent de résistance.

Les paysans du FPDT, qui luttent depuis 2001 pour la défense de leurs terres face au projet aéroportuaire qu'on prétend imposer sur leur territoire, ont dénoncé le fait que l'assemblée décisionnelle (réalisée dans le « Star », une salle de réunion privée), a été « gonflée » de gens n'appatenant pas au village. De plus les portes ont été fermées quand les membres du Frente ont tenté d'entrer dans la salle ; seuls quelques uns d'entre eux réussirent à rentrer mais on les empêcha de participer. « Il n'a pas même fallu deux heures pour en arriver à l'approbation du septème point, sur les onze à l'ordre du jour », dénonçait Ignacio del Valle face aux paysans et à la société civile rassemblés sur la place du village.

Les ejidatarios du FPDT ont expliqué que l'approbation de la « propriété pleine et entière » sert au lancement du projet « Ville Future ». « Avant, le projet avait pour nom « Restauration écologique et migration du lac de Texcoco ; le nom a changé, mais c'est la même chose », a expliqué Cesar del Valle. Il a accusé la Commsion Nationale de l'Eau (CONAGUA) d'être un des acteurs principaux à l'orgine du chantier, qui recouvre la même superficie que celle nécessaire à la construction de l'aéroport en 2001, projet qui avait été annulé grâce aux mobilisations et au recours effectué auprès de la Suprême cour de justice.

« La réalisation de ce projet, qui inclue la construction d'un centre commercial, signifie la destruction de beaucoup de maisons, ainsi que du cimetière du village. Les avenues se verront amputées de 40 mètres de chaque côté, ça veut dire détruire des maisons, c'est la disparition des treize villages. La construction de l'aéroport vient de manière implicite, et nous savons que ce qu'ils cherchent c'est de le mener à bien. Ils veulent reloger les personnes affectées aux limites de l'Etat de México, dans les collines. En 2001 ils voulaient acheter les terrains à 7 pesos le mètre carré [50 centimes d'euros]. Cette fois-ci, ils nous offrent entre un million et demi et deux millions et demi de pesos par parcelle », a expliqué en détail l'ejidatario Raúl Flores Venegas.

Le 18 mai dernier, le commissaire Andrés Ruíz Méndez convoqua et tenta de réaliser une première assemblée ejidale. Les paysans du Frente dénoncèrent l'illégalité de la réunion, en violation de l'article 25 de la loi agraire qui indique que les assemblées doivent avoir être célébrées dans des lieux publics, et non privés. Ils commentèrent à ce propos que le salon « Star », où avaient été convoqués les ejidatarios, appartient à un parent du président municipal d'extraction priiste [le parti révolutionnaire institutionnel, ancien parti-Etat du Mexique, aujourd'hui de nouveau aux rênes du pouvoir]. Pour réaliser l'assemblée, il faut nécessairement compter sur une participation de 75% des ejidatarios (c'est à dire que sur les 712 ejidatarios enregistrés pour l'ejido d'Atenco, il faut la participation d'au moins 534 d'entre eux pour qu'une décision soit déclarée valide). Le quorum n'ayant pas été atteint, la première assemblée fut annulée.

Le FPDT s'est déclaré en campement permanent sur la place du village, comme forme de protestation contre l'approbation validée par l'assemblée ce dimanche 1er juin. « Il y a eu beaucoup d'irrégularités, depuis la convocation jusqu'à la manière dont eut lieu la votation, c'est pour ça que c'est illégal ce qui a été approuvé. Ils étaient tout le temps en train de nous intimider. Quand nous sommes entrés dans le salon, le commissaire nous a fait plein de questions, pour nous prendre des informations. Ils nous ont fait signer à l'entrée, pour pouvoir entrer. Ca a été une assemblée ...amañada, en trois minutes ils ont approuvé le point sept. La vérité, on ne sait pas exactement combien ont voté, parce qu'ils n'ont jamais dit le quantité exacte d'assistants à l'assemblée, mais je suis certaine que ne sont pas entrées plus de 500 personnes », soutient Adela Romero Núñez, l'une des rares personnes du Frente présentes durant l'assemblée.

Malgré ce qui s'est passé lors de l'assemblée, les paysans du FPDT ont célébré la journée avec de la musique et de la danse, manière de dire qu'ils ne sont pas vaincus pour autant, et qu'ils continueront à lutter. Invitation fut faite aux autres ejidatarios à signer un document, où ils demandent que soit mis bas à l'approbation du changement d'usage commun et des chemins. Pour finir, Ignacio del Valle annonça que l'aéroport ne passerait pas, et que la semaine suivante, serait annoncées les activités de leur plan de lutte.

Traduction Siete NubS.(CSPCL)

http://desinformemonos.org

http://desinformemonos.org/2014/06/con-asamblea-calificada-de-ilegal-se-abre-camino-a-la-privatizacion-de-tierras-en-atenco/

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mexique, #indigènes et indiens

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