Le tad-koz Pierre Kerhervé

Publié le 25 Juin 2014

Le tad-koz Pierre Kerhervé

image Poullaouen, vieux pont sur l'Aulne Moreau.henri

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Poullaouen, patrie de mon trisaïeul Pierre Kerhervé.

Le poème par contre est dédié à mon grand-père Pierre Kerhervé qui, lui est né en Normandie.

Son grand-père qui était propriétaire terrien et noble d'après ce que je sais à été désanoblit et expatrié suite à son action coup-de-poing contre le maire et le curé du village qui faisaient peur et dominaient la conscience citoyenne en se déguisant en fantômes le soir dans le cimetière.

Jamais nous ne surent ce que devinrent les terres du trisaïeul.

Il mourut assez jeune au Havre laissant ses enfants Pierre mon arrière grand-père et Hervé livrés à eux -mêmes dans une ville inconnue.

Pas de rancoeur, pas de tristesse quand à l'héritage breton.

Il est là, présent pour un peu dans les coutumes et les valeurs héritées de mes grands-parents qui étaient fiers de ce sang.

On pensait toujours qu'il était sang de combat, d'humanisme et droit humain.

Et quand je lis les lettres de mon arrière-grand-père à son fils orphelin de mère, ses conseils et sa tendresse de terre-neuvas qui partait le laissant seul, je lis les mots d'un être humain sensible et sans malice et je sais alors ce que j'ai hérité.

Sais-tu là où tu es, que je suis toujours sur tes traces ?
Que l’héritage breton a mis bien longtemps à trouver sa route
mais qu’enfin il l’a trouvée par hasard ou sans hasard car la vie dirige tout du haut de son perchoir.
J’ai envie d’en savoir plus sur ce quart de sang breton qu’un jour tu me léguas.
Il était présent et pourtant absent car peu de choses tu nous confias.
Sais-tu, là où tu nous observes bien au chaud dans le floconneux nuage
que j’aimerai découvrir les traces du passé, de nos aïeux.
Savoir s’ils étaient du bon côté de la barrière
celle qu’un jour tu m’as léguée, faite de lutte et d’humanité.
Je creuse la tourbière, j’y trouve des minéraux profondément enfouis
des traces dans la matière, de la misère à l’envie
et des ardoises arrachées à la montagne pour couvrir les maisons
du sang chaud, on s’en doutait pour résister aux saisons.
Je ramasse dans la forêt de Brocéliande des lambeaux de mythologie
dans la mousse et les lichens, je sens l’odeur de la vie
l’odeur de la mort et celle de la résistance
celle du maquis qu’un jour les bretons ont pris
pour contrer l’infamie.
Je n’aimerais pas connaître ceux qui un jour répudièrent
mon trisaïeul, mon ancêtre au sang vif qui dans un linceul
demandait la reconnaissance des injustices.
Je n’aimerai pas savoir que mon aïeul était curé
ou bien grenouille de bénitier.
J’aimerai mieux savoir qu’il était FTP
et que le maquis qu’il prit un jour c’était pour la liberté.
Sais-tu là où tu es que je plonge dans tes racines
que je les hume et les transcrit dans le poème du devoir ?
Sais-tu que ces racines sentent la tourbe blonde
la bruyère callune rosissant sous la lune
puis le granite qui au gré des saisons
sculpte des visages saisissants
des visages de la misère humaine qui survécut quoiqu’il arrive
pour qui chaque jour gagné était gagné sur la dune
où le vent mauvais forgeait les mauvais esprits.
Mais forgeait les caractères des durs bretons sans fortune
livrés à la merci du demain, de la reconnaissance
et de l’oubli qui jamais ne vint.


PC : Tad koz = grand –père (merci à HG pour l’explication)

Carole Radureau (25/06/2014)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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L
Très bel hommage.<br /> Amitiés.<br /> Roger.
C
Merci Roger, contente que tu aimes.<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> caro
I
J'aime beaucoup lire ces recherches sur nos ancêtres et les tiens sont tellement riches de rébellion et d'humanité. Au début je ne pensais pas lire un de tes poèmes mais une lettre de cet arrière grand-père... mais j'ai vite reconnu ton style!<br /> Bravo<br /> Belle nuit<br /> Dany
C
Bonjour Dany,<br /> <br /> Merci de ta visite et de ton intérêt<br /> Je fouille la tourbe tel un sanglier mais je ne retournerais pas grand-chose si ce n'est comme dans ce texte des souvenirs de ce grand-père qui marqua mon existence L'essentiel des traces du passé sont en Normandie à présent, or, je ne me suis jamais sentie normande même si j'y suis née Il a fallu 50 ans pour que je franchisse le seuil breton, imagine alors l'électrochoc que j'ai eu en ressentant dans l'air ambiant une sorte de rappel historique tel qu'on peut le ressentir parfois dans des monuments anciens et que je ressens très fort pour ma part devant des oeuvres de la renaissance italienne<br /> Parce que du côté de mon père, je ressens bien des influences latines ( mes autres grands parents paternels, ardéchois et lyonnais)...........je ne sais pas de quoi cela ressort.<br /> Ca faisait un bail que je n'avais pas sorti un écrit du cœur......je crois que je vais saisir l'opportunité pour en écrire un autre sur ma petite Marie-Rose.<br /> <br /> Bises et bonne journée<br /> <br /> caro