Pérou : La civilisation mochica

Publié le 18 Avril 2014

Pérou : La civilisation mochica

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C’est une civilisation précolombienne et pré-inca qui a vu son apogée de l’an 100 à l’an 700 de notre ère.

Etablis dans les vallées fluviales de la côte aride du nord du Pérou, dans la vallée de la Moche et de la Chicama, cette civilisation était contemporaine de la culture nazca.

C’est l’une des cultures les plus raffinées et les plus avancées du monde pré-inca.

Pérou : La civilisation mochica
Histoire
  • An 100 de notre ère : émergence de deux foyers distincts héritiers des civilisations précédentes (Vicus et Viru) : les moche et Sipan.
  • III e au IVe siècle de notre ère : conquêtes militaires des moches, élargissement des conquêtes au sud et au nord empiétant que le territoire Vicus assimilant d’ailleurs ce peuple. A leur apogée les moches contrôlent un territoire de 600 km de long.
  • An 300 : c’est à cette période que vécu le seigneur de Sipan
  • An 700 : c’est la fin de la culture moche : on pense qu’elle est due aux crues importantes et catastrophiques des principaux fleuves dont le rio Moche, à cause du phénomène El Niño ainsi qu’à des tremblements de terre à répétition durant ce VIIe siècle. A la suite de ce déclin, la culture Sican (ou Lambayeque) se développe dans les mêmes régions puis ensuite c’est la culture chimu.
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image Kremtak (Étendue du territoire Moche en orange sur la carte du Pérou ; les quatre points bleus représentent, du nord au sud, les sites de Pampagrande, Sipan, Moche et Pañamarca.)

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Société

Elle était organisée et divisée en classes et hiérarchisée avec un seigneur à la tête du royaume, le pouvoir se transmettait par hérédité.

Les classes les plus importantes : les guerriers, les prêtres, les administrateurs.

Les classes intermédiaires : les commerçants, les artisans, les bâtisseurs

Les classes de moindre importance : les pêcheurs, les paysans etc…..

L’habitat était conçu en fonction de l’appartenance à ces classes en les répartissant par quartiers selon leur importance donnée. Les distances qui séparaient ses quartiers de la Huaca del sol, le centre administratif étaient relatives à l’importance entre pouvoir et subalternes.

Il est supposé que l’état moche était également théocratique, le seigneur étant aussi prêtre.

La cohésion de la société dépendait essentiellement de la force militaire et reposait sur une caste de guerriers au service de la théocratie.

Les guerriers avaient un statut privilégié et spécial et formaient de petites unités professionnelles qui avaient la force de contrôle et la domination politique.

Les prêtres étaient les porte-parole de la volonté divine et donnaient des dispositions pour l’accomplissement des activités obligatoires en donnant l’argument que le travail gratuit inclinait les dieux aux bienfaits. Ces participations volontaires ont d’ailleurs contribué à l’essor de cette civilisation.

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canal del cumbre image

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Des bâtisseurs

Ils étaient maîtres en ouvrages fortifiés, en grands complexes cérémoniels édifiés à l’embouchure des vallées.

La plupart des « temples » consistaient en un ensemble de pyramides à degré construites en adobe (brique crue) et décorées de peintures murales polychromes.

Autour se dispersait l’habitat rural qui était construit en matériaux périssables, joncs et torchis, donc il en reste peu de traces.

Les mochica ont vaincu le désert par l’irrigation artificielle en déviant l’eau avec des canaux provenant des rivières descendant des Andes. En cela ils ont continué l’œuvre de leurs prédécesseurs.

Pour arriver à réaliser des ouvrages hydrauliques d’une étonnante ampleur il fallut que chacun y contribua. Les ingénieurs ont permis des réalisations spectaculaires :

  • Le canal de la Cumbre (toujours utilisé) 113 km de long
  • L’aqueduc d’Ascope, haut de 15 mètres et étendu sur 1.5 km
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image Kremtak

La huaca de la luna – La religion

C’était le centre religieux où les prêtres et le seigneur officiaient. Les habitants n’ont cessé de construire les deux huacas tout le temps que dura la civilisation car peu à peu tous les cent ans, le plus haut étage de la huaca de la luna était condamné, les couloirs comblés et on élargissait la base en construisant un nouvel étage au-dessu du précédent en élevant la rampe d’accès.

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A la disparition des mochica, la pyramide comportait 6 degrés, elle avait environ 600 ans.

Le dieu principal des moche était Ai-Apaec, un dieu créateur mais aussi « décapitateur » (el Degollador en espagnol), représenté sur les céramiques et les temples.il est représenté avec une forme d’araignée ou celle d’une créature ailée ou encore d’un monstre marin. Lorsque le corps est représenté en entier, il tient dans une main un couteau et dans l’autre une tête coupée tenue par les cheveux. La réalité de l’existence de sacrifices humains d’ailleurs ne fait aucun doute car des ossements ont été retrouvés au sommet de la huaca.

La huaca de la luna se situe près de la ville de Trujillo sur un édifice basé sur le Cerro blanco, colline blanche sur le site antique de la ville de Moche. Elle est voisine d’une construction qui lui ressemble beaucoup, la huaca del sol.

Selon l’étymologie, huaca de la luna serait le temple de la lune. Mais les moche n’ont jamais vénéré la lune ni le soleil mais ils vénéraient d’autres divinités. Ce terme fut donc donné par les colons espagnols au cours du XVIe siècle car ces derniers ne distinguaient pas les cultures incas des cultures pré-incas.

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image représentations du dieu Ai-Apaec Kremtak

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Les fresques mythologiques colorées sur les murs intérieurs et extérieurs représentent le die Ai-Apaec et des créatures mythologiques. C’était un lieu d’offrandes et de sacrifices humains et d’animaux, un centre de cérémonie censé assurer les récoltes agricoles et lutter contre les sécheresses.

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image Lourdes Cardenal

La huaca del sol

C’est une pyramide à degrés située près de la ville de Trujillo et voisine de la Huaca de la luna.

Selon l’étymologie, huaca del sol serait le temple du soleil mais comme pour sa voisine la huaca de la luna, cela n’a aucune cohérence car les moche ne vénéraient pas le soleil. Ce terme est inventé par les colons espagnols qui ont confondu la civilisation moche et celle des incas.

L’édifice est construit également en briques d’adobe qui était le matériau de construction le plus fréquent dans cette région. Situé à l’opposé de la Huaca de la luna, sa construction démarre autour de l’an 100 après JC et continue tout le long de l’existence de cette culture jusqu’à l’an 700.

La pyramide compte 5 niveaux construits sur une base rectangulaire de 228 mètres sur 136, s’élevant à une hauteur de 41 mètres, 23 mètres pour la pyramide et 18 mètres pour la base. Il fallu certainement 130 millions de briques d’adobe pour la construire.

C’est le plus grand édifice connu des Amériques en adobe. Elle a souffert du temps au travers les siècles y compris du phénomène El Niño responsable d’une grande partie de sa dégradation. Les espagnols en ont détruit aussi une partie en détournant le cours du fleuve Moche. La huaca del sol était certainement le centre administratif de la ville de Moche, elle devait servir de mausolée et de palais à la famille régnante et ses proches.

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image Lourdes Cardenal (reproduction de la tombe du seigneur de Sipan)

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La huaca Rajada

Dans une pyramide moche, la huaca Rajada, le plus important complexe funéraire de la civilisation dominant Sipan, il y a une tombe d’un chef guerrier important qui a vécu au IIIe siècle de notre ère. Il repose dans un cercueil peint en rouge dans une urne funéraire en briques crues coiffée d’un toit en bois. A ses côtés reposaient deux hommes, peut-être ses fidèles lieutenants, ainsi que deux jeunes femmes, ses épouses ou concubines et un chien. Le défunt portait un vêtement entièrement couvert de plaquettes de cuivre doré et des colliers, bijoux, objets symboliques en or.

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image détail d'un bas relief Lourdes Cardenal

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El brujo

C’était une cité indépendante sous l’autorité d’un souverain local. Les archéologues ont trouvé des traces d’occupation humaine datant de 5000 ans. Il y a un village et 3 temples :

  • La huaca prieta
  • La huaca cortada (temple coupé) ou huaca El Brujo (temple le sorcier)
  • La huaca Cao Viejo (le nom du village)

Au sommet de la huaca Cao Viejo se trouve la tombe de la dame de Cao, l’unique tombe de femme découverte de nos jours.

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fort de chankillo AgainErick

Chankillo

Site combinant un observatoire solaire et un calendrier du Ive siècle avant JC.

Il est situé dans la région d’Ancash et témoigne des civilisations Chavin et moche.

Ce site servait à l’observation du soleil. En se plaçant à un point précis situé à 235 mètres de la crête, un observateur voit le soleil se lever dans différents créneaux (formés par les tours) selon l’époque de l’année. Observer le soleil pouvait servir de calendrier des saisons avec une précision de 2 ou 3 jours toute l’année.

Le site comporte :

  • 13 tours de 2 à 6 mètres de haut, alignées sur une crête orientée nord-sud
  • Un fort entouré de 2 murailles concentriques de 6 mètres de large et 12 mètres de haut
  • Une place entourée de bâtiments au pied de la crête côté est.
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image Patrick.charpiat (Vase-étrier représentant un chaman aveugle méditant. Il porte dans le dos son sac à herbes. Période Mochica III-IV.)

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Des créateurs

Ils ont été innovants également dans la production métallurgique en utilisant le cuivre pour fabriquer les ornements, les armes et les outils.

Ils savaient dorer le cuivre avec une technique sophistiquée qui obtenait les mêmes résultats que le système inventé en Europe à la fin du 13 e siècle.

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La céramique

Cette culture raffinée et avancée se caractérise par sa production de merveilleuses céramiques qui se distinguent par leur couleur rouge sur un fond crème dont les fameux vases-portraits qui constituent un livre ouvert pour les chercheurs qui veulent étudier leur histoire. Les céramiques qui sont très précieuses dans ce qu’elles décrivent des coutumes des moche étaient fabriquées sur des tours manuels ou à partir de moules creusés dans des courges séchées.

Le matériau utilisé était l’argile riche en fer et alumine.Les poignées et les becs étaient modelés séparément puis soudés au vase en cachant la jointure. Elles étaient séchées au soleil puis peinte en cuitent avant d’apporter une touche finale en appliquant d’autres couleurs.

La culture mochica est aussi l’une des seules qui a réalisé des poteries représentant des scènes érotiques (certainement avaient-elles vocation à remplacer les manuels d’éducation sexuelle).

Les poteries se déclinaient en bols, plats, jarres, bouteilles à usage rituel ou domestique, tasses….

D’autres poteries représentaient des scènes mythologiques et le dieu Ai-apaec.

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image ci-dessous Sailko

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Pérou : La civilisation mochica

image Patrick.charpiat

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Il existe 5 périodes dans la création de la poterie mochica, ces périodes se caractérisent dans la variation de la forme de l’anse-goulot en étrier.

Les deux premières périodes correspondent au 1er siècle av JC à 1er siècle après JC et il ne s’agit pas à proprement dit de culture moche mais de celles des vicus, Salinar et Gallinazo :

  • Mochica I : petits vases-portraits, déco zoo, phyto ou anthopomorphe.
  • Mochica II : progrès dans la cuisson des pièces, les formes sont plus élancées et les parois plus fines. Le goulot s’allonge, le bourrelet se réduit.

Périodes 3 et 4, du II e au Ve siècle après JC :

  • Mochica III : vases-portraits aux motifs zoomorphes ou anthropomorphes, totalement décorées de motifs géométriques, scènes de vie quotidienne et religieuse.
  • Mochica IV : l’anse-étrier prend une forme trapézoïdale, le goulot est long et fin
  • Mochica V : motifs plus audacieux, baroques . Glissement vers les thèmes marins, l’anse-étrier prend définitivement la forme trapézoïdale, le goulot est allongé.
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image musée tombes royales du seigneu de Sipan Kremtak

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Plusieurs musées sont disponibles au Pérou pour y admirer l’œuvre des mochica :

  • Le musée Brunning à Chiclayo
  • Le musée archéologique de Trujillo
  • Le musée Rafael Larco à Lima
  • Le musée des tombes royales du seigneur de Sipan à Lambayeque
Ressources

Leur principale ressource provenait de l’agriculture. Ils cultivaient du coton, des céréales, du tabac et de la coca.

Ils élevaient également des lamas et des chiens.

La pêche était importante et elle se faisait avec l’utilisation d’embarcations individuelles liées entre elles par des cordes en fibre végétales.

La chasse était pratiquement inexistante.

La mort

Pour les mochicas la mort n’était pas une fin. Ils pensaient qu’ils continuaient à vivre dans une autre sphère du monde avec les mêmes obligations ou privilèges et pour cela, les défunts étaient enterrés avec des provisions et des biens.

Les habitations

Les habitations ou « an » avaient une base composée d’une armature en bois sur laquelle était étalée de l’argile liquide. Les murs étaient faits avec des branchages entrelacés et recouverts d’argile parfois de briques séchées au soleil. Le toit était recouvert d’herbe et d’argile et de cendres pour le rendre imperméable. La forme de l’an était carrée ou rectangulaire de taille variable selon les familles qui le composait.

Les mochica, comment étaient-ils ?

Ce sont les vases-portraits qui nous ont permis de connaître les activités des moches et ce sont les études effectuées sur les squelettes découverts qui ont permis de mieux connaître leurs caractéristiques physiques.

Les hommes étaient petits et trapus. Leur crâne était allongé, leur nez crochu aux narines larges et leurs yeux foncés en forme d’amande. Comme pour les autres indiens d’Amérique, ils avaient peu de barbe et l’épilaient avec des petites pinces qui ont été retrouvées dans les ornements funéraires. Le lobe de l’oreille était percé pour y glisser des parures en forme de bobine en or et pierres précieuses chez les hommes riches. La cloison nasale était percée également pour y enfiler un bijou en forme de faux.

Les femmes étaient plus menues et moins trapues que les hommes. Elles avaient de longs cheveux noués avec des fils de laine et une frange. Elles utilisaient des peignes et des pinces à épiler ainsi que d’autres instruments pour leur beauté.

Elles n’avaient pas les oreilles percées et portaient des colliers.

Hommes et femmes avaient pour tenue un poncho avec en-dessous un pagne pour les hommes et une jupette pour les femmes. Ils allaient souvent pieds nus mais des sandales devaient exister.

Partage des taches

L’homme était un combattant quand son devoir l’appelait à la guerre. Sinon il se consacrait au bétail et au travail de la terre.

La femme s’occupait de l’éducation des enfants, des travaux des champs et de la production d’étoffes.

Chaque couple qui s’unissait construisait sa propre maison aidé des membres des clans du couple.

Sources:

wikipédia

Un sac sur le dos

Rédigé par caroleone

Publié dans #indigènes et indiens, #Pérou

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